samedi 26 novembre 2011

"Je lève les yeux vers les montagnes..." psaume 121

1 Chant de pèlerinage. Je lève les yeux vers les montagnes. Qui pourra me secourir ?
2  Le secours me vient du SEIGNEUR, qui a fait le ciel et la terre.
3  Qu’il t’empêche de glisser, qu’il ne dorme pas, ton gardien !
4  Non, il ne ferme pas les yeux, il ne dort pas, le gardien d’Israël.
5  Le SEIGNEUR est ton gardien, le SEIGNEUR te protège, il est auprès de toi.
6  Pendant le jour, le soleil ne te frappera pas, pendant la nuit, la lune ne te fera aucun mal.
7  Le SEIGNEUR te protégera de tout mal, il veillera sur ta vie.
8  Le SEIGNEUR veillera sur toi depuis ton départ jusqu’à ton retour, dès maintenant et pour toujours .

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mardi 15 novembre 2011

Il faut "y" croire !

Sur le mode de : il faut bien « y » aller ! Alors, allons –y ! Quel est le sens de ce « y » ? C’est bien sûr un adverbe de lieu, du latin ibi : là, dans cet endroit.

Il faut bien se rendre en ce lieu ; croire, est ici un déplacement vers un lieu. Je suis là, avec mes convictions, mes habitudes, mes traditions anciennes ou récentes et puis une rencontre surprenante et aimante, m’invite au déplacement, au changement.  En quelque sorte il devient nécessaire et parfois urgent que j’aille voir ailleurs en restant dans non cadre, dans ma famille, dans mon église. Il m’est alors donné de changer mon regard sur les êtres et les choses. Il devient évident que mes images toutes faites, mes clichés, mon prêt-à-penser et à croire, se trouvent bousculés et une nouvelle fraîcheur comme un nouveau regard, s’impose. Il faut bien y croire à ce grand déplacement, quand je me crois bien à l’abri, ou quand je suis malade, ou lorsque j’écoute des hommes et des femmes politiques en train de me convaincre. Il faut bien y croire que ce qui est vécu aujourd’hui sera autre demain ; que le monde va changer en pire si nous ne faisons rien et en mieux sans doute,  si nous agissons aujourd’hui.

Quel est le sens de ce « y » : Il faut bien y croire ? C’est bien sûr aussi, une sorte de pronom personnel. Il faut bien le croire lui, elle. Croire est ici une réalité vivante. Une personnalité : il faut bien « y » croire en celle ou celui qui me parle, m’interpelle, m’aime, m’entraîne. C’est aussi ma réalité et tout ce qui me fait vivre : ma manière de croire de vivre et le sens que je donne à toute ma vie.

Cette alternative d’une lettre, cette ambivalence du « y » est intéressante pour notre vie et notre foi. Dieu en Jésus Christ a effectué un vaste déplacement. Ce qui était Temple est devenu Livre par exemple. Nos images de Dieu doivent être modifiées et changées. Ce qui était loin, puissant et éternel est devenu proche, faible et mortel. Dieu en Jésus Christ est devenu personnel, quelqu’un. Non pas Personne mais un être humain digne de foi et capable de me donner confiance. En Lui, tout cela existe et prend corps.


Oui c’est sûr, il faut « y » croire et cela change vraiment : de l’inerte on passe au mouvement, du quelconque on va vers quelqu’un. On y va vraiment, comme dans la crise, comme vers un monde par delà la crise, où les relations et les horizons seraient nouveaux, inattendus, inouïs. Allons-y !


B. A.




mercredi 9 novembre 2011

Un "hymne au soleil" par Jean CALVIN


« Il n'y a vertu si noble ni admirable entre les créatures qu'est celle du soleil. Car outre qu'il éclaire le monde entier de sa lueur, quelle vertu est-ce de nourrir et faire pousser par sa chaleur tous animaux, d'inspirer par ses rayons fertilité à la terre, en échauffant la semence qu'on y jette ?

Après, la faire verdoyer de beaux herbages qu'il fait croître, en leur donnant toujours nouvelle substance, jusqu'à ce que le blé et autres grains se lèvent en épis ; et qu'il nourrit ainsi toutes semences par ses vapeurs, pour les faire venir en fleur, et de fleur en fruit, cuisant le tout jusqu'à ce qu'il l'ait amené à maturité ?

Quelle noblesse et vertu aussi est-ce de faire bourgeonner les vignes, jeter leurs feuilles et puis leurs fleurs, et en la fin leur faire apporter un fruit si excellent ? Or Dieu, pour se réserver la louange entière de toutes ces choses, a voulu avant de créer le soleil, qu'il y eût clarté au monde, et que la terre fut garnie et parée de tous genres d'herbes et de fruits (Gn 1, 3-11).

Aussi l'homme fidèle ne fera point le soleil cause principale ou nécessaire des choses qui ont été avant que le soleil même fut crée et ni produit : mais il le tiendra pour instrument, duquel Dieu se sert parce qu'il lui plaît, non pas qu'il ne peut sans tel moyen accomplir son œuvre par soi-même.»

Institution Chrétienne : vol.I, ch. XVI §2

samedi 5 novembre 2011

Sur le chemin, de quoi parliez-vous ?

Evangile selon Marc ch. 9, 30-37 :

Partis de là, ils traversaient la Galilée, et il ne voulait pas qu’on le sache. Car il instruisait ses disciples et leur disait : Le Fils de l’homme est sur le point d’être livré aux humains ; ils le tueront, et, trois jours après sa mort, il se relèvera. Mais les disciples ne comprenaient pas cette parole, et ils avaient peur de l’interroger.
Ils arrivèrent à Capharnaüm. Lorsqu’il fut à la maison, il se mit à leur demander : A propos de quoi raisonniez–vous en chemin ?
Mais eux gardaient le silence, car, en chemin, ils avaient discuté pour savoir qui était le plus grand.
Alors il s’assit, appela les Douze et leur dit : Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous.

Il prit un enfant, le plaça au milieu d’eux et, après l’avoir pris dans ses bras, il leur dit :
Quiconque accueille en mon nom un enfant, comme celui–ci, m’accueille moi–même ; et quiconque m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais celui qui m’a envoyé

Du chemin à la maison puis de la maison au chemin : la vie chrétienne et la foi sont comme en route et de passage, de l’extérieur vers l’intérieur du public au privé. La vie chrétienne et la foi sont aussi un échange, un dialogue, parfois même une querelle sur le chemin, sur le chemin de nos vies comme sur celui de l’histoire des hommes. La conversion ressemble souvent à une conversation ; la rencontre avec Dieu n’est pas seulement une rumination personnelle comme une introspection ; elle concerne aussi les autres sur le chemin et les autres dans la maison. Un cheminement, un déroulement avec ses arrêts, ses accélérations et ses lenteurs. Autant si ce n’est plus encore que celui de Paul et son chemin de Damas, le chemin de Jérusalem pour Jésus et ses disciples ressemblent à nos routes sur lesquelles tout se dit et s’échange et ou les surprises sont nombreuses.
On sait que l’évangéliste Marc est le spécialiste de la route et du chemin c’est en quelque sorte le routard des évangiles, comme l’avait été à sa manière l’apôtre Paul ; chez Marc, le chemin est encore un lieu et le cadre des rencontres agréables et désagréables, c’est le lieu de l’enseignement aux disciples, semblable en cela aux méthodes d’enseignement de la philosophie grecque.

Finalement, pour l’Evangéliste Jean le chemin deviendra la personne même du Christ qui dira qu’il est le chemin la vérité et la vie.

C’est en chemin presque à la dérobée qu’une nouvelle est annoncée ; une nouvelle à moitié bonne et à moitié mauvaise ; en tous les cas une nouvelle difficilement compréhensible ; le Fils de l’homme doit être tué par les hommes et il doit ressusciter.   « Ils ne comprenaient pas cette parole et craignaient de l’interroger. Un peu comme s’il fallait du temps pour comprendre et digérer une révélation effectivement complexe et troublante. Les annonces  successives de la mort de Jésus par lui même, sont en général peu comprises ; Certains évangiles en particuliers ceux qui ne sont pas canoniques les ont purement et simplement supprimés. Il arrive que certaines nouvelles agréables ou plus graves, nous n’arrivons pas, comme l’on dit, à les digérer, à les croire ; Il faut du temps, il faut parfois, comme on dit encore, en faire une sorte de deuil ou se pincer pour croire quelque chose d’agréable nous arrive vraiment.

Le christianisme est né aussi de ce trouble et de cette incompréhension et de cette crainte d’interroger. Passer de cette crainte à la possibilité de rendre compte de ce qui est difficilement croyable sera l’enjeu de la transmission de la foi ou de la mission de des témoins. Passer de l’état de disciple à celui de témoins ou d’apôtres, de celui d’élève à celui d’envoyé vers les autres sera le commencement en acte sur les routes et dans les maisons de la diffusion de la bonne nouvelle de Jésus le Christ.

Le christianisme n’est pas né à partir de celles et ceux qui avaient tout compris. Mais bien à partir de celles et ceux qui n’avaient rien compris ou qui avouaient qu’ils n’osaient pas questionner et comprendre. Si vous rencontrez des personnes qui ont tout compris de la Foi, de Dieu, de Jésus-Christ, des Evangiles, de l’Eglise  etc… méfiance car ils ne sont pas des disciples au sens ou ils ne sont plus en chemin vers la maison de Capharnaüm, où l’enseignement du maître les attend encore… Si vous rencontrez des personnes qui disent que dans la foi il n’y à rien à comprendre et tout à accepter ; méfiance car la vie et la foi chrétienne seront des chemins de vie où ensemble, avec bien d’autres, il faudra expliciter pour croire et croire pour comprendre, rendre compte, communiquer et transmettre en paroles et en actes audibles et compréhensibles, pour tous.
Le cheminement de Jésus et de ses disciples sur le chemin de Capharnaüm,  est exemplaire du contenu et du mouvement de la foi. Elle ressemble à une marche et un enseignement d’abord sur soi même ainsi que l’acceptation de l’enseignement de l’autre.

De quoi peut-on bien discuter en chemin lorsqu’on croit en un bon projet ? De quoi peut –on discuter en chemin lorsqu’on est plusieurs et qu’en général la succession du maître se fait par le choix d’un seul. Le commentateur du NT Fr. Vouga parle ici de « querelles fondatrices ». Les disciples en chemin ne sont plus là avec le maître, ils sont ailleurs ou plus exactement ils ne sont non plus derrière lui mais devant lui, pour envisager l’après Jésus. Qui sera le chef ? On croit rêver ; qui sera non seulement le chef mais plus exactement qui sera le plus grand ! Le plus grand des disciples, le plus grand des ministres, des serviteurs. Oui querelle fondatrice : après avoir entendu et vu Jésus en paroles et en actions à la rencontre des autres, après nourriture des foules et transfiguration, après la confession de Pierre ; on en est là qui sera le plus grand ? Les disciples ont peu profité de l’enseignement du Christ ; ils n’ont rien compris ; un peu comme nous qui souvent avons changé les expressions et les modes de querelles. Un peu comme on le lit parfois dans la presse où le christianisme veut donner des leçons à d’autres religions ; comme si on avait bien entendu l’enseignement du maître.

Certes la course à la domination du monde et des esprits est peut être lancée ; faut-il pour autant se mettre en piste et en course ou bien, entendre quoiqu’il en coûte, entendre à nouveau l’enseignement de Christ ?  Ils se taisaient car finalement ils avaient honte d’envisager la suite comme s’ils savaient comme si Jésus n’était plus là comme s’ils prenaient enfin les rênes pour des lendemains promis à l’enchantement du monde.
Oui il y a encore des gens honnêtes qui croient savoir ce qu’il faut faire pour que leurs causes, économique politique religieuse, gagnent. Selon la foi chrétienne décrite par les évangiles sur le chemin comme dans la maison, avec le Christ, il n’en est pas ainsi.

Le christianisme, comme la foi au Christ prend naissance dans une conversation sur le chemin, dans l’écoute de ce qui n’est pas compris ; la foi prend aussi naissance non par-delà, mais avec, nos envies de pourvoir, de puissance même modeste ; nos envies de croire vraiment et mieux parfois que d’autres ; tout cela n’est pas balayé mais assumé : sur la route, tout compte, tout est pris en compte même les faiblesses et les abus et les anticipations de pouvoir des disciples ; tout compte en vue du paradoxe ; la Foi c’est du paradoxe ; ce qui semble évident ne l’est pas, ne l’est plus, ce qui est acceptable devient incroyable ; ce qui semblait incroyable est en fait assez banal. La foi des disciples est en train de grandir pour qu’ils deviennent les serviteurs de tous. 

Si quelqu’un veut être le premier même pour la bonne cause ; le premier à accepter le Christ le premier à croire et à comprendre ; qu’il soit le dernier dit Marc, de tous et le serviteur non en soi, mais le serviteur de tous.
Le service est élevé au rang de valeur suprême ; à la question qu’est-ce qui compte  le  plus dans la foi ? Comme démarche et comme contenu ? La réponse ressemble à cela : le service et l’accueil de l’autre sans condition sans réciprocité. Oui mais, bien d’autres sont au service au-delà du christianisme,  alors que des miracles et des signes et des conversions seraient préférables pour établir notre petit pouvoir. Pour prouver que c’est vrai et que nous avons raison !
Peu importe : deviens le serviteur de tous. Mets-toi en situation de service non pas contrôlé ou estampillé par une institution ; mais sois le serviteur de tous ; pas seulement des tiens de celles et ceux qui croient ou pensent comme toi. Mais de tous dit Marc dans sa radicalité, si forte qu’elle a été gommée par Matthieu et Luc. 

Et prenant un enfant il le plaça au milieu d’eux et leur dit : qui accueille en mon nom un enfant comme celui-là m’accueille moi-même et celui qui m’a envoyé ! L’enseignement du Jésus est en avance sur son temps il est même décalé ; A cette époque, l’enfant n’est pas roi ; il n’a pas son mot à dire,  il est une charge, un poids dont on se passerait bien volontiers ; il est une bouche à nourrir ; il est mis au travail très vite et devient l’esclave des siens et de tous.

Le christianisme, la foi chrétienne prend et reprend naissance en nous et autour de nous lorsque nos envies nos souhaits s’arrêtent et sont dérangés par la place qui est faite à l’autre ; Dieu se tient sur le chemin comme dans la maison, lorsque l’autre, y trouve une place.

John Bost disait au milieu 19ième siècle : « ceux que tous repoussent, je les accueillerai au nom de mon Maître ! »  Une devise qui prend naissance dans cette illustration et ce geste de Jésus enseignant des grands à devenir des petits au sens ou la prise en compte de la dépendance devient une affaire de relation nécessaire ; où la maison ne sera plus fermée mais ouverte à l’autre inattendu et encombrant ; où le cercle des sérieux sera bousculé par l’intrus.  

Martin Luther au cœur du 16ième siècle, dira : « le chrétien est la personne la plus libre de tous les hommes, il n’est assujetti à personne ; le chrétien est la personne la plus servante de tous les hommes, il est le serviteur de tous. »

En résumé, la foi qui est la nôtre, c’est :

·        Accepter de ne pas comprendre

·        Prendre en compte nos faiblesses et nos désirs de puissance

·        Entendre toujours à nouveau la question du maître

·        Comprendre ce qu’il fait lorsqu’il accueille, l’autre, l’intrus.

Se grandir devant Dieu, c’est bien se faire le serviteur, la servante de tous, sur le chemin comme à la maison !


Texte utilisé le 6 novembre au temple de la Fondation John Bost (La Force)