jeudi 28 décembre 2017
samedi 16 décembre 2017
mardi 14 novembre 2017
A Casablanca : Sola GRACIA, Sola FIDE, Sola SCRIPTURA, Solus CHRISTUS, Soli Deo Gloria
Les Soli de la Réforme : sola gratia, sola
fide, sola scriptura, solo christo ou solus christus, soli deo gloria. L'ordre
que l'on choisit n’est pas anodin ni neutre : il indique un cheminement, une
manière de croire, des priorités, une insistance !
Les soli ce sont des principes pas des
dogmes, pas des vérités toutes faites, pas des formules magiques ; ce sont
des principes qui signifient : en tête, mis au début comme un commencement
exigeant orienté, qui donne le cap. Les soli sont des boussoles. Ce que nous devons
avoir en-tête lorsque nous résumons la foi renouvelée par les Réformateurs.
Gracia : Nous sommes chacune, chacun à égale
distance du Seigneur. Il n'y a pas des proches et des lointains, nous tous
chacun chacune en sa présence. Il est Dieu Seigneur est Sauveur pour Nous, pour
toi, pour moi. Sa grâce suffisante c’est son Amour inconditionnel manifestée
dans la personne du Christ. Nous sommes
rendus capables sans aucun mérite de recevoir d’entendre de vivre de
transmettre sa Parole. Dieu vient à nous avant que nous allions à lui. Il vient
prononcer non un jugement mais un oui sur toute existence. Il vient dire un Oui
sur nos faiblesses et nos espérances, alors que nous aimons discuter,
argumenter, préciser. Sa grâce se manifeste lorsqu’il présent là où cela est
étonnant parmi les démunis, il se fait Dieu des sans-Dieu et proches des
lointains. Sa grâce sa bienveillance à l'égard des humains est suffisante ;
elle est sola - seule - elle ne réclame
rien si ce n'est de l'accepter de la recevoir elle est inconditionnelle elle
vient de lui radicalement sans préalable ; elle est exigeante, elle coûte
la radicalité de sa vie de son Amour et de sa mort. Elle retentit pour nous dans
nos lieux les plus fermés les plus enfouis ou secret. Elle s’annonce aussi en
plein jour dans la banalité de nos vies comme au cœur de la vie du monde :
il faut peut-être apprendre à la voir l'entendre, la porter et la discerner ici
et là, dans nos communautés, dans la vie de l'église pour qu'elle en soit
changée et réformée.
Fide : c'est une confiance, un élan qui me
conduit vers une rencontre, une personne, une découverte. C'est l'ancienne
mention hébraïque de l’amen / l'Emouna qui dit une solidité, fidélité, l’assurance.
Il faudra toujours distinguer entre une foi qui est de l’ordre de la démarche
(Fides qua creditur) de la mise en toute à la suite d’un appel, celui du
disciple celui d'Abraham par ex. Et la foi comme contenu comme doctrine (fides
quae creditur) qui qui se croit elle-même celle des dogmes et des doctrines.Croire en Dieu, comme un dogme extérieur à
moi et Croire que Dieu existe pour moi par exemple, implique chez moi un
mouvement… je peux être critique sur le contenu d’une croyance sans l’être sur
la réalité du mouvement de la foi…Suis-je sommes nous en route avec
confiance ? Avec d'autres à d’autres à l'écoute d’une parole de confiance…suis-je
et sommes-nous dans la répétition la vaine redite de règles de dogmes qui me
rassurent et qui me privent de la joie de la découverte de la foi de la
confiance nouvelle et renouvelée.
Nous croyons en lui en sa Parole, il croit
en nous, en notre Église et cela nous renouvelle et nous invite à la confiance apaisée. Rien ne remplace cette foi comme démarche et
contenu : aucun rite ou rituel, aucun personnage, la démarche de la foi
est élevée ici au niveau du salut d'un moyen efficace. De l’unique possibilité
de recevoir cette grâce comme une bonne nouvelle du don du salut gratuit. Être accordé,
en relation avec Dieu, être rendu juste, justifié devant lui c’est vivre de cet
élan de la foi : le juste par la foi vivra. La foi est ici un moyen unique
par ou ma vie doit passer, le carrefour unique et essentiel. La foi nous pousse à l’action envers les
autres par exemple comme une conséquence comme une suite à donner et à vivre de
la confiance que j’ai reçue et que je fais dans la Parole de Celui qui m’aime
en Jésus Christ.
Scriptura : Les protestants, les suiveurs de
Luther et Calvin sont devenu célèbres avec cette réalité-là : la
matérialité, l’objectivité, la chosification d’un don d’une promesse. C’est le
seul « objet » parmi les Soli. Avec l’intérêt de le voir de le
prendre en main au point de le manipuler ! Dans la réalité des Ecritures
dans sa méditation, son étude, sa lecture, sa traduction, les Réformateurs vont
faire entendre le message central. Dans les Ecritures faire entendre la Parole.
L’étude va remplacer le magique, l’étude pour et par tous va suppléer aux
savoirs réservés à quelques-uns. Les croyants vont devenir des lecteurs :
ils vont apprendre à lire et à relire, seul et en communauté. C’est un acte
révolutionnaire et inacceptable pour une institution qui veut contrôler et
maîtriser. Apprendre à lire c’est devenir croyant, citoyen et libre. La
pluralité la diversité des Ecritures va stimuler la vie chrétienne et lui
apporter des exigences nouvelles : dans l’ordre de la louange (Psaumes) de
la vie communautaire, la vie ecclésiale, la découverte de Jésus comme le
Christ.
Les Ecritures sont un motif de
louange et d’exigence. Les Réformateurs vont traduire avec les outils de
leur temps les textes les livres : il nous appartient de nous mettre à
leur suite afin de ne pas figer et ne pas solidifier ou enfermer les textes
dans nos seules mentalités, nos seules compréhensions. Sola Scriptura invite au
dialogue, suscite la communauté et ne l’enferme pas. Le retour aux Ecritures
anciennes établit un lien avec les anciennes communautés de croyants et nous enracine
dans une tradition vivante de celles et ceux qui ont cru qui ont lu avant nous. Les Ecritures selon les Réformateurs ne
sont pas là pour approuver ce que nous disons ou faisons mais pour questionner
et interpeller nos vies nos actions et nos Eglises. Elles ne sont pas là pour
nous faire valoir mais pour le reconnaître Lui comme Seigneur et Serviteur dans
notre vie et dans le monde.
Christus : Après une idée une compréhension
après une réalité concrète, voici une fonction que l’on dit -christique- à
partir d’une personne, celle de Jésus compris, aimé, regardé, prié comme
Christ, envoyé, oint, reconnu dans sa proximité avec Dieu.
Concentration de notre foi et de notre
espérance sur la personne de Celui qui est raconté dans les Evangiles : il
est pour nous interpellation permanente pour notre vie et notre foi.
Christ : on pourrait comprendre tous
les soli à partir de cette réalité personnelle ; on peut aussi lire les
Ecritures et les comprendre même en regardant vers Lui ; faire finalement
une lecture christologique du corpus biblique.
Solus Christus : nous oblige à une
concentration sur l’essentiel et nous aide à ne pas nous éparpiller vers d’autres
personnages, d’autres réalités qui resteront mineures, non essentielles, non
sacrées. Christ : il est l’image, la présence, l’incarnation du Dieu
souverain et invisible. Il faudra recevoir de sa part son
originalité, sa spécificité, Lui « qui ne s’est pas prévalu de son égalité
avec Dieu » (Phil 2) et nous mettre à nous dessaisir de nos images de Dieu
à les convertir par le prisme de sa personne, de son histoire, de ses paroles
et de son action.
Solus Christus nous dit à la fois la
présence divine en lui, nous dit notre possibilité de nous tenir « devant
Dieu » coram deo, en sa présence et aussi de ressentir sa proximité comme
si nous n’étions pas loin et comme proche. Par Lui Dieu est pour nous afin que
nous soyons pour Lui.
Source inépuisable de vie et d’espérance,
il nous conduit et nous accompagne vers les autres et vers Dieu. Sa naissance,
sa vie et sa mort, nous parle de nous en relation avec le monde qu’il est venu
aimer, par-delà son temps, par-delà les systèmes politiques, les religions.
jeudi 9 novembre 2017
lundi 30 octobre 2017
A Utrecht
Dimanche 29
octobre 2017 : Culte de la Réformation
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur de tout ton être, de toute ta force ».
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de toute ta pensée, de toute ton intelligence ».
Il vaut mieux que le culte soit chaleureux et vivant, il vaut mieux que nos relations soient fraternelles et vraies mais la dimension cultuelle requiert réclame aussi la pensée et la réflexion sans quoi notre fidélité et notre amour de Dieu seraient boiteux !
Lectures : Deutéronome 6, 1-9 puis Matthieu 22, 34-40 :
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu… de toute ta
pensée…et ton prochain comme toi-même"
Le christianisme ne dit pas « Dieu est grand ou le plus
grand » ! Il affirme, plus volontiers : « Dieu est
Amour » !
L’amour de Dieu et non
la crainte de Dieu, associé à l’amour du prochain sont le résumé, le
centre, le moteur et la finalité de la foi chrétienne. Ils sont même une
reprise, une suite, une conséquence de l’ancienne foi hébraïque toujours
actuelle qui retentit dans la célèbre formule : « ECOUTE Israël le
Seigneur est notre Dieu le Seigneur est UN » dont le premier et le dernier
mot sont écrits en majuscule -ce sont les seuls- dans toute la Thora ! On
peut dire que la foi, l’expression de la foi sa confession privée, personnelle
ou publique est suivie de la démonstration de sa pratique de sa mise en forme
dans l’expression ou dans le commandement de l’amour de Dieu et de l’amour du
prochain.
Faut-il dire commandement
d’amour ? On sait bien que l’on n’aime pas sur commande et que les
sentiments, si aimer est de cet ordre, cela ne se commande pas dit-on encore.
Alors si ce n’est pas un commandement cela pourrait être une fin, une finalité,
le but ultime de l’existence humaine : au fond, nous sommes là pour
ça ! pour aimer quoiqu’il en coûte ; pour aimer ce qui nous dépasse
infiniment ; il s’agit alors d’aimer un au-delà de soi-même ; de
faire accéder l’amour à un ultime que rien ni personne ne pourrait
enfermer ; et en même temps aimer l’autre comme créature et création de
cet infini. La vie humaine est alors comprise entre l’amour infini de Dieu et
l’amour fini des autres comme de soi -même.
Aujourd’hui ou dans le monde et
en Europe plus particulièrement nous nous souvenons du début de la Réforme et
du geste et de la parole de Luther, je
voudrais simplement aborder un aspect très particulier de ce qui est décrit
comme l’amour de Dieu. Je voudrais aborder un point de cette dimension
verticale qui est la première étape de la relation d’amour qui est la colonne
vertébrale de notre vie.
Cet amour de Dieu est repris,
on l’aura compris, du premier testament. Il faut s’en persuader toujours
mieux : l’amour divin ne caractérise pas le second testament et la venue
de Jésus Christ. Il est bien présent et à l’œuvre dans la Bible juive. Il est
décrit et énoncé comme suit dans le Deutéronome
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur de tout ton être, de toute ta force ».
Le cœur est mobilisé non
comme dans notre culture comme siège des sentiments mais plutôt comme centre de
notre volonté consciente ; pour aimer Dieu encore faut-il le vouloir.
L’être est mobilisé
aussi, on traduit parfois « de toute ton âme » (Rabbinat) il s’agit ici de ce qui rend vivant,
comme le souffle de vie, comme ce qui me lie comme créature au créateur. Il
s’agit de mobiliser toute sa capacité à être ce que l’on est, et qui nous a été
donné. Ma réalité : corps et esprit est concernée vers ce retour à Dieu qui lui
dit ma reconnaissance, ma confiance, mon espérance.
De tout ton cœur de toute ta
vie de tout ton être mais aussi « de toute ta force ». Trad. du Rabbinat : « de tout ton
pouvoir » Le troisième aspect de cette mobilisation vers l’amour de Dieu concerne
ce que l’on appelle aujourd’hui, les énergies. Nous sommes constitués par des
forces et des énergies variables, inégales, étonnantes parfois et que nous ne
connaissons pas très bien. On dit aujourd’hui dans le langage courant « il
faut mobiliser nos énergies » au sens de nos capacités à faire à produire
à créer.
Voilà en quelques mots d’où
part notre aptitude à aimer Dieu ; voilà les zones de nos personnalités
qui sont mobilisées pour cet amour libre et gratuit qui donne un sens et une
valeur à nos existences. Notre volonté, notre esprit et notre énergie.
Ecoutons maintenant le Nouveau
testament et en particulier, l’évangile selon Matthieu
au ch. 22 et au v. 36 : « un homme de loi lui
dit pour lui tendre un piège : Maître quel est le plus grand
commandement dans la Thora : Jésus lui déclara : tu aimeras le
Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée ;
c’est la premier le grand commandement ». Jésus fait-il une citation de
mémoire ? Il connaît très bien la Thora, la loi. Veut-il dire la même
chose que nous avons déjà dite ou veut-il ajouter et préciser un point
particulier ?
Avec le Nouveau Testament avec
les évangiles, apparaît très curieusement soit une quatrième dimension soit une
re-formulation de la troisième. Dans les évangiles est mentionnée ce qui
n’était pas dans l’ancien texte : « de toute ta pensée ».
Matthieu remplace « de toute ta force » par « de toute
ta pensée ». Luc ajoute la pensée aux trois dimensions classiques.
Voici donc l’apparition
claire et nette de la pensée - de la réflexion-
de l’intelligence- au service non pas d’elle-même, mais de l’amour de
Dieu et du prochain.
Il n’est pas question de dire
que cette intelligence de la foi et de l’amour n’existait pas avant la venue du
Christ ; il s’agit de constater qu’avec lui et les nouvelles générations
de chrétiens qui vont semer et annoncer qui vont reprendre et diffuser ce
qu’ils ont reçu, cette dimension de l’amour à savoir l’intelligence, la pensée,
la réflexion, sera essentielle.
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de toute ta pensée, de toute ton intelligence ».
L’amour de Dieu réclame et
procure de la pensée et de l’intelligence. Il n’y a pas et ne devrait pas y
avoir des chrétiens sans intelligence. Nous opposons bien souvent les gestes,
les actes ou les émotions qui seraient plus vrais et plus chaleureux, à une
réflexion personnelle ou communautaire qui serait plus distante et plus froide,
plus sèche même disons-nous parfois.
Aujourd’hui les groupes
chaleureux et émotionnels attirent plus que les groupes de réflexions. Cette
opposition a toujours existé et en même temps le christianisme comme le
judaïsme a toujours maintenu que la réflexion et la pensée avait une place
irremplaçable dans notre relation aux autres bien sûr, mais aussi dans notre
relation à Dieu, dans l’amour même que nous lui portons.Il vaut mieux que le culte soit chaleureux et vivant, il vaut mieux que nos relations soient fraternelles et vraies mais la dimension cultuelle requiert réclame aussi la pensée et la réflexion sans quoi notre fidélité et notre amour de Dieu seraient boiteux !
La Réforme a été au 16ième
siècle un immense effort jamais terminé, pour donner à croire de façon
différente, mais aussi un immense effort pour donner à penser et à comprendre
de façon différente.
Les Réformateurs vont s’épuiser
à écrire et commenter les textes bibliques, ils vont participer à des débats,
des disputes théologiques ou sociales où il s’agissait, non pas de prouver
qu’on était sincère mais de montrer et de démontrer par des arguments qu’on
était dans la vérité. La Diète de Worms en particulier en 1529 on apparaitra
pour la première fois le terme « protestant » : dire sa foi en
face, devant …la proposer la penser pour qu’il soit claire audible
intelligible !
Ce qui compte aujourd’hui
essentiellement c’est au fond la sincérité. Si quelqu’un à la télévision, a
l’air sincère et vrai on va dire plus facilement, qu’il a raison contre celui qui
donne des arguments et qui n’a pas l’air d’y croire. La conviction n’est plus
celle de l’argument, mais de l’émotion que cette conviction est susceptible de
provoquer. Aujourd’hui la folie terroriste remplace même l’émotion et toute
pensée rationnelle !
Retrouver l’intelligence de la
foi, celle de l’amour de Dieu ; apprendre l’intelligence de la foi en
Dieu ; remettre sans cesse sur le métier cet effort de penser et de croire
en même temps, dans le même mouvement, voilà me semble-t-il une bonne nouvelle
pour nous ! Penser par soi-même, ne pas attendre du spécialiste le point
ultime et final de la réflexion ; ne pas renoncer à cette intelligence de
la foi qui va se transformer en amour de Dieu et des autres voilà me
semble-t-il un bon et vrai programme pour nos vies.
Nous sommes des êtres fragiles
mais des créatures de Dieu avec un cœur un esprit des énergies et une
intelligence ; il s’agit bien de mobiliser tout cela ensemble pour que
notre service et le sens que nous donnerons à notre vie en soit revivifié.
Alors il sera intéressant et utile de nous tourner résolument vers le prochain
qui comme nous est pourvu de cette pensée et de cette intelligence qui nous
permettra de nous rencontrer en vérité.
Oui c’est bien pour vivre et
servir que tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur de toute ton âme de
toute ta force et de toute ton intelligence et ton prochain comme toi-même.
samedi 30 septembre 2017
dimanche 17 septembre 2017
vendredi 8 septembre 2017
mercredi 30 août 2017
Au risque de l'Evangile
Tout
au long de l’année, comme vous-mêmes sans doute, j’ai ressenti ici en France
comme Outre-mer, comme dans les divers pays du monde où se trouvent nos
communautés, ce que le sociologue autrichien Ulrich Beck a appelé voilà plus de
dix ans, « La Société du risque » (1986 : Paris. Flammarion
2001). Ce que nous appelons aussi « la modernité » nos façons de
vivre de penser de commercer, d’inventer s’expriment en risques annoncés,
prévisibles et contre lesquels tout devient possible. Il s’agit donc de se
protéger individuellement et collectivement contre ce qui est le point commun
de nos sociétés, le ou les risques qui s’expriment et se développent sous forme
de catastrophes prévisibles dans tous les domaines.
Cela
est bien sûr évident lorsqu’on se souvient des traumatismes vécus par celles et
ceux qui se trouvaient là au mauvais moment de l’explosion et d’un attentat par
exemple. Cela est vrai aussi pour les risques sanitaires, les épidémies et les
grippes aviaires annoncées ; la protection de nos corps, la santé publique
est une vaste entreprise de productions et de commerces qui sont sensés
prévenir les risques d’altération et de maladies qui nous menacent. On a pu
dire que les efforts accomplis pour satisfaire nos corps avaient remplacé
largement ce qui se faisait jadis pour le bien-être de nos âmes ! Risques
sanitaires, risques climatiques, risques migratoires, risques de nos systèmes
financiers, risques politiques, nationalistes, xénophobes ; on pourrait
ainsi décrire nos sociétés et nos comportements en fonctions de ces annonces
réelles et exagérées à la fois qui valident accréditent nos comportements
sécuritaires au point de baisser les bras en ce qui concerne nos libertés, pour
mieux assurer nos sécurités en tous domaines.
Par exemple, je lis
aujourd’hui dans la presse à la une : « Alerte mondiale pour une
cyberattaque géante » (Le Monde du 29 juin 2017). Ainsi notre cadre de vie
désormais serait celui-ci selon Ulrich Beck : « La société du risque
(qui) est une société de la catastrophe. L’état d’exception menace d’y devenir
un état normal ».
Que
signifie alors être l’Eglise de Jésus Christ dans cette société du risque et de
la catastrophe ? C’est au fond bien cela qui nous intéresse et nous
questionne. Participons-nous à cette description sociale et menaçante en ayant
en fait peu d’espérance pour l’avenir de nos communautés et en gérant le
quotidien c’est le cas de le dire au jour le jour ? Sans se poser trop de
questions nous serions ainsi fidèles sans trop d’espérance !
Participons-nous à cette descriptions sociale et menaçante en donnant la
solution, en étant l’Eglise de la solution, en répondant sans tenir compte des
réalités contemporaines que Dieu en Jésus Christ sera la solution à tout et
pour tous ?
Serons-nous
enfin et c’est bien là que va ma préférence la communauté chrétienne qui entend
et accompagne les peurs et les renoncements de nos contemporains pour discerner
avec eux et avec la Parole de vie celle de l’Evangile des comportements
nouveaux, des gestions nouvelles, des formes de gouvernance adaptées au temps
présent comme aux exigences évangéliques. L’Eglise est au risque de l’Evangile
de Jésus Christ ; les premiers chrétiens ont vécu ce risque comme une
catastrophe bénéfique pour eux et pour le monde. Nos lointains ancêtres du
XVIème siècle ont vécu parfois douloureusement cette tension entre le temps
présent et le temps nouveau de l’accomplissement de l’espérance et du renouveau
possible en Christ.
Etre
fidèle au temps présent comme au temps nouveau de l’espérance de la foi et de
l’amour c’est bien cela qui nous anime aujourd’hui comme hier. Les risques sont
toujours là ils sont accompagnés par le risque nouveau, celui de l’Evangile qui
nous permet de faire face, malgré tout. C’est bien dans les petites choses de
nos vies communautaires que nous faisons face aux risques et aux défis auxquels
nous sommes appelés.
cf
suite bientôt : Site de la Ceeefe
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