lundi 25 mai 2015

Pentecôte à Djibouti

1  Le jour de la Pentecôte étant arrivé, ils étaient tous d’un accord dans un même lieu.
2  Alors il vint tout à coup du ciel un bruit comme celui d’un vent qui souffle avec impétuosité ; et il remplit toute la maison où ils étaient.
3  Et il leur apparut des langues séparées, comme de feu, et qui se posèrent sur chacun d’eux.
4  Et ils furent tous remplis du Saint–Esprit, et ils commencèrent à parler des langues étrangères, selon que l’Esprit les faisait parler.
5  Or, il y avait en séjour à Jérusalem des Juifs, hommes pieux, de toutes les nations qui sont sous le ciel.
6  Et ce bruit ayant eu lieu, il s’assembla une multitude, qui fut confondue de ce que chacun les entendait parler dans sa propre langue.
7  Et ils en étaient tous hors d’eux–mêmes et dans l’admiration, se disant les uns aux autres : Ces gens–là qui parlent, ne sont–ils pas tous Galiléens ?
8  Comment donc les entendons–nous chacun dans la propre langue du pays où nous sommes nés ?
9  Parthes, Mèdes, Élamites, et ceux qui habitent la Mésopotamie, la Judée, la Cappadoce, le Pont et l’Asie,
10  La Phrygie, la Pamphylie, l’Égypte, les quartiers de la Lybie qui est près de Cyrène, et les étrangers romains,
11  Juifs et Prosélytes, Crétois et Arabes, nous les entendons parler en nos langues des merveilles de Dieu.
12  Ils étaient donc tous étonnés, et ne savaient que penser, se disant l’un à l’autre : Que veut dire ceci ?
13  Et d’autres se moquant, disaient : C’est qu’ils sont pleins de vin doux.  Actes ch 2.
 
 
 
Il est bien probable que dans les débuts du christianisme des personnes abattues, découragées, mal préparées, peu instruites, un peu sentimentales ou rêveuses, qui se sentaient sans doute un peu à l’étroit dans leur religion ; un peu à l’étroit dans leur cadre de vie routinier, un peu coincés pourrait- on dire ; il est fort à parier que de telles personnes se sont senties pousser des ailes ; non pour devenir des anges, mais pour changer d’air radicalement.
Elles se sont senties promises à un avenir inattendu. Elles se sont dits : pourquoi pas nous ? Ou plutôt n’est-ce pas à nous, pour nous, avec nous que le prophète de Galilée continue de vivre, comme s’il nous pousse encore et plus que jamais à aller dire une grande nouvelle : il est possible de vivre avec amour, avec espérance ; avec lui il est possible de « commencer à chaque instant un nouvel avenir » Il est possible de recommencer sans cesse, de repartir et de franchir l’essoufflement de la vie par une charge nouvelle, une énergie nouvelle pour affronter une création nouvelle !
Dieu comme -souffle- Dieu comme énergie vitale, comme élan vital, qui pousse à une rencontre avec les autres avec des autres divers et différents.
C’est cette définition cette marque de la réalité de Dieu qui sera la nôtre ce matin pour ce temps de Pentecôte. Il n’y a pas de religion dans laquelle on nous dit que Dieu est comme un vent qui vient aérer et faire en quelque sorte un magistral courant d’air. D’habitude les atmosphères religieuses sont confinées voire enfermées sous le prétexte qu’il faut protéger et séparer ce qui serait sacré de ce qui serait profane. La présence de Dieu est fermée comme par exemple au temple Jérusalem lors qu’il existait et circonscrite au Saint des saints une pièce vide dans laquelle on ne pouvait pas entrer. Les Eglises ou les temples ou les mosquées ne sont pas ouvertes au tout venant au tout passant par peur légitime souvent de dégradation, mais l’idée que ces lieux ne sont pas accessibles sauf au heures autorisées, dit que la religion c’est préservée comme si cela était fragile. Comme si Dieu avait besoin de cadre d’espace clos et réservé aux spécialistes, aux croyants.

Dans la période qui s’ouvre le jour de la Pentecôte, la présence de Dieu n’est plus et ne sera plus enfermée : c’est cela au fond l’esprit saint comme l’image de la langue de feu  peu maîtrisable, comme une présence qui fait agir et qui fait parler hors du cadre habituel. Un peu comme le Buisson ardent de Moïse qui brûle et ne se consume pas et qui donne du sens et qui envoie vers une autre destination.
Ce sera finalement le sens et la destination de tous les pèlerins de tous les temps ; il s’agit de partir à la découverte il s’agit de se rassembler en plein air dans un endroit différent qui peu à peu va devenir à son tour habituel et traditionnel. On devrait célébrer le culte de Pentecôte toujours ailleurs. On devrait célébrer le culte de Pentecôte avec des gens différents et variés ceux qui ont l’habitude et ceux qui ne sont pas habitués. Bref on devrait au moins célébrer la Pentecôte au moins sur le seuil des temples des églises et des synagogues.     
Le jour de la première Pentecôte celle qui est décrite dans le livre des Actes des Apôtres a lieu à Jérusalem ; elle est la rencontre des représentants des peuples connus d’origines juives plus ou moins croyants venus là célébrer dans un pèlerinage traditionnel le don de la loi, des tables de la Loi à Moïse sur le mont Sinaï. C’était une coutume ; on était peu ou pas pratiquant mais finalement de temps en temps il était bon de souvenir d’où on venait ; il était utile de prendre conscience de ce qui relie entre eux toutes ces personnes aux cultures si différentes aux langues si étranges les unes pour les autres ; un vaste rassemblement annuel où on venait faire le service minimum de la religion sans rencontrer vraiment les autres.
Simplement participer ensemble à un souvenir commun. Au fond ils venaient prendre l’air, le grand air comme dans tout déplacement mais ils venaient célébrer en quelque sorte une réalité immuable ; le don, une fois pour toute, de la loi divine. On veut bien se déplacer à condition qu’au moins Dieu ou sa Parole ne change pas et reste identique à ce qu’on croit à ce qu’on a connu à ce qu’on nous a enseigné. 
Pentecôte sera la prise de conscience inattendue non pas d’un souvenir, non pas d’un culte commun non d’un pèlerinage traditionnel mais la prise de conscience d’une présence, d’un élan et d’un souffle qu’on ne connaissait pas. On avait entendu parler de Dieu ; on avait reçu une forme de catéchisme, on savait que les ancêtres y avaient cru et on voulait être fidèle à leur souvenir comme on le fait dans toute commémoration.
Ce jour là un violent coup de vent passe sur eux, remplit la maison balaie la grande place et le temple et le miracle de la communication réussie s’opère ; la relation s’établit les uns avec les autres. Grâce à cet air frais, au courant d’air divin, je me mets à comprendre mon voisin, ma femme mon mari, mes parents, même mon fils et ma fille, mon père et même ma mère ; soudain Dieu où la Présence où celui est le nom au-dessus de tout nom devient non un objet non une croyance non un mythe, non une réalité au-dessus de toute réalité, il devient ce qui existe lorsque je me mets à comprendre l’autre. Le vis à vis le prochain, celui d’à-côté devient celui ou celle par lequel par laquelle, je me mets à comprendre Dieu lui-même.
Où encore Dieu n’est plus ici celui qui demande et exige il n’est plus celui qui se réduit à l’application d’une loi même morale ;  il est et devient celui qui me fait dire comme dans le texte de la Pentecôte : Comment se fait-il que j’entende les autres si bien qu’on croirait qu’ils s’expriment dans ma langue maternelle. Comment se fait que ce qui m’est le plus personnel et le plus proche, ma langue maternelle devienne universelle.
Certains pensent et croient que pour parler de Dieu il faut employer une langue particulière qu’il viendrait de temps à autre insuffler à ses disciples comme pour les assurer et leur donner confiance : les pentecôtistes de toutes sortes pensent et croient cela…  est-ce bien nécessaires et utiles… ne vaut-il pas mieux découvrir et croire en la force et la pertinence d’une parole qui soudain passe et se fait entendre et se fait comprendre.
Le souffle de Dieu qui fait vivre est présent quant soudain, quelqu'un entend et comprend ce que l’autre veut dire ; il est présent ce Dieu de la Pentecôte lorsque chacun exprime dans sa propre langue cette vie cet amour et cette espérance que le Souffle vient de déposer. Finalement ce sont les autres qui nous parlent de Dieu sans que nous les écoutions et les entendions ; ce sont les autres qui nous révèlent l’essentiel ; ce n’est pas en moi que réside l’essentiel. Et nous le savons bien : se comprendre et vivre de cette compréhension n’est pas chose simple pour chacune et chacun de nous, comme dans nos familles, comme dans nos pays, comme au sein des religions comme entre les cultures humaines ; or chaque fois que cela se passe alors la présence de Dieu est à l’œuvre ; chaque fois que je suis un réceptacle attentif chaque fois que je souhaite découvrir la valeur et la présence de l’autre alors, il se passe du divin ; alors s’élève et s’élèvera toujours une question toujours la même : qu’est ce que cela veut dire ? - qui est la question de la présence efficace-  de Dieu parmi nous.

Nous sommes promis à la réalité et à l’espérance de la Pentecôte, particulièrement les plus jeunes parmi nous, qui ont besoin de nous comme nous de leur question et de leur découverte.
Nous sommes tous promis non au confinement à l’enfermement du religieux mais au grand vent du large, au grand vent qui vient aussi du désert ; notre espérance c’est celle du souffle de Dieu qui nous relie, nous mettons en relation avec les autres seules garanties de la présence de Dieu.
 
Notre foi en ce souffle n’est pas  l’enfermement de la secte, elle n’est pas l’embrigadement dans une religion dominatrice, elle n’est pas réservée au petit nombre des initiés et des religieux, elle est au service d’un projet de vie, pour nous mêmes pour nos enfants et pour celles et ceux qui s’approchent sans trop savoir mais qui ne resteront pas insensibles à un avenir plein de promesses.
Le pain et le vin seront pour toujours les marques de ce souffle et de cette présence. Le pain est pain et le vin est vin ; leur vraie réalité est de pouvoir être partager comme un signe de vie et d’espérance. Chacun chacune alors peut comprendre et croire ce qui se passe dans ce signe simple et portant essentiel.

Des photos d'Istanbul
Des photos de Djibouti et centre paroissial en travaux
Encore Djibouti ?
  

 

lundi 18 mai 2015

Accompagner les personnes et les couples, un pas de plus :

Au terme d’un processus de réflexion et de débat mené depuis 18 mois dans toute l’Eglise, le Synode national de l’Eglise protestante unie de France réuni à Sète a décidé d’élargir les possibilités d’accompagnement liturgique des personnes et des couples.
Au cœur d’une décision de quatre pages, il a notamment adopté le paragraphe suivant :

« Le Synode est soucieux à la fois de permettre que les couples de même sexe se sentent accueillis tels qu’ils sont et de respecter les points de vue divers qui traversent l’Église protestante unie. Il ouvre la possibilité, pour celles et ceux qui y voient une juste façon de témoigner de l’Évangile, de pratiquer une bénédiction liturgique des couples mariés de même sexe qui veulent placer leur alliance devant Dieu. ».
Une telle bénédiction est bien une possibilité ouverte. Elle n’est ni un droit, ni une obligation. En particulier elle ne s’impose à aucune paroisse, à aucun pasteur.Les débats qui concernent les couples de même sexe sont souvent passionnés et exclusifs. Au-delà des arguments échangés, ils mettent aussi en jeu les histoires, personnelles, intimes et familiales.
Le synode a mené ses travaux avec le souci prioritaire des personnes et guidé par la volonté d’être témoin de l’Evangile de Jésus Christ :
« Nous trouvons la source de notre joie dans le « oui » premier que Dieu (…) pose sur nous en Jésus-Christ. Telle est la bénédiction qui fonde nos existences. Partager cette joie en étant à notre tour, porteurs de bénédiction pour les femmes et les hommes d’aujourd’hui, telle est notre vocation. »

Sète le 17 mai 2015 à 11h00

jeudi 14 mai 2015

Expo étonnante à Paris !

Les 4 saisons de N. Poussin : Le Paradis terrestre où le printemps ; Le Déluge où l'hiver ; Ruth et Booz où l'été ; La Grappe de Canaan où l'automne.



mardi 5 mai 2015

Visite et culte à Copenhague

Dimanche 3 mai à l'occasion de la rencontre européenne des Eglises francophones.

Lectures : Esaie 5, 1-7. Jean 15, 1-9   Matthieu 21, 33-46

La vigne, les ceps et les sarments, les fruits, le vin  sont les supports, les images les métaphores pour dire comment Dieu agit, rencontre, attend, espère et désespère.

La vigne a fasciné toutes les cultures et religions du bassin méditerranéen : en effet, elle implique une relation nécessaire avec le soleil ; une proximité avec lui, en est la condition première comme si la vigne n’était ni le fruit du hasard ni du n’importe où. Fascination aussi car son fruit bon en lui-même, peut encore être transformé en breuvage énergétique, précieux, savoureux de mille manières, troublant jusqu’à l’ivresse, jadis assimilée au monde des Dieux. La vigne et son produit, fruit à la fois, de la terre et du travail des hommes sont devenus les marqueurs de cultures et de religions.
Israël et ses anciennes traditions utilisent la réalité de la vigne du vignoble et de ses fruits. Dès les premières pages de la Bible on nous dit que  Noé premier agriculteur, planta une vigne, il en but le vin, s’enivra et se trouva nu à l’intérieur de sa tente (Gen. 9, 20).et ses fils durent déployer pudiquement son manteau pour cacher tout cela. La vigne c’est aussi central dans les banquets, c’est la réalité et la possibilité d’une expérience troublante où la vie et la mort se mêlent, mais c’est aussi la fête par la vendange et ses débordements, c’est aussi l’échange et la richesse par le commerce. Bref la vigne et ses fruits sont les supports possibles d’expériences fortes, limites, divines. Il n’est donc pas étonnant que les fruits de la vigne soient admirés et craints à la fois,  utilisés ou interdits par les religions.
2 grands chemins sont repérables dans les traditions bibliques à propos de la vigne ; le premier est celui de l’identification  du peuple d’Israël avec la vigne  celle que Dieu s’est choisie que Dieu a aimé et qui a déçu, c’est celui d’Esaie ; Le 2° chemin est celui de Jean et de l’identification de Jésus  avec la vraie vigne. Ce qui rassemble et réunit ces deux chemins c’est l’affirmation et la conviction que Dieu est le vigneron. La parabole des métayers révoltés, qui est l’évangile de ce jour  (Matth. 21,33-42) est un essai pour rassembler et unir ces deux voies.
Dans cette parabole je voudrai ce matin en relever en souligner quelques aspects qui seront pour nous parole de vie et espérance, qui seront encouragements et exigences qui seront pour nous breuvage et nourriture comme dans le repas préparé et partagé.  
La vigne c’est le peuple de Dieu ce sont celles et ceux qui appartiennent au Seigneur et qui se reconnaissent en lui. Il planta une vigne, l’entoura, creusa, bâtit et la donna. La vigne est la part la parcelle le lot du Seigneur. La vigne ne possède pas le propriétaire, elle ne possède rien elle est possédée par lui.
L’Eglise ne possède rien, les chrétiens ne sont pas les propriétaires de l’Eglise, ni de Dieu, ni des Ecritures. Les juifs ne possèdent pas la Thora ! Les musulmans ne possèdent pas le Coran ! Alors que nous sommes si prompts a élevé des clôtures pour nous protéger des menaces qui croyons-nous, nous guettent, voici que l’évangile nous dit que le Seigneur s’en occupe et qu’il est le propriétaire qui prend soin de sa propriété pour laquelle il manifeste attention vigilance et amour.
La vie chrétienne c’est ici la certitude que nous avons été plantés choisis, protégés et qu’il est mis à notre disposition comme un prêt sans intérêt, ce dont nous avons besoin pour vivre notre foi et notre vie sans crainte, dans rien défendre en acceptant d’être là en fermage en location pour d’autres, pour les autres et pour Dieu. Etre là pour Dieu c’est le recevoir comme propriétaire sans accaparer ce qu’il donne.
Le propriétaire partit en voyage. C’est le Tsimtsoum juif. Le fait que Dieu après la création en réalité se retire et laisse place à l’humain….

Nous aimons bien que Dieu à la rigueur nous accompagne ; nous pensons et croyons qu’il est toujours là qu’il est toujours présent. Et voici qu’ici le Seigneur partit en voyage, des variantes dans des paraboles nous disent même, qu’il partît au loin dans des pays lointains. F/S Il arrive que Dieu s’éloigne et qu’il nous laisse là non pas livrer à nous-mêmes mais avec ce qu’il nous a laissé. Dieu ne nous surveille pas sans cesse, il nous laisse parfois seul, libre et responsable de ce qu’il a préparé ; Nous aimons croire qu’il est à notre disposition et le voici ailleurs, sans doute pour d’autres ou avec d’autres.  Mais que fait Dieu ? où est votre Dieu ? ne pourrait-il pas intervenir, voyez tout ce qu’il laisse faire ! Oui il laisse faire ce que nous ne faisons pas suffisamment ; oui il est momentanément indisponible pour nous ; prière de ne pas déranger, injoignable provisoirement pour que nous existions comme ses fils et ses filles adultes dans la vie de la foi.

Le Seigneur est parti tranquille et confiant, il a fait ce qu’il fallait faire avant de partir ; il n’est plus là mais il se souvient ; ce qui caractérise la vigne comme les blés ou les arbres c’est bien la récolte, la vendange ou la moisson. Certes dans la parabole il y eut bien vendange, la récolte précieuse  a eu lieu mais elle n’est pas revenue à son destinataire ; les héritiers de la promesse n’ont pas respecté le contrat, ils ont compris l’absence du maître comme une bonne aubaine.
Ils se sont servis au lieu de servir. C’est ce qui est sans doute aujourd’hui le plus menaçant et le plus courant. C’est souvent aussi la marque des religions : c’est ce détournement du fond, c’est le refus de rendre à qui de droit, refus de rendre grâce, gloire, refus de rendre ce qui a été reçu comme si cette captation d’héritage allait nous accroître notre vie notre être, notre Eglise, notre foi. Là encore capter l’héritage c’est croire que nous pourrions être les seuls dépositaires de ce que Dieu fait et dit pour les hommes.

Selon l’Evangile,  faire la vendange c’est rendre la vendange. Agir dans l’Eglise, vivre notre foi dans notre travail, dans notre famille, dans toute notre vie, ce n’est pas d’abord convaincre les autres les ramener à nous, mais leur montrer que rendre service c’est bien rendre quelque chose, donner ce qui ne nous appartient pas, à quelqu’un qui est peut être parti en voyage et qui ne nous menace de rien du tout. Donner un sens à sa vie selon l’Evangile c’est  redonner, restituer et c’est cette restitution cette grâce rendue qui donne du prix à nos gestes nos paroles et à nos vies.

Dieu parfois est pris par sa propre audace ; sa confiance est bien souvent déçue les métayers s’occupent mal de la vigne. Ils veulent être héritiers et posséder et sont prêts pour cela à tout : tuer les envoyés du Maître, tuer les prophètes, tuer le fils. Aujourd’hui nous dirions : tuer la liberté, tuer l’amour, tuer la vie ! La violence ne caractérise pas notre temps. La mort de Jésus est signe de ce refus de rendre, elle est signe de cette incapacité  de croire que Dieu peut parler un autre langage que le nôtre.

Par Jésus, Dieu parle une nouvelle langue, un nouveau langage qui est désormais accessible au plus grand nombre et qui dépasse et franchit les frontières de la race du clan et même de la foi habituelle et sans cesse répétée et ritualisée dans la fidélité de son propre peuple.
En voyage le Seigneur a appris toutes les langues des hommes ; il a découvert si j’ose parler ainsi, que sa vigne n’était pas réservée aux métayers habituels et que d’autres serviteurs étaient intéressés par ce travail si particulier de planter de nouveaux ceps de remplacer les anciens, de creuser de nouvelles idées de nouvelles actions, de veiller sûr la fragilité de ses serviteurs.
 
Réapprenons sans cesse avec l’aide de Dieu à rendre ce qui a été donnée, à transmettre ce qui a été reçu, à élargir nos cordages, à ouvrir nos esprits et nos cœurs, à vivre de la promesse plutôt que d’héritage.
 
Au cœur de cette violence des hommes Dieu va trouver la force et le courage de bâtir à nouveau et de planter encore. La mort du fils va devenir la pierre d’achoppement pour celles et ceux qui ont une image de Dieu trop grandiose et trop sacrée ; elle va devenir la pierre angulaire, la pierre d’angle, sur qui  va reposer une nouvelle construction, d’une nouvelle vigne, de nouveaux serviteurs sur qui vont reposer de nouvelles relations qui produiront de nouveaux fruits.
Cette nouvelle vigne manifestera une promesse d’amour dira l’ev. Jean entre le cep et les sarments ; je ne vous laisserai pas orphelins et même si je pars ailleurs sachez que je viens à vous !
La vigne réclame beaucoup de soins elle peut produire le meilleur et le pire ; le maître de la vigne est exigeant sur la qualité, il nous laisse libre et responsable et nous propose encore aujourd’hui de vivre en relation avec lui et de vivre nos vies comme un cadeau, une récolte qu’il vient recevoir avec plaisir et reconnaissance.