vendredi 15 novembre 2013

Le racisme n'est pas une opinion, c'est un délit !


Xénophobie, racisme, bâtir ensemble un monde vivable. Eglise protestante unie de France
   Communiqué
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La parole xénophobe –contre les Roms par exemple– et raciste –contre la Garde des Sceaux Mme Taubira par exemple– se banalise et parfois se déchaîne. Elle est renforcée par des calculs politiciens, à quelques mois d’échéances électorales. Elle est dopée par des logiques médiatiques qui, par effet de loupe et de répétition, donnent une importance parfois démesurée à des manifestations ou des propos marginaux
La souffrance sociale, le désarroi politique, l’impression qu’une logique économique ne profitant qu’à une minorité ravage tout sur son passage, la crainte du déclassement, la peur de l’avenir, sont des sentiments bien réels et largement partagés. Ils peuvent pour une part expliquer le ressentiment qui s’exprime par la xénophobie et le racisme. Ils ne sauraient le légitimer.
Le pacte républicain est confié à chaque citoyenne, chaque citoyen, et d’abord à celles et ceux qui exercent une responsabilité sociale. Il est précieux. Il n’est pas indestructible.

Nul ne peut se dire à l’abri de bouffées xénophobes ou racistes, chacun le sait. Il est d’autant plus important de refuser toute complaisance à leur égard. La confiance est possible, mais elle se construit chaque jour et elle est l’affaire de tous et toutes.
En outre, des personnes ou des groupes qui prétendent par ailleurs défendre des « valeurs chrétiennes » ont participé à l’expression xénophobe et raciste. Ces discours et ces attitudes sont pourtant radicalement incompatibles avec la foi chrétienne. L’Evangile de Jésus-Christ prend sa source dans l’amour inconditionnel de Dieu pour chaque être humain. Chacun est bienvenu sur cette terre. Chacun a besoin d’y être accueilli.

Ce message libérateur et exigeant nous appelle à découvrir dans notre semblable une sœur, un frère, et à bâtir ensemble un monde vivable et vraiment humain.

Pasteur Laurent SCHLUMBERGER
Président du conseil national
de l’Eglise protestante unie de France

L’Eglise protestante unie de France (EPUdF) est membre de la Fédération protestante de France (FPF).

 

mercredi 13 novembre 2013

Pierres Vivantes, c’est Vous…



 1 Pierre 2, 4-10 : « Vous aussi vous êtes comme des pierres vivantes ! Entrez dans la construction de la maison habitée par l’Esprit »

Depuis que l’humanité a quitté l’âge de pierre, elle n’a pas cessé de construire, d’édifier, de construire. Le travail de la pierre, son usage, sa complexité ont été les signes visibles d’une humanité qui s’est développé en construisant et en détruisant. La pierre c’est ce qui permet l’édification et en même temps ce qui permet la destruction : pierre sur pierre jusqu’à la pierre d’angle c’est le sommet de la construction et le caillou de la fronde comme le boulet du canon ou de la bombarde sont les premiers éléments les premières armes de la guerre. Il est un temps pour tout,  disait le sage : « un temps pour amasser des pierres et un temps pour lancer des pierres ».

Les pierres sont anciennes ; les grandes civilisations d’Assour à Babylone, des statuts géantes de l’Asie en passant par les ziggourats babyloniennes ou les pyramides d’Egypte , les routes, les arcs de triomphe, les aqueducs romains sont notre héritage direct comme le sont aussi les théâtres ou les amphithéâtres grecs ; la vie des hommes est lisible dans les pierres.  Pensons à la chute des tours jumelles à New York !

On pourrait dire que nos cultures et civilisations bien au-delà de nos individualités de nos personnes, sont de vastes lithographies c’est à dire littéralement des écrits sur de la pierre ou bien encore des pierres écrites. Même si nous ne les comprenons pas toujours comme les pierres dressées et sculptées de la civilisation celtique par exemple.

Dans cette permanence et cette priorité de la pierre construite détruite et reconstruite, apparaît le désir des hommes de se montrer, forts et puissants et en même temps signifier qu’il est utile important et nécessaire de durer. La pierre dans toutes ses manifestations apparaît comme le signe d’une espérance et d’une forme d’immortalité ou comme un gage contre l’oubli, un signe de mémoire, ce que deviendra ensuite le mémorial. Malgré l’usure ces monuments sont l’expression d’une volonté d’être là longtemps comme signe et gage de vérité ; les cathédrales qui deviennent des lieux de visites sont de cet ordre, un témoignage d’une foi d’une histoire passée et qui viennent à notre rencontre.

Le peuple d’Israël est probablement le seul peuple ancien qui n’est pas visible dans ces constructions et ces monuments. Comme s’il n’avait pas tout misé sur ce genre d’apparence ! Le mur du temple est particulièrement récent il est surtout symbolique et n’est pas un vrai monument : il ne se compare pas aux pyramides d’Egypte. Même si « un jour dans tes parvis en vaut mille ailleurs » et même si dit le psalmiste déjà : « j’ai choisi de rester  au seuil de la maison de mon Dieu et de loger sous la tente des infidèles » (Ps. 84,11) Le peuple d’Israël comme les autres a été fasciné par la capacité constructrice des hommes :  de Salomon en particulier discutant avec la reine Saba.

Mais la destruction a été plus forte et a été fondatrice de nouvelle  identité de nouvelle manière de vivre ensemble ; non plus autour ou dans le temple mais autour et dans une parole à lire à comprendre à prier à vivre.

Le Seigneur lui seul est mon rocher, ma forteresse, ma citadelle, mon asile protecteur.

On pourrait dire encore que la captivité égyptienne était celle de l’épreuve de la pierre à construire à édifier pour la gloire du pharaon ; casser des cailloux a toujours et partout signe d’humiliation du vaincu pour construire la gloire du vainqueur. Le peuple d’Israël ne se remettra jamais vraiment du souvenir reconstitué de cette épreuve de la dureté et il sera sera toujours présent.

De plus et comme pour renforcer ce souvenir difficile les tables de pierres celle de la loi divine directement écrite devront être brisées et détruites comme pour dire que cette loi fondatrice est gravée ailleurs que dans des pierres mais dans des vies dans des cœurs dans des histoires personnelles et communautaires. Bref, même les parvis, les degrés, les colonnes, les murs impressionnants, de tout cela, il ne restera pas pierre sur pierre.

Tu es Petros et sur cette Pétra, c’est le latin de roc et rocher, j‘édifierai mon église (Matth 16,18) Non pas je pétrifierai mon église, ni sur un trône ni dans un tombeau ; mais je la rendrai vivante comme le miracle d’une pierre vivante. Mon Eglise ne sera pas de pierre car elle risquerait de se lézarder sans cesse.

Etrange aventure de ce mot et cette réalité de la pierre. Jésus va s’en servir pour dire une nouvelle loi ou pour renouveler la loi de Dieu ; vous pouviez lapider et bien désormais c’est fini. Que celui d’entre vous qui est sans pécher lui jette la première pierre ! et le cercle se brisa et ils partirent les uns après les autres en commençants par les plus vieux. Et lui écrivait sur le sol (Jean 8, 1-11.) sur la poussière du sol…

Jeter des pierres non plus du faible vers le fort pour se libérer comme David à l’égard de Goliath, mais jeter des pierres par les forts vers le faible : jeter des pierres comme les gardiens du temple de la foi et de l’orthodoxie en jettent toujours et partout,  vers celui et ceux qui osent dire et faire une réalité, une parole et un geste nouveau. Ce sera par exemple, le meurtre d’Etienne le premier martyr ; ce sera l’approbation de ce meurtre par Paul ce sera son écharde à tout jamais au cœur de sa vie et de son corps.

Toujours une histoire de pierre. Qui nous ôtera la pierre, non seulement celle du tombeau qui nous empêche d’approcher du corps mais aussi la pierre qui pèse sur notre vie. Notre pierre, ce poids qui est là en nous et qui nous plombe disons-nous parfois. Le Seigneur, le Père, Dieu lui-même, vient ôter la pierre, trop lourde ; comme si quelqu’un était l à toujours là pour nous aider à remonter la pierre, pour la porter avec nous, tels de nouveaux Sisyphes ; pour la supporter, pour la remplacer par une autre peut être moins lourde.
 
Les pierres dressées par Josué au début de la conquête à Guilgal et cercle qui deviendra la Galilée, les 12 pierres dressées sont devenues vivantes ; elles se sont animées ; on pourrait dire qu’elles sont devenues les 12 fils les 12 tribus, les 12 apôtres, les premiers témoins de la foi à l’œuvre et en marche. Elles n’ont pas été transportées, adorées, elles n’avaient en elles-mêmes ni beauté ni prestance pour attirer nos regards ; elles étaient des signes, des réalités à imiter, des objets inanimés qui soudain avaient une âme, une vie pour la vie de l’autre et des autres.

L’image est étonnante : la pierre vivante. Il est plus usuel que les hommes soient transformés en pierre en statue pour qu’on ne les oublie pas. Ils sont morts et pétrifier propice parfois à l’adoration des autres.

Pierre et c’est un comble que ce soit uniquement Pierre l’apôtre ou son Eglise qui nous parle lui, de tout le contraire : « Approchez-vous de lui la pierre principale rejetée par les hommes mais choisie par Dieu, elle est précieuse ».

Devenez comme des pierres vivantes ! Ne devenez pas un poids lourds et morts  pour les autres mais soyez bien vivants !

Vous avez votre place, quelque soit votre forme voter compétence votre assurance votre foi, pour être un témoin actif et vivant de la construction commune ; ne méprisez pas les pierres, vous en êtes une ; observée votre place : où êtes-vous, du côté de la fondation, dans les murs qui ne se voient guère, du côté des façades, du côté du sol peut-être bref, il est sans doute possible de changer de place de faire l’expérience d’une nouvelle fonction d’un nouveau service.

Non pour la gloire de l’édifice, non pour la gloire des autres pierres, mais pour la seule gloire de la vraie pierre celle qui nous fait tenir tous ensemble pour que d’autres se sentent à leur tour pierres vivantes ; c’est dire témoins qui durent et s’usent mais attestent que la construction est en nous au service des autres pour les aider à porter et supporter ; grâce à Celui qui sans cesse est là pour transformer nos cœurs de pierres en cœurs de chair.

Pour nous aider à passer de la dureté qui est en nous, celle de notre cœur, de notre foi de notre regard à la miséricorde et à la compassion. Pierre dira : « vous qui n’aviez pas obtenu miséricorde mais qui maintenant avez obtenu miséricorde » !  Vivez de cela !  L’Eglise de Jésus Christ n’a besoin d’aucun objet d’adoration d’aucune personne supérieure aux autres d’aucuns lieux sacrés ou magiques.

L’Eglise de Jésus Christ a besoin de tous et de chacun c’est une communauté où personne ne peut dire : on n’a pas besoin de moi ; car nous sommes tous et chacun des pierres vivantes belles et plaisantes aux yeux de Dieu, qui crient et annoncent l’espérance et l’amour possible en ce monde.

Nous ne sommes pas là pour partager des pierres, mais le repas du Seigneur. Souvenez-vous : « si quelqu’un te demande du pain, quel est celui parmi vous qui lui donnera une pierre » ? (Matthieu 7,9) Le Christ invitant n’est pas pétrifié, il devient pour nous une puissance de partage.


mercredi 6 novembre 2013

Conseil oeuménique des Eglises en Corée

Voici le texte de l'intervention faite par Laurent Schlumberger en séance plénière, à propos du programme du COE pour les années à venir:

COE/Lindén-Montes
"Nous avons surtout évoqué la vie, la justice et la paix, à partir de contextes dans lesquels elles sont bafouées et en songeant aux engagements qui devraient être les nôtres et ceux de nos Eglises. Nous avons bien fait.

Nous avons ainsi privilégié les convergences avec toutes celles et tous ceux, quelles que soient leurs références et leurs convictions, qui ont le souci de la planète, des hommes et des femmes, et de chaque être humain. Tant mieux, car nous devons chercher à agir de la manière la plus ouverte et la plus inclusive possible.


Mais, du coup, nous avons peut-être insuffisamment rappelé ceci, qui me paraît pourtant fondamental. La vie, la justice et la paix ne sont pas d’abord notre œuvre, elles sont d’abord un don gratuit, immérité. Et nous croyons – et c’est cela que je veux souligner – nous croyons qu’elles sont données et pleinement reçues en Jésus-Christ.

Nous n’avons peut-être pas assez pris soin d’articuler vie, justice et paix dans une réflexion proprement théologique et je dirais plus précisément christologique.

Pourtant, selon les Ecritures, Jésus-Christ dit : « moi, je suis la vie ». Et l’apôtre Paul, en particulier, souligne de nombreuses fois et de nombreuses manières que Christ est notre justice. Et il affirme également, ainsi que l’évangéliste Jean par exemple, que Christ est notre paix. Et la base de la constitution du Conseil œcuménique dit que nous sommes « une communauté fraternelle d’Eglises qui confessent le Seigneur Jésus-Christ comme Dieu et Sauveur selon les Ecritures ».

Nous devrions être attentifs à toujours et explicitement référer nos propos, nos convictions et nos engagements à Jésus, le Christ. Sinon, ils perdront leur goût et deviendront fades ; ils perdront leur lumière et deviendront ternes.

C’est un souhait que je formule en pensant aux travaux du comité central, des différents programmes, et aussi aux travaux de Foi et Constitution dont nous n’avons malheureusement à peu près pas parlé et je le regrette, car c’est le premier lieu de travail théologique du COE.

Si, au milieu des détresses et des promesses du monde, nous n’affirmons pas explicitement que la vie, la justice et la paix ont leur source en Jésus-Christ et trouvent leur plénitude en Jésus-Christ, si les Eglises et les chrétiens ne le disent pas, inlassablement, à temps et à contretemps, qui le fera ?"