mardi 21 janvier 2014

"Vivant jusqu'à la mort"


Eléments de réflexion de la Fédération protestante de France sur la fin de vie

La Fédération Protestante de France est consciente que, dans bien des cas, la manière dont la fin de vie est vécue dans notre pays n'est pas satisfaisante. Elle se vit le plus souvent à l'hôpital, hors du cadre familier de la personne, et fréquemment dans une certaine solitude, apparaissant ainsi angoissante pour nombre de nos contemporains.

Par ailleurs, bien des gens appréhendent la perte de leur autonomie et souhaitent pouvoir échapper à ce qu'elles considèrent comme une mort indigne. Bien que, selon notre foi, nous croyions que personne n'est entièrement maître de sa vie et que la dignité et la valeur irréductible d'un être humain ne dépendent en rien des conditions extérieures ni même de son état physique ou psychique, nous entendons ces craintes et considérons que la société doit chercher à répondre.

Il est vrai que, trop souvent, par manque d'informations, certaines personnes n'ont pas une conscience très claire des possibilités actuelles au niveau médical et législatif.

D'une part, le développement des soins palliatifs est déjà à même de répondre à bien des besoins en prenant soin des souffrances physiques et en accompagnant psychologiquement, voire spirituellement, les personnes dans les derniers jours de leur vie. Il est nécessaire de développer de tels services et plus encore, de favoriser une culture des soins palliatifs dans l'ensemble des services concernés par l'accompagnement de la fin de vie.

D'autre part, sait-on assez que, depuis 2005, la loi a évolué et ouvert des possibilités qui répondent déjà largement aux besoins et aux angoisses des personnes en fin de vie. Chaque patient est ainsi en droit de refuser toute obstination déraisonnable et même de refuser tout traitement. Face à des douleurs insupportables, il est possible de proposer des sédations en phase terminale qui soulagent le patient en le rendant inconscient, même si ce traitement peut parfois avoir également pour effet d'abréger la vie.

La loi peut certainement être améliorée, en particulier en rendant plus claire la possibilité de sédation en phase terminale ou en précisant la nécessité du caractère collectif des décisions à prendre dans ces situations extrêmes. Mais il nous semble qu'ainsi complétée, elle répond très largement aux situations dramatiques qui peuvent se produire.

Par ailleurs, si toute demande de mettre fin à ses jours doit être entendue comme un appel, il est
extrêmement difficile de déterminer dans quelle mesure cette demande est destinée à durer. Nombreux sont les cas où une attention affectueuse et un accompagnement de la personne dans ses différents besoins ont abouti à un apaisement réel et à la fin de la demande.

Actuellement, la société dans son ensemble - et cela concerne en particulier les soignants qui ont une responsabilité particulière - est perçue comme devant apporter aide et soutien. Un changement de la loi, autorisant à donner ou à faciliter la mort, ne pourrait qu'ébranler la confiance que la personne peut faire à son entourage. Elle pourrait même susciter chez certains, par souci de ne pas peser sur les leurs ou même la société, une sorte de « devoir » de quitter la vie.

En outre, le poids des contraintes économiques qui prennent une place toujours plus grande dans notre société – et dans notre système de soins - laisse craindre la possibilité de dérives qu'il est facile d'imaginer.

Le conseil de la FPF considère donc qu'il serait regrettable et dangereux que l'euthanasie soit dépénalisée et inscrite d'une manière ou d'une autre dans la loi.

Une telle affirmation n’empêche pas toutefois de prendre au sérieux la possibilité, dans des cas extrêmes, de répondre à la demande du patient d’une assistance médicalisée pour une fin de vie. Par cette assistance médicalisée s’exprimerait, dans le discernement commun et dans la confiance réciproque, non seulement la reconnaissance de la dignité et de la volonté du patient, mais aussi et surtout la pleine solidarité du corps social tout entier qui accompagne un de ses membres jusqu’à la fin, solidarité de la famille, des proches et du corps médical.

Mais une loi ne pourra jamais répondre à tous les cas de figure et on peut imaginer que des situations demeureront dans lesquelles les soignants pourront en conscience penser qu'accéder à la demande d'une personne qui souhaite mourir sera la seule réponse possible. S’il est important que cela demeure une transgression de la loi, il l’est plus encore d’être attentif à la singularité de chaque situation, et d’accompagner les patients, leur entourage, les médecins et le personnel soignant dans ces moments ultimes, où la conscience de chacun est engagée.

En effet, nous croyons que la vie est donnée par Dieu, qu’elle n’est pas sacrée en elle-même et qu’elle prend sa pleine signification selon le cadre relationnel dans lequel elle s’inscrit. C’est à protéger ce cadre que la loi doit veiller ; c’est à le rendre toujours plus vivant et respectueux de chacun que nous voulons contribuer.

Le 14 janvier 2014

lundi 13 janvier 2014

Urgence humanitaire en RCA

Le Conseil du Service protestant de mission - Défap, réuni à Paris les 10 et 11 janvier 2014, salue les initiatives de fraternité interreligieuse conduites par l’archevêque de Bangui Dieudonné Nzapalainga, le pasteur Nicolas Guerekoyame-Gbangou, président de l’Alliance des évangéliques en Centrafrique, et l’imam Omar Kobine Layama, président de la Conférence islamique de RCA. Depuis un an, ils mènent ensemble des actions auprès des autorités publiques, dénoncent le recours à la force, multiplient les occasions de dialogue entre les religions, lancent des appels au calme pour la population. Ces hommes sont l’honneur du témoignage religieux en RCA, ils indiquent un chemin de réconciliation, ils doivent être soutenus.

Le conflit en RCA est-il un affrontement entre chrétiens et musulmans ? La réponse du pasteur Nicolas Guerekoyame-Gbangou est un « non » catégorique. Il ajoute : « Ceux-là même qui utilisent le nom de la religion pour se livrer bataille ne sont pas pratiquants. »

Le Conseil du Défap est conscient de l’isolement de la France au sein de l’Union européenne en ce qui concerne son intervention, au sein de la Misca (Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine), pour tenter de rétablir l’ordre. Cette intervention est perçue par certains comme la poursuite d’une politique néocoloniale. Elle se justifiait pourtant : la faillite de l’État centrafricain, les tensions interethniques, des velléités annexionnistes venues du Tchad ou du Soudan, ont provoqué une profonde déstabilisation en République centrafricaine qui menace de s’étendre à toute l’Afrique centrale. S’y ajoute un risque d’affrontement entre un islam traditionnel et tolérant et un islam plus radical.

C’est pourquoi il nous semble urgent de répondre aux appels pressants que nos frères et soeurs de RCA nous adressent quotidiennement.

Le Conseil du Défap demande à la Conférence des Églises européennes de mobiliser ses Églises membres :
 - pour qu’elles interpellent leurs gouvernements respectifs sur la gravité de la situation en Afrique centrale ;
 - pour susciter une forte mobilisation parmi leurs membres et mettre en oeuvre une aide humanitaire d’urgence à travers la plate-forme ACT Alliance3, pour secourir les 1,8 million de personnes déplacées en RCA et dans les pays voisins.

Le Conseil du Défap demande aux autorités françaises de prendre l’initiative d’une action humanitaire d’urgence auprès des populations victimes de ce conflit. L’option prise par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) est d’attendre un relatif retour au calme avant de déployer du personnel humanitaire, mais les conditions dans lesquelles survivent les réfugiés dans la zone de l’aéroport, à proximité des forces françaises, et dans la cinquantaine de camps provisoires de l’agglomération de Bangui sont proprement inacceptables.

Nous demandons donc au gouvernement français de faire acheminer, sans plus attendre, des tentes, des latrines et une aide alimentaire d’urgence pour que ces personnes déplacées par milliers puissent être secourues.

Le Conseil du Défap s’adresse enfin aux chrétiens de France, pour qu’ils ne se laissent pas influencer par certaines interprétations simplistes sur le conflit en Centrafrique et qu’ils ne renoncent sous aucun prétexte à l’idéal qui est le leur : celui d’une humanité réconciliée sous le regard de Dieu. En acceptant de mourir par la violence des hommes, le Christ a abattu le mur de haine entre les peuples et les cultures. Nous voulons continuer à être parmi les acteurs de cette réconciliation, malgré tous les obstacles et toutes les provocations de ceux qui préfèrent la division à l’unité. Le Conseil du Défap appelle les chrétiens de France à la générosité et à la prière en faveur du peuple centrafricain.

Contacts presse :
- Au Défap : Franck Lefebvre-Billiez, 01 42 34 55 55, defap.franck@gmail.com
- A la Fédération protestante de France : Aude Millet-Lopez, 01 44 53 47 12, aude.milletlopez@protestants.org

Le Service protestant de mission - Défap est le service commun à trois Église protestantes de France, l’Église protestante unie de France, l’Union des Églises protestantes d’Alsace-Lorraine, l’Union nationale des Église protestantes réformées évangéliques de France. A travers le Défap, ces Églises sont en relation partenariale régulière avec deux Églises protestantes de Centrafrique : l’Église protestante du Christ-Roi à Bangui et l’Église évangélique luthérienne de la République centrafricaine. Le Défap est membre de la Fédération protestante de France.

mercredi 1 janvier 2014

Une année nouvelle !

Si on essayait d'être comme l'osier ! Numineux, Lumineux, Fragile jusqu'à à devenir Malléable, enfin Utile et Beau/Belle ! Bonne année nouvelle !