dimanche 30 décembre 2012

Soyons heureux en 2013 ! C'est encore possible...


Joie de ceux qui sont à bout de souffle,

le règne des Cieux est à eux.


Joie des éplorés,
leur deuil sera plus léger.

 
Joie des tolérants,

ils auront la terre en héritage.

 
Joie de ceux qui ont faim et soif de justice,

ils seront comblés.


Joie des êtres compatissants,

ils éveilleront la compassion.


Joie des cœurs limpides,

ils verront Dieu.


Joie des conciliateurs,

ils seront appelés enfants de Dieu.

 
Joie des justes que l’on inquiète,

le règne des Cieux leur appartient.

 Trad. Ed. Bayard.

 

mercredi 26 décembre 2012

25 décembre aux Bordes sur Arize ! (Ariège, 43° 06′ 21″ N 1° 22′ 16″ E)


Lectures Esaie 9, 1-6 ; Luc 2, 1-20

L'Evangile c'est une parole qui court parmi les vivants et qui à tout moment se délivre et nous délivre de nos doutes et de nos certitudes, de nos déprimes et de nos errances et nous donne le courage d'être à nouveau. L'Evangile nous fait naître à nouveau.
 


Alors celui qui n'a pas trouvé d'accueil, nous accueille, celui qui a vécu ses premiers jours dans l'atmosphère troublée des recensements  policiers et d’identité nationale, nous  réconforte,  celui  que seuls les bergers, routards et marginaux ont reconnu, nous reconnaît.

Telle est, frères et sœurs, la Bonne Nouvelle de Noël. Ce qui était attendu commence d'arriver, ce qui était souhaité, se passe. Les premiers chrétiens en écrivant les récits de Noël ont tenté de dire que Dieu, une fois encore,  cette  fois  surtout,  intervenait  de manière radicale  et  paradoxale dans  la vie de hommes,  des femmes et des enfants.  Ils ont pour nous concentré toutes  les  espérances  de  leur peuple ; ils  ont récapitulé et raccourci toute l'histoire afin de la faire  résonner  dans  la  réalité  d'un  petit  enfant naissant.

Si les hommes ont marché sur la lune froide et vide, voici qu'ils disent que Dieu lui même vient marcher sur la terre bruyante et pleine de la vie des femmes, des hommes et des enfants. Telle est, frères et sœurs, la foi de Noël.

C'est la foi en un vaste et puissant rapprochement, qui s'exprimera à jamais dans la faiblesse et la précarité.

Noël c'est le grand rapprochement : ce qui  était éloigné,  s'approche,  la périphérie et  le centre  se mettent en étroite relation ; un vrai rapprochement qui ne va pas se figer, s'immobiliser ou s'arrêter mais se poursuivre et permettre à tous, à chacun d'aller plus loin et continuer sa route et sa vie afin de se sentir accompagné précédé et suivi de la présence d'un vivant qui ressemble à une parole qui demande à naître toujours à nouveau.

Faisons l'inventaire de ce rapprochement de Noël. Les  auteurs  bibliques  et  Luc  en  particulier  ont souhaité  situer  leur  espérance  dans  le  cadre  de l'histoire profane, réelle des hommes : César Auguste, le  monde  entier,  Quirinus,  la  Syrie. C'est le rapprochement de Dieu  avec  l'histoire  humaine  et contemporaine, celle qui nous inquiète, nous fascine, nous menace et nous intéresse. Ce qui pourrait paraître le plus  éloigné  des  préoccupations  religieuses  des hommes : l'organisation du monde - devient la cadre de l'espérance et de la foi de Noël. L'horizon ne peut être d'abord que celui d'une solidarité humaine large et totale ; les personnages du monde,  les pouvoirs et les injustices des hommes deviennent concernés ; Celui qui est annoncé et décrit comme Sauveur et Seigneur ne ressemblera  pas  aux  seigneurs  et  sauveurs  humains, constamment fragile il ne cessera jamais d'apparaître critique et menaçant à l'égard de tous les pouvoirs : le salut des hommes n'est pas une réalisation humaine et pourtant il se tient dans l’histoire, c’est le paradoxe de la foi de Noël.

Le deuxième élément de cet inventaire réside dans sa datation, dans la cadre d'une contrainte au temps de Quirinus. On ne rejoue pas chaque année Noël, on ne -revit pas, on ne redit pas Noël. C'est fait. Il s'agit bien maintenant et cette année de dégager de mesure et de repérer l'ensemble des conséquences de cette expression de foi et d'espérance.

Rapprochement  avec  l'histoire  générale  mais  aussi rapprochement  au  cœur  de  la  tradition  du  peuple d'Israël,   au  cœur  de  la  tradition  familiale. Convergence efficace entre un homme et une femme qui deviennent le cadre de la proximité de Dieu avec son peuple.  Avec Joseph et Marie,  avec Bethléem et la Judée,  avec  David  c'est  toute  l'histoire  d'une tradition  qui  se  trouve  récapitulée  et  contestée. Israël lui même est appelé à changer ses pratiques et ses  habitudes;  si  la  nouveauté  naît  au  sein  des traditions c'est aussi pour les transformer. Ce qui a été jadis réalisé, n'est ni perdu ni oublié, mais là n'était pas le salut. Voici qu'aujourd'hui, au présent, le passé du peuple est mis à jour et à nu il est actualisé ; l'histoire d'Israël n'est pas seulement 1' histoire des ancêtres glorieux et vénérables, voici que l'attente continue d'un Messie va s'exprimer dans celle de deux illustres inconnus, Joseph et Marie.

L'histoire de Dieu sur la terre des hommes n'est plus celles des héros  mais  plus  sûrement  celles  des  oubliés  de l'histoire.   Tous   ceux  que  l'on  allait  oublier redeviennent importants. Le passé glorieux affleure dans la vie inattendue de gens ordinaires. Noël   dans   l'histoire   générale,   dans   l'histoire particulière d'un peuple, mais aussi dans l'histoire cosmique et théologique ; Noël c'est aussi la proximité du ciel et de la terre. Là encore les médiateurs sont surprenants: des bergers agents étonnés et curieux de ce rapprochement.  Ce qui les caractérise d'ordinaire c'est  plutôt  la  rudesse    1'apreté  plus  que  la bienveillance et la douceur ; les voici compromis dans l'espérance et la foi de Noël. Lorsque la foi nous permet de dire que Dieu vient parcourir la vie et la terre, des  hommes les plus éloignés de ce genre de préoccupations reçoivent la capacité d'y entrer et d'y participer. La révélation divine n'est pas promise aux mystères elle n'est pas réservée aux tourmentés,  aux amateurs  de  l'extraordinaire,  voici  qu'elle  passe désormais  par  ce que  nous pensons  souvent être  la périphérie ; non seulement les oubliés de l'histoire, mais aussi les exclus de l'histoire. Débarrassés de toutes   les   fausses   préoccupations   des   hommes, affrontés à la dure quotidienneté, aux problèmes vitaux et  réels  de  l'existence difficile  et  menacée,  les bergers  sont  les  anti-héros  et  les  porteurs  d'une révélation qui les dépasse peut être,  mais qui les concerne surtout.

 Enfin il me semble, que l'on pourrait aussi souligner un dernier rapprochement, celui qui a lieu dans la personne  même  de  Marie ;  il  est  signe  de  tout rapprochement qui s'effectue en nous-mêmes, entre le raisonnable et  l'incroyable,   entre l'acceptation personnelle et le don, le partage avec tous autres. C'est  ce  qui  se  passe  sans  cesse  en  nous  comme tiraillement entre ce qu'il est possible de faire, de croire de penser. C'est la découverte d'être soudain concerné  par  ce  qui  était  inespéré  et  sûrement incroyable. Frères et Sœurs, ces divers rapprochements sont pour nous les lieux où peut s'exprimer et s'actualiser notre foi et notre espérance de Noël.

Noël c'est l'enfant et César. Il y avait en ce temps là un César Pontifex, qui se disait Auguste et ne faisait rire personne, il imposait la présence de ses légions à tous les peuples, il se disait sauveur et réduisait les étrangers à l'esclavage, il se disait seigneur et le ciel et la terre étaient fermés à l'espérance. Là où nous sommes comme nous sommes nous avons à faire le lien et le rapprochement entre notre espérance et notre foi de Noël avec la vie de notre monde.

 Noël c'est l'enfant et Israël : II  y  avait  en  ce  temps    une  religion  et  des religieux, qui faisaient certes ce qu'ils pouvaient; mais leurs rites et leurs pratiques s'épuisaient; il y avait les purs et les autres, les bons et les autres. Là où nous sommes comme nous sommes nous avons à faire le lien et le rapprochement entre notre espérance et notre foi de Noël avec l'usage que nous faisons de la religion, de ses signes et pratiques au service d'une fidélité plus exigeante et renouvelée.

Noël c'est l'enfant et les bergers. Il y avait en ce temps là des gens de la périphérie, les banlieusards dans tous les domaines ; l'authenticité de  l'engagement  des  chrétiens  et  sa  vitalité  passe probablement aujourd'hui par la remise au centre de tous ceux et celles qui sont en manque d'humanité. Là où nous sommes et comme nous sommes, nous avons à faire le lien et le rapprochement entre notre foi et notre espérance  de  Noël  avec  ce  qu'il  ne  convient  plus d'accepter.

Noël c'est l'enfant et Marie. En ce temps là il y avait une femme promise à Joseph et à un grand avenir sans qu'elle en sache quelque chose. Dans l'existence ordinaire de sa vie, l'extraordinaire à surgi pour le meilleur et pour le pire. Elle a dit : pourquoi pas ? Là où nous sommes et comme nous sommes nous avons à faire le lien et le rapprochement  entre notre foi et notre espérance de Noël et notre propre existence. Ainsi l'enfant de Noël n'est pas seul, il n'est pas isolé, il est en relation avec notre réalité ; il fait lien, et met en relation ce qui pour nous et en nous ne l'était pas. Pour être Sauveur, Christ et Seigneur il vivra et mourra  comme un  serviteur,  pour  être  le Maître, pour nous il sera l'esclave, pour être crédible il sera incroyable. Le jour de Noël un certain silence, un certain conformisme est rompu. Noël ça fait du bruit à  l'extérieur  comme  à  l'intérieur : chez  Hérode, Quirinus, César, chez Joseph et Marie chez les bergers et même chez les anges : puissions nous ne pas mettre en sourdine l'écho de ces bruits, ils sont pour nous les signes de  l'espérance et de la foi de Noël ; comme disait Luther, arrêtons de vouloir escalader le ciel, allons plutôt à Bethléem, lorsque cela sera possible et puisque dit-on,  il n'y avait pas de place pour eux, essayons de leur en faire une,    où nous sommes et comme nous sommes, afin d'être reliés à eux, à tous les autres, à nous mêmes. Laissons-nous envahir par la foi et l'espérance de Noël.
 

« Chacun devrait connaître au moins un lieu une place dans son entourage où il peut par son initiative, adoucir une douleur, réparer une discordance, aider à découvrir une vérité, dénoncer une tension, former une amitié » C.F. von Weizacher.


 

dimanche 23 décembre 2012

Se construire soi-même ; être construit et reconstruit

Lectures : 2 Samuel 7, 1-16 – Jean 2, 13-25


« Le Seigneur t’annonce que le Seigneur te fera une maison »
2 Samuel 7, 11.

 Où est Dieu ? Cette question simple et directe affleure derrière l’affirmation du prophète Nathan devant le roi David ; elle se dissimule aussi cette question de l’habitation divine dans l’action spectaculaire de Jésus qui pour l’évangéliste Jean inaugure le ministère de Jésus. Alors que cette attitude critique va clore pour les autres évangiles le ministère de Jésus.

Où est Dieu ? C’est une question tardive pour le peuple d’Israël puisque avant David la question n’a pas de sens puisque l’évidence s’affiche clairement : Dieu se tient complètement dans l’alliance dans la relation qu’il a établie avec son peuple. Bien sûr, il fallût bien concrétiser tout cela, est ce fut le rôle de l’arche précisément de l’Alliance itinérante, devant laquelle dansa David.

Dieu se tient dans sa Parole écrite, celle qui rappelle l’élection, l’alliance la solidarité inaliénable entre Lui et son peuple. David le bien-aimé à qui tout réussi ou presque veut aller plus loin et répondre à la face du monde à cette question : c’est le projet de la construction du Temple.
On connaît la suite, destructions et reconstructions scanderont la vie du peuple d’Israël et le risque sera grand de figer la foi, dans des pierres ; et même des murs en ruines, sont aujourd’hui au centre des processus de guerres et de paix. 

Où est Dieu ? Le voici pour les premiers chrétiens dans la personne de Jésus, le Fils et le messie attendu et inattendu : le voici à l’œuvre dans sa vie, ses rencontres, ses paroles, sa mort et sa résurrection. En lui la coïncidence entre Dieu le Père et l’homme est presque parfaite.

Où est Dieu ? Dans le ciel comme pour dire qu’il n’est plus ici comme une idole et comme pour dire que rien ne peut le localiser ni l’enfermer. Là est bien la différence entre une idole et le Dieu de Jésus Christ. On peut décrire l’idole on ne peut pas décrire Dieu et ses représentations bien que souvent interdites, n’arrivent pas à le rendre présent ni à le voir. Alors où est Dieu ?

 Il est là, on va le voir,  où on ne l’attend pas, où on ne l’attend plus ; il est là dans des lieux et des temps qui ne sont souvent pas dignes d’un Dieu. Il est là dans des constructions imprévisibles et qui sont fragiles car elles sont vivantes et dévoyées à la fois puisque le risque est grand d’en faire un commerce, par des sacrifices fructueux pour l’institution sacerdotale, d’organiser aussi un pèlerinage ; d’en faire aussi et de fabriquer même des reliques et reliquaires de toutes sortes.

 Les hommes et les femmes de tous les temps aiment construirent, bâtir, édifier.

Cela fut sans doute nécessaire, pour se protéger des climats et des autres, toujours menaçants. On peut facilement raconter l’histoire humaine par la description de  leurs constructions : depuis l’aménagement ou la construction de grottes préhistoriques, en passant par les huttes, les cités lacustres, les pyramides, les remparts, les châteaux forts, les villas, les palais, les immeubles et les tours, sans oublier les temples et les cathédrales, les minarets et les mosquées et les synagogues, les maisons, les oratoires.

 Construire, toujours construire, c’est la raison et la grandeur de l’humain. Et cela est bon.

Mais où est Dieu, est-il dans ces constructions ? Pas vraiment mais un  peu tout de même. La construction nécessaire est là pour incarner matérialiser la présence car nous ne sommes pas de purs esprits, et avons besoin de repères concrets et signifiants. Les lieux, nos maisons, nos appartements, nos lieux de rencontres disent une certaine solidité, une certaine sécurité ; ils peuvent exprimer à la fois l’intime, le privé et la relation et l’ouverture aux autres, le passage.

Au peuple d’Israël, au temps de David, au faîte de sa puissance, le Seigneur dit : tu veux construire un Temple ; c’est moi qui vais construire pour toi une maison.

Au projet normal où se confond royauté, sainteté, prêtrise, est substituée l’annonce de la descendance et des générations successives qui vont combler et rendre évident nos besoins d’édification et de construction.

Où est Dieu ? dans la relation entre toi et les autres entre toi et les tiens entre ton peuple et les peuples entre ta famille et les autres tribus et clans ; Où est Dieu sinon entre toi et toi let les autres.

 A David, le prophète Nathan donne, c’est son nom, donne l’ordre et indique qu’il est urgent d’arrêter de construire pour Dieu, car construire pour Dieu c’est  se faire un nom comme à Babylone. Et voici qu’en guise de construction figée grandiose et immobile, Dieu donne la promesse d’un avenir vivant turbulent et incontrôlable celui d’une dynastie, d’une descendance qui en étonnera plus d’un.

Pour Jésus, Dieu n’investit plus dans la pierre qui est devenu et qui risque toujours de devenir un enfermement, un dévoiement de la présence. 

Déjà pour David, Dieu n’investissait plus dans la pierre, il le fera avec Salomon ; Dieu investit et s’investit dans la relation au cœur d’une famille, au sein des générations. Avec David, Dieu renouvelle de façon grandiose la promesse faite à Abraham en instituant une construction nouvelle, comme un service à vivre, dans la vie concrète d’une famille, celle du berger devenu le grand roi.

Deux personnages David et Jésus : parents et étrangers l’un pour l’autre, un roi et un serviteur ; deux sortes de bergers : ils sont au commencement d’une nouvelle histoire pour eux-mêmes comme pour leur peuple.

 La maison de Dieu est en construction, ces plans ne seront ni ceux ni de David ni ceux de Jésus  ; l’un avait rêvé d’une plus grande gloire, l’autre d’anonymat ; leur destinée est changée, mais la construction est à l’œuvre par eux, plus encore que pour eux. 

 Toute proportion gardée, nous sommes au bénéfice de la parole annoncée et donnée à David par Nathan le prophète ; et nous sommes au bénéfice de l’action initiale de Jésus qui nous dit le risque de privilégier le rite ; de mettre en avant les à-côtés de la relation avec Dieu au détriment de l’annonce et d’une relation qui deviendra prière. Nous sommes les sujets d’une annonce : Dieu vient de façon troublante et inattendue à notre rencontre.

Nous voudrions faire plus pour lui et avec lui, comme si nous savions où il est et qu’elle est sa demeure. Il vient faire sa maison chez nous, il vient habiter nos espaces personnels et faire vivre en nous l’assurance d’un avenir dans lequel il se tiendra.

 Nous voulions nous rassurer avec lui, il vient habiter nos incertitudes et nos insécurités d’aujourd’hui et de demain ; nous voulions être tranquilles, nous ne demandions rien à personne, satisfait de notre sort même fragile et de nos bonnes relations avec Dieu ; habitués à une langue des signes des habitudes ;

Nous voici propulsés, envoyés au devant de la scène sans connaître le contenu de la pièce, sans connaître le programme, appelés à faire confiance, à faire corps avec un projet énorme : dire Dieu dans la rencontre et dans la relation ;

Si Dieu ne bâtit la maison ceux qui bâtissent, construisent en vain. David et Jésus  sont aussi à leur manière les fondateurs de la communauté des croyants.

Ils accueillent une parole vivent d’une parole qui construit en eux et au-delà d’eux-mêmes un nouveau modèle relations à vivre.

Ils sont les créateurs d’une communauté de foi, de confiance car ils acceptent de recevoir le don d’une promesse ; celle d’un avenir accompagné, la promesse d’un futur habité, humanisé, concret avec ses moments faciles et heureux et ses temps de difficulté de doutes et d’amertume dans lequel le Seigneur sera présent.

Voilà enfin l’habitation et la demeure de Dieu. Au milieu des hommes et des femmes et en particulier auprès de celles et ceux qui lui font confiance pour le présent et pour l’avenir.

Avec David et sa parole, avec Jésus et son geste réformateur, la communauté de l’Eglise, à travers l’histoire de ces grandeurs et de ses faiblesses est la réceptrice d’une double annonce celle d’une promesse de construction et de reconstruction en nous ; et celle d’une présence toujours disponible

 Ceci n’est pas un principe ni un dogme ni un théorème ni un postulat sur lequel nous pourrions échafauder, je ne sais quelle théorie. 

 Cela ne peut devenir une certitude, que si nous acceptons cette annonce pour nous. Cela devient une certitude si nous acceptons que Dieu construise en nous sa vie, pour bâtir la nôtre où la confiance l’espérance et l’amour se mettront à renaître et où le service du prochain deviendra, le service de Dieu. Cela devient vrai lorsque nous laissons ce qui encombre ce qui parasite ce qui détourne pour viser à nouveau le centre l’important, l’essentiel ; Dieu est là proche et nul ne peut mettre la main sur lui

 Celui qui construit et reconstruit chez nous et en nous,  nous invite à construire et reconstruire son amour et sa fidélité.

 Nathan, David et Jésus, sont aussi nos ancêtres dans la foi ; Ils sont les accompagnateurs de nos vies, ils nous donnent une nouvelle famille ; ils sont pour nous, une promesse d’espérance pour notre présent et notre avenir, là où est Dieu ; Là où il se tient, décidément, pour nous : dans un geste de rencontre, dans une parole qui met en relation.

lundi 17 décembre 2012

Que nous faut-il faire ? Dimanche 16 décembre à Foix (Ariège)

Evangile selon Luc ch 3 :
 
10  Les foules demandaient à Jean : « Que nous faut–il donc faire ? »

11  Il leur répondait : « Si quelqu’un a deux tuniques, qu’il partage avec celui qui n’en a pas ; si quelqu’un a de quoi manger, qu’il fasse de même. »

12  Des collecteurs d’impôts aussi vinrent se faire baptiser et lui dirent : « Maître, que nous faut–il faire ? »

13  Il leur dit : « N’exigez rien de plus que ce qui vous a été fixé. »

14  Des militaires lui demandaient : « Et nous, que nous faut–il faire ? » Il leur dit : « Ne faites ni violence ni tort à personne, et contentez–vous de votre solde. »

15 ¶  Le peuple était dans l’attente et tous se posaient en eux–mêmes des questions au sujet de Jean : ne serait–il pas le Messie ?

16  Jean répondit à tous : « Moi, c’est d’eau que je vous baptise ; mais il vient, celui qui est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de délier la lanière de ses sandales. Lui, il vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu ;

17  il a sa pelle à vanner à la main pour nettoyer son aire et pour recueillir le blé dans son grenier ; mais la bale, il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas. »

18  Ainsi, avec bien d’autres exhortations encore, il annonçait au peuple la Bonne Nouvelle.

Les gens sont plus curieux qu’on ne le croit parfois ; nos contemporains s’interrogent à cœur ouvert ou dans le secret de leur for intérieur, ou bien encore dans des discussions de café du commerce : Que faut il faire pour échapper à la grippe ? Que faut-il faire pour être  français ? Que faut-il faire pour sauver la planète ? Et bien d’autres questions encore…Que faut-il faire pour que des enfants ne soient pas tués dans une école....

Les humains et c’est sans doute une marque une trace de leur ressemblance divine les humains comme Dieu, s’interrogent.  On se souvient des questions initiales du Dieu de la Bible : Où es-tu ? Qu’as-tu fait ? Et pour parler de la subsistance voici que la manne – ce qui nourrit -  va se traduire par qu’est-ce que c’est ? Une autre vraie  question pour chaque jour ! Malheur à celles et ceux pour qui il n’y aurait pas ou plus de questions. Tristes sont ceux et celles qui ne se posent plus de questions ou une question au moins.

« Les foules demandaient à Jean : Que nous faut-il donc faire ? » Une relation étrange va s’établir entre Jean et Jésus, entre leurs disciples respectifs entre les premiers chrétiens qui vont se regrouper autour de l’un sans effacer l’autre. Leurs personnes sont difficiles à cerner à comprendre à mettre en harmonie et en perspective. Certes l’un est précurseur de l’autre ; l’un est la voix qui annonce celui qui vient ; l’un reconnaît l’autre mais l’autre reconnait aussi celui qui l’a précédé : « parmi ceux qui sont nés d’une femme, dira Jésus dans l’évangile de Matthieu (11,11) il ne s’en est pas levé de plus grand que Jean le Baptiste ».

Jean est celui qui peut répondre à la question du faire ; de l’agir ; du concret comme on dit aujourd’hui. Il parle de rémission de tout ce qui ne va pas – on dira des péchés – mais il fait des gestes et il est le prophète des signes visibles et aussi inoubliables pour celles et ceux qui les vivent : être plongés dans l’eau du Jourdain laisse le souvenir de sensations comme si le corps et l’esprit étaient concernés, comme si toute la personne était mobilisée par ce geste fort et réaliste.  Jean représente aussi celui qui a des idées bien précises, des convictions, une compréhension du monde des autres et des rapports avec Dieu ; il est l’intransigeant des évangiles ; il est le kamikaze même des évangiles ; il va mourir injustement pour une affaire de mœurs royales, c'est-à-dire pour un fait divers banal et commun. Il dérange et disparait sans histoire et sans suite.

Il nous intéresse car il donne des solutions simples et efficaces à nos problèmes à nos situations complexes, à nos questions pertinentes ; il donne des réponses claires à de banales questions existentielles. Avec lui l’existence concrète est concernée.

La nourriture et le vêtement : c’est du basique. Il vaut mieux ne pas s’alourdir avec ça. Avec la vie, la mienne avec mon existence il n’est pas nécessaire de trop s’appesantir sur son sens et sa destination ; il vaut mieux simplement partager avec quelqu’un d’autre. Sa morale son sens de la vie est compréhensible par tout un chacun ; c’est d’une grande clarté. Il vaut mieux que quelqu’un d’autre soit concerné par mon avoir plutôt que j’en sois le seul maître le seul gérant. Ce qui doit me protéger et me faire vivre concerne aussi celui qui a besoin de protection et de vie. 

Ce qui a été souvent observé c’est que Jean ne prêche pas dans les synoptiques un idéal de vie, un mode d’organisation, une conception des rapports humains ; Il n’annonce même pas une doctrine, il ne prêche pas une morale ou un idéal de pauvreté comme le feront plus tard bien des chrétiens célèbres comme par exemple St François d’Assises. Il ne dit pas qu’il faut se dépouiller pour vivre vraiment selon la volonté de Dieu.

Il dit simplement que le premier niveau de la vie chrétienne ou la vie avec et devant Dieu, c’est la découverte que je n’ai rien en double, je n’ai aucune sécurité et que ma vie est liée à la présence de l’autre qui n’a pas, non plus de sécurité.

Sa morale a aussi un second niveau, un second étage très curieux. C’est le mélange ; c’est l’affirmation de la non-séparation. Au fond il ne croit pas comme certains juifs de son époque et comme le croiront plus tard de nombreux chrétiens  qu’il y a des métiers indignes devant Dieu, qu’il y a des catégories d’activités qui représentent ce qui est mal, mauvais, impurs, incapables de connaître la vérité. Il ne croit pas que les collecteurs d’impôts sont tous des voleurs ; eux aussi ont accès à une conscience morale : de même pour les militaires qui en ce temps et en temps de crise se servent volontiers sur place sur le terrain ; aux uns et aux autres il demande de la retenue et de l’exigence dans la réalisation de leur activé choisie ou imposée ; au fond c’est dans la manière de vivre sa fonction que la personne apparaît en vérité. Ce ne sont pas les fonctions qui disent ce que sont les humains mais bien les humains qui font vivre en vérité les fonctions ou les activités les plus diverses.

On pourrait dire que Jean serait choqué devant des fonctionnaires ripoux ; devant des commerçants malhonnêtes, devant des personnages investis de l’autorité en train de profiter de leur situation. Cela est évident cela est en soit banal et voilà que cela revêt chez Jean le baptiste une grande importance ; voici que pour lui ces remarques de morale basique font de lui un personnage respecté qui suscite l’attente et l’interrogation : Le peuple était dans l’attente…

Jean nous intéresse ; il nous dit dans cette histoire qu’il y a des moments de l’histoire où le rappel de la simplicité et de l’évidence morale devient nécessaire utile et qu’elle trouve un accueil favorable. Paul dira que tout est permis mais que tout n’est pas édifiant et qu’il faut sans doute revenir à nos bases ; à des fondamentaux souvent oubliés ceux d’une morale limpide où la place de l’autre est décisive pour ma vie que je ne suis pas intéressant tout seul  et que la sens de ma vie de découvre lorsque je ne me dépossède pas mais lorsque je donne à l’autre comme par l’intermédiaire d’un Etat généreux, ou d’une Eglise qui ne vit plus pour elle-même.

Cependant L’Eglise chrétienne n’a pas suivi Jean mais Jésus comme Christ. L’apôtre Paul n’a  pas été le missionnaire de Jean mais de Jésus comme Christ. Qu’est-ce que Jésus apporte que Jean ne connaissait pas et qu’il devinait peut-être ? Voilà notre ultime question de ce jour.

Une tentative de répondre pourrait être contenue dans le mot et la réalité du Bonheur. Il sera nécessaire de passer d’une  morale juste et bonne à une étape supérieure qui va rejoindre la préoccupation de tous les humains celle de la recherche de la quête du Bonheur. Jésus dira : heureux vous qui … vous êtes heureux si votre recherche du royaume vous conduit à la rencontre de l’autre, au partage de ce qui vous encombre, de ce que vous avez en trop et qui n’est pas nécessaire. Le bonheur se tient là à votre porte de vos maisons, de vos fonctions, de vos Eglises, de vos pays, de votre humanité.

A la suite des traditions juives, la religion chrétienne est une religion d’annonce d’un bonheur qui prend corps dès ici-bas. Le psaume 4 disait déjà : Ah ! Qui nous enseignera le bonheur ?  Les béatitudes sont la manière dont le Christ dit le bonheur pour les artisans de paix et de justice, pour ceux qui pleurent avec ceux qui pleurent et qui se réjouissent avec ceux qui sont dans la joie.

Ici est affirmé « l’horizon d’une vie sous le signe de la bienveillance parce que le bonheur dira Ricoeur, ce n’est pas simplement ce que ne n’ai pas, ce que j’espère avoir, mais aussi ce que j’ai goûté. » La foi chrétienne va annoncer  la certitude qu’il y a encore quelque chose à attendre de la vie. Elle va dire : je m’attends encore à du bonheur. Quelque soit mon âge, ma situation, ma fonction.

Jean disait : pratique le partage ! Soit honnête avec les autres ; renonce à tes petits privilèges ; à la suite de Jésus comme Christ, ses témoins diront à leur manière : Sois heureux maintenant et demain. Sois heureux dans ta vie malgré les malheurs et les souffrances qui sont là ; regarde j’y succombe moi aussi et pourtant j’attends encore quelque chose de ma vie et de la tienne, de la nôtre.

Ceux qui ont lu « Réforme » cette semaine vont retrouver là, les traces d’un article de Ricoeur avec cette fameuse annonce de la foi chrétienne celle d’une pratique et « d’un désir d’une vie accomplie avec et pour les autres et cela dans des institutions justes ».

Jean c’est un pédagogue, il nous apprend à nous comporter avec les autres pour découvrir notre propre réalité. Jésus est un maître de sagesse, il nous entraîne vers la pratique et l’annonce d’un véritable bonheur de vivre aujourd’hui et demain. Nous préférons parfois sans le savoir l’existence concrète et banale de Jean le Baptiste ; pourtant Le Christ nous invite et nous appelle à sa suite vers la réalisation d’un bonheur partagé toujours neuf, toujours troublant.

mercredi 12 décembre 2012

Changements et permanences


Evangile selon Marc ch 1 :

1  Commencement de l’Evangile de Jésus Christ Fils de Dieu :

2  Ainsi qu’il est écrit dans le livre du prophète Esaïe, Voici, j’envoie mon messager en avant de toi, pour préparer ton chemin.

3  Une voix crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers.

4  Jean le Baptiste parut dans le désert, proclamant un baptême de conversion en vue du pardon des péchés.

5  Tout le pays de Judée et tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui ; ils se faisaient baptiser par lui dans le Jourdain en confessant leurs péchés.

6  Jean était vêtu de poil de chameau avec une ceinture de cuir autour des reins ; il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.

7  Il proclamait : « Celui qui est plus fort que moi vient après moi, et je ne suis pas digne, en me courbant, de délier la lanière de ses sandales.

8  Moi, je vous ai baptisés d’eau, mais lui vous baptisera d’Esprit Saint. »

Esaïe ch 40 :
 
1  Réconfortez, réconfortez mon peuple, dit votre Dieu,

2  parlez au coeur de Jérusalem et proclamez à son adresse que sa corvée est remplie, que son châtiment est accompli, qu’elle a reçu de la main du SEIGNEUR deux fois le prix de toutes ses fautes.

3   Une voix proclame : « Dans le désert dégagez un chemin pour le SEIGNEUR, nivelez dans la steppe une chaussée pour notre Dieu.

4  Que tout vallon soit relevé, que toute montagne et toute colline soient rabaissées, que l’éperon devienne une plaine et les mamelons, une trouée !

5  Alors la gloire du SEIGNEUR sera dévoilée et tous les êtres de chair ensemble verront que la bouche du SEIGNEUR a parlé. »

6  Une voix dit : « Proclame ! », l’autre dit : « Que proclamerai–je ? » –« Tous les êtres de chair sont de l’herbe et toute leur constance est comme la fleur des champs :

7  l’herbe sèche, la fleur se fane quand le souffle du SEIGNEUR vient sur elles en rafale. Oui, le peuple, c’est de l’herbe :

8  l’herbe sèche, la fleur se fane, mais la parole de notre Dieu subsistera toujours ! »
 
Voici les temps de changements et de recommencements et dans ces temps troublés, y a t-il une réalité qui demeure, une réalité qui était qui est et qui vient : cette réalité ressemble à une parole, celle de Dieu, une parole comme une espérance. 
Parfois nous disons et croyons qu’avant c’était mieux ; un grand nombre de nos contemporains pensent et croient cela ; comme si nous avions besoin pour affronter les réalités difficiles d’aujourd’hui, d’embellir celles d’hier ou d’avant hier. Il est sans doute nécessaire aux humains de croire en un temps, un âge d’or ! voire en un moment stable positif agréable et heureux qui serait une aide efficace pour vivre les temps présents caractérisés souvent caricaturés parfois comme par exemple, le temps de la crise. Comme si la crise, la grande crise était celle que nous vivons celle de notre société de nos systèmes devait nécessairement s’exprimer dans l’oubli des crises violentes qu’ont vécu nos aïeux.
Nous vivons de changements en changements et peut-être de recommencements en recommencements ; non pas dans un cycle celui par exemple de l’éternel retour, mais dans un rythme parfois saccadé et peu mélodieux où nous avançons sans trop savoir où nous allons ; ces saccades de l’histoire celles de nos existences,  nous constituent.
 La liturgie est le retour de ce qui est semblable et chaque fois différent car je ne suis pas le même qu’hier ou que la semaine dernière ; les saisons, les fêtes expriment ces commencements sans cesse à revivre et à recommencer. De temps en temps nous avons envie de vivre les choses autrement ; faire du neuf et du nouveau ; vivre ce temps de préparation et d’attente de Noël d’une façon différente et neuve.
 
« Vivre Noël autrement » un groupe de chrétiens inter-églises sont concernés par ce genre de projet : il s’agit d’arrêter de consommer pour consommer ; il s’agit de tenir compte de la planète et de se mettre en souci pour nos contemporains proches ou lointains qui eux n’ont rien et sont sans espérance aucune. Il s’agit à ce niveau de ne plus faire seulement la charité mais dans la foi et à cause d’elle de s’enquérir plus que jamais des causes de ce qui empêche des humains d’être des humains. Vivre autrement, avoir d’autres idées, d’autres réflexes, d’autres actions. Comment conjuguer, articuler le neuf ou le nouveau que nous sentons en nous avec l’ancien, la vieille histoire qui est aussi la nôtre ?
Avant ce n’était pas vraiment mieux ; il n’y a pas d’âge d’or de l’humanité. Cela est vrai, en particulier pour les premières générations de chrétiens, nos ancêtres dans la foi qui ont dû affronter des paniques et des crises si fortes qu’elles sont arrivées jusqu’à nous dans les témoignages des Ecritures qu’ils nous ont laissés.
 Les textes que nous avons lus aujourd’hui dans la communion de l’Eglise universelle, disent 3 changements d’orientation et au moins 3 paroles qui peuvent nous intéresser et nous stimuler.
Le premier c’est au moment du retour de l’Exil de Babylone. Le deuxième est celui du retour non réalisé du Christ au temps de Paul et de Pierre. Le troisième c’est la fin d’une méthode celle de Jean le baptiste, le solitaire. Dans ces trois étapes ces trois moments difficiles et neufs retentit une Parole ; comme si la transmission d’une Parole résistait et accompagnait même ces grands changements. 
Le prophète Esaïe en annonçant la fin de l’Exil comme une immense nouveauté et un changement d’époque, dit une parole étonnante celle de la consolation : Consolez ! Consolez ! mon peuple dit Dieu ; le consoler de quoi, n’est il pas suffisamment satisfait de cette nouvelle ère qui s’ouvre devant lui ? Le peuple de Dieu a besoin qu’on vienne vers lui ; la consolation, cum-solatio c’est la rencontre d’une solitude. La plus grande nouvelle possible c’est la fin de la solitude triste ou joyeuse. Le peuple va rentrer chez lui et il a besoin d’être rejoint et rencontrer par quelqu’un par son Dieu. Quant tout va mal mais aussi quant tout va bien j’ai besoin d’être consoler, c’est dire que ma solitude soit rejointe par une Parole qui vient vers moi : ce qui est élevé sera abaissé ce qui est abaissé sera élevé. Par delà les vanités et les orgueils humains vient une Parole d’encouragement qui dure et demeure.
Ceci est vrai pour nous aussi, ceci nous entraîne à être les porteurs de ses paroles d’encouragements vers les autres autour de nous.
Le deuxième temps de crise (voir 2 Pierre 8-14) est celui des apôtres eux-mêmes qui comme Jésus lui-même attendaient la fin des temps ; ce qui se passait alors dans le monde était perçu et compris comme l’inauguration de grand retour et de la fin. Il a fallu se rendre à l’évidence : Dieu ne vient pas tout régler ; il manifeste dit l’apôtre Pierre, sa patience  envers nous : « il ne souhaite pas que quelqu’un se perde, mais que tous accède à un changement radical.» Ici la parole qui vient à notre rencontre c’est l’attente et la nécessité d’une vraie conversion de nos mentalités de notre foi de notre vie. Les témoins de la foi attestent que le monde ne se dissout pas ne roule pas inexorablement vers sa perte mais reste dans les mains de Dieu : nous sommes ses témoins. La fin d’un monde ce n’est pas la fin du monde. Il a fallu que ces premiers témoins de la foi abandonne cette idée du retour imminent du Seigneur pour se mettre à vie et à agir dans cette vie dans ce monde qui semblait perdu et condamné. La communauté chrétienne va trouver l’énergie nécessaire pour faire face à un changement radical de doctrine. On croyait à la fin et on se met à croire à la durée au temps qui passe et à retrouver Dieu non pas dans la catastrophe mais dans la fidélité de l’action et de la parole quotidiennes.
 La crise du monde nous entraîne à ne pas nous replier sur nous-mêmes en attendant que ça passe mais à voir les choses autrement ; à proposer d’autres manières de vivre peut-être, d’autres manières de croire, d’autres manières à inventer d’être l’Eglise de Jésus Christ dans ce monde.
Enfin troisième temps celui de Jean le Baptiste. Au début de l’évangile de Marc nous l’avons lu retentit cette affirmation : « Commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ fils de Dieu » et très vite survint Jean celui qui baptisait dans le désert. Jean représente la vieille école ; il est l’ancien régime ; il est surprenant par ses habits sa nourriture son action et ses paroles ; il est anachronique. Il ne dit pas : revenez vers l’ancien mode de vie et de croire ! Ou revenez vers les origines et le passé et vous serez sauvés ; il dit plutôt : vient après moi, celui qui est plus que moi ! C’est de l’ancien que vient le neuf ; le commencement est un recommencement. Les prophéties anciennes sont renouvelées ; un temps nouveau est là ; il faudra le saisir et en prendre acte pour en vivre. L’ancien n’est pas un regret ou une nostalgie ; il est ce qui met en route, une réalité nouvelle. La parole ancienne garde toute sa valeur elle est dite dans un langage une forme radicalement nouvelle. On n’ira plus dans le Jourdain pour être baptisé ; on ne reproduira pas les actes anciens on en fera de nouveau. Le Christ lui-même sera une nouvelle compréhension de Dieu. Jean pointe vers Jésus pour passer le flambeau difficile et redoutable.
 Nous croyons parfois que ce qui est neuf et nouveau, remplace et condamne même ce qui est ancien et vieux. Nous croyons que la modernité est une critique des temps anciens qui sont souvent les nôtres et ceux que nous connaissons. Il n’en est pas ainsi dans la foi au Dieu ancien et neuf au Dieu de l’ancien testament et du nouveau testament. C’est de l’ancien que naît le neuf. Les difficultés du temps présent comme les joies du temps présent ont pris naissance dans le passé. La réconciliation entre hier et aujourd’hui est une promesse de l’Evangile. La rencontre et la réconciliation entre Jean et ses disciples avec Jésus et ses disciples est le gage de la naissance du neuf dans l’ancien.
Au cœur des crises des commencements et des recommencements nous recevons aujourd’hui des paroles qui durent qui demeurent et qui nous accompagnent :
·     La solitude des hommes et des femmes est visitée ; nous sommes les porteurs d’une parole de consolation.
·     Nous sommes appelés à voir à comprendre le monde, nous-mêmes et Dieu dans un changement radical de mentalités ; nous avons encore besoin de changer et de nous convertir à ce que Dieu attend de nous.
·     L’Evangile nous donne l’assurance que ce qui est ancien et vieux chez nous n’est pas rejeté mais sert à montrer à pointer ce qui est neuf et nouveau. Dieu se sert de nous pour attester que le Dieu d’Abraham est aussi celui qui suscite Jésus le Christ pour un grand et vaste renouvellement au service des autres et du monde.
Dieu nous accompagne dans le changement et le renouvellement de notre monde.