mercredi 30 août 2017

Au risque de l'Evangile

Tout au long de l’année, comme vous-mêmes sans doute, j’ai ressenti ici en France comme Outre-mer, comme dans les divers pays du monde où se trouvent nos communautés, ce que le sociologue autrichien Ulrich Beck a appelé voilà plus de dix ans, « La Société du risque » (1986 : Paris. Flammarion 2001). Ce que nous appelons aussi « la modernité » nos façons de vivre de penser de commercer, d’inventer s’expriment en risques annoncés, prévisibles et contre lesquels tout devient possible. Il s’agit donc de se protéger individuellement et collectivement contre ce qui est le point commun de nos sociétés, le ou les risques qui s’expriment et se développent sous forme de catastrophes prévisibles dans tous les domaines.
Cela est bien sûr évident lorsqu’on se souvient des traumatismes vécus par celles et ceux qui se trouvaient là au mauvais moment de l’explosion et d’un attentat par exemple. Cela est vrai aussi pour les risques sanitaires, les épidémies et les grippes aviaires annoncées ; la protection de nos corps, la santé publique est une vaste entreprise de productions et de commerces qui sont sensés prévenir les risques d’altération et de maladies qui nous menacent. On a pu dire que les efforts accomplis pour satisfaire nos corps avaient remplacé largement ce qui se faisait jadis pour le bien-être de nos âmes ! Risques sanitaires, risques climatiques, risques migratoires, risques de nos systèmes financiers, risques politiques, nationalistes, xénophobes ; on pourrait ainsi décrire nos sociétés et nos comportements en fonctions de ces annonces réelles et exagérées à la fois qui valident accréditent nos comportements sécuritaires au point de baisser les bras en ce qui concerne nos libertés, pour mieux assurer nos sécurités en tous domaines.

Par exemple, je lis aujourd’hui dans la presse à la une : « Alerte mondiale pour une cyberattaque géante » (Le Monde du 29 juin 2017). Ainsi notre cadre de vie désormais serait celui-ci selon Ulrich Beck : « La société du risque (qui) est une société de la catastrophe. L’état d’exception menace d’y devenir un état normal ».

Que signifie alors être l’Eglise de Jésus Christ dans cette société du risque et de la catastrophe ? C’est au fond bien cela qui nous intéresse et nous questionne. Participons-nous à cette description sociale et menaçante en ayant en fait peu d’espérance pour l’avenir de nos communautés et en gérant le quotidien c’est le cas de le dire au jour le jour ? Sans se poser trop de questions nous serions ainsi fidèles sans trop d’espérance ! Participons-nous à cette descriptions sociale et menaçante en donnant la solution, en étant l’Eglise de la solution, en répondant sans tenir compte des réalités contemporaines que Dieu en Jésus Christ sera la solution à tout et pour tous ?
Serons-nous enfin et c’est bien là que va ma préférence la communauté chrétienne qui entend et accompagne les peurs et les renoncements de nos contemporains pour discerner avec eux et avec la Parole de vie celle de l’Evangile des comportements nouveaux, des gestions nouvelles, des formes de gouvernance adaptées au temps présent comme aux exigences évangéliques. L’Eglise est au risque de l’Evangile de Jésus Christ ; les premiers chrétiens ont vécu ce risque comme une catastrophe bénéfique pour eux et pour le monde. Nos lointains ancêtres du XVIème siècle ont vécu parfois douloureusement cette tension entre le temps présent et le temps nouveau de l’accomplissement de l’espérance et du renouveau possible en Christ.
Etre fidèle au temps présent comme au temps nouveau de l’espérance de la foi et de l’amour c’est bien cela qui nous anime aujourd’hui comme hier. Les risques sont toujours là ils sont accompagnés par le risque nouveau, celui de l’Evangile qui nous permet de faire face, malgré tout. C’est bien dans les petites choses de nos vies communautaires que nous faisons face aux risques et aux défis auxquels nous sommes appelés.
cf suite bientôt : Site de la Ceeefe