mercredi 25 janvier 2012

Ethique chrétienne ? Ethique Protestante ?

Pour Jacques Ellul, théologien et philosophe français, il n’y a pas de morale chrétienne, la foi est une antimorale, il n’y a aucun système moral dans la Révélation de Dieu en Jésus-Christ ; ce que dit Jésus dans les Évangiles n’est pas de l’ordre moral mais existentiel et procède de la mutation de la racine de l’Être. La proclamation de la grâce, la déclaration de pardon sont le contraire d’une morale, mais suivre Jésus-Christ implique une série de conséquences dans la vie pratique.

Toute éthique est cependant concernée par une triple tâche :

1.         préciser quel est le fondement de l’action réputée bonne et droite ;

2.      dégager les valeurs principales qui découlent de ce fondement ;

3.      traduire ces valeurs en choix et comportements concrets, c’est-à-dire les inscrire dans le vécu quotidien.

L’entreprise réformatrice de Luther, de Calvin, de Zwingli, et d’autres a été très soucieuse du premier niveau : elle a voulu dire comment l’homme chrétien pouvait comprendre et vivre son existence. Ici, on peut parler d’un consensus assez large des Réformateurs et du protestantisme qui les a suivis à son premier niveau, l’éthique protestante est fondée dans le salut par la foi en Jésus-Christ. Dès qu’il s’est agi de dégager de ce fondement les foyers illuminateurs de l’action, les “valeurs”, le protestantisme s’est amplement diversifié. Enfin, au troisième niveau, qui est celui de la morale concrète et problématique, des choix et des actes, la diversité s’est encore accentuée, dans la mesure où cette morale subit les multiples pressions des valeurs culturelles ambiantes, des contextes socio-politiques et des situations personnelles. Il arrive très fréquemment qu’à ce troisième niveau les choix moraux des protestants ne laissent plus guère apercevoir leur source et paraissent, dès lors, fort semblables à d’autres. C’est pourquoi, lorsqu’on veut caractériser l’éthique protestante, il est essentiel de repérer et de préciser les trois niveaux pré-rappelés.

En accord avec toute la tradition chrétienne, Luther est convaincu que la vérité et le sens de la vie humaine sont immédiatement dépendants du juste rapport de l’homme à Dieu. C’est à propos de la description de ce rapport que le moine augustin est devenu un “réformateur” de l’Église. Il refusera, en effet, que la moralité de l’homme, son action, son œuvre, conditionnent ce rapport à Dieu.

En d’autres termes, il refusera la relation causale entre moralité et salut ; l’homme est restauré, renouvelé, sauvé à partir de la seule initiative de Dieu en Jésus-Christ, reçue par la foi, et non à partir de son intelligence ou de ses actes. Il y a, dés l’origine du protestantisme, une vaste suspicion jetée sur les “illusions de la moralité”. S’il s’est trouvé que Luther lui-même, et Calvin plus encore, ont insisté sur le comportement moral de l’homme chrétien, ils ne l’ont fait qu’après l’avoir radicalement trans-valorisé c’est en tant qu’elle découle de la foi et traduit celle-ci dans le quotidien profane que la moralité chrétienne fait l’objet de leur préoccupation. De causale, la relation entre morale et salut est devenue consécutive. La responsabilité du croyant est d’abord de ne pas laisser sa vie s’encombrer de multiples soucis ou besoins au point qu’il ne fasse plus de place ni pour Dieu, ni pour le prochain. Si Calvin met en avant l’action qui découle de la foi, Luther insiste sur la foi, d’où découle l’action. « Le chrétien est l’homme le plus libre ; maître en toutes choses, il n’est assujetti à personne. L’homme chrétien est en toutes choses le plus serviable des serviteurs ; il est assujetti à tous. » (Luther)

Ce qui veut dire, selon Erich Fuchs, professeur d’éthique à la Faculté de théologie de l’Université de Genève (cf. son livre L’éthique protestante - Histoire et enjeux) que « le chrétien, justifié par la seule grâce de Dieu, est entièrement libre à l’égard de tout ce qui prétend, d’une manière ou d’une autre, donner sens à la vie humaine, et donc diriger sa conscience. Mais en même temps (simul) ce même chrétien, qui est encore de nature charnelle soumis aux précarités de l’existence et aux assauts du péché, a besoin de la société dont il est membre ; il accepte donc de se soumettre aux obligations sociales ; mieux, à cause du Christ, il se fait le serviteur de tous ».

À partir de là, on peut comprendre qu’on trouve dans le protestantisme ultérieur à la fois des courants qui relativisent fortement la morale et d’autres qui la réinvestissent tout aussi fortement comme œuvre de la foi. Pour le dire vite, le protestantisme peut couver tour à tour - et parfois simultanément - le puritanisme et l’immoralisme.

Le puritanisme protestant a fait l’objet de caricatures fort connues : homme austère et rigide, chrétien puriste, dépourvu d’humour, acharné au travail, sûr de sa foi, peu soucieux d’autrui, etc. De nombreux romans et films ont popularisé cette figure typiquement anglo-saxonne, héritière de la réforme calviniste.

L’éthique puritaine découle bien de l’héritage fondamental du protestantisme : c’est parce que le croyant sait que son salut ne dépend pas de ses actions qu’il est désormais libre pour les tâches terrestres. Sans plus trembler, il peut et doit agir. Homme de foi, il se voit confier par Dieu l’administration de la nature et de la société. Il se considère comme un “lieutenant” de Dieu. Menant une vie extrêmement sobre et frugale, il apparaît comme un être dont la conscience et la volonté sont constamment tendues vers la perfection. Du coup, sa réussite économique et sociale prendra à ses yeux l’allure d’une récompense et d’une approbation divines ; il y verra les signes incontestables de son élection par Dieu.

Pour Calvin on cherchera dans l’Écriture, non pas des réponses toutes prêtes aux questions éthiques, mais une inspiration pour les traiter « selon l’équité » ; il faut donc lire beaucoup et souvent l’Écriture pour qu’elle nourrisse notre conscience et notre responsabilité, qu’elle devienne la référence spontanée devant une question éthique. Le risque de littéralisme existe, sauf si la connaissance de l’ensemble des textes bibliques constitue un aliment naturel qui inspirera les choix à opérer plutôt qu’un ensemble de règles formelles.

Pour Luther, il faut toujours revenir à la foi, au risque de devenir indifférent aux engagements éthiques et de se replier sur une forme de piétisme intérieur ; pour Calvin, il faut sans cesse se demander à quoi la foi nous engage, au risque de retomber dans un certain moralisme.

Tandis que le puritain strict se définit par rapport au salut de Dieu et pratique une lecture assidue de la Bible, le protestant rationaliste apparaît, dès le XVIIIe siècle, comme un produit de la sécularisation. Ici, la vraie religion consiste dans la moralité vécue « Il nous paraît nécessaire d’accorder à l’élément moral le primat sur l’élément dogmatique ou même mystique. » (J. Bois)

Le protestant rationaliste insistera dès lors davantage sur la raison et la conscience que sur la foi et la piété. Mais, au plan des comportements concrets, il restera dans l’univers du puritanisme, c’est-à-dire qu’il prônera une moralité exigeante, soucieuse de respecter les impératifs de la conscience, parce que celle-ci est la voix intérieure de Dieu.

On ne trouverait certainement pas de véritable immoralisme (un refus de toute morale) dans le protestantisme. Cependant, il faut noter qu’une de ses accentuations originaires pointe dans cette direction c’est celle qui suspecte et dévalue la moralité en tant qu’œuvre de l’impuissance humaine. Ce courant éthique s’est développé principalement dans l’orbite du luthéranisme. Il y a pris la forme du piétisme. c’est-à-dire d’une spiritualité qui porte toute son attention sur l’expérience religieuse intime. Les piétistes ont réagi à la fois contre les dessèchements doctrinaux et contre les rigorismes moraux. Ils ont voulu réhabiliter la dimension émotionnelle de la foi. En fait. il leur est arrivé souvent de professer un vif mépris à l’égard des dissolutions mondaines et de rejoindre par là l’austérité puritaine.

Mais leur accent propre était différent l’âme et ses états primaient l’action. Le piétisme s’est toujours obstinément détourné des tâches politiques pour reporter son attention sur la constitution de groupes chaleureux et purs. La morale cédait le pas à la mystique en même temps qu’elle consentait à une certaine spontanéité. Par ailleurs, les piétistes ont souvent professé un grand souci pour la paix et l’amour fraternel. Ils ont été des apôtres de la tolérance religieuse et de la charité sociale. Par là, ils ont influencé de larges pans de la morale protestante contemporaine. notamment le “christianisme social”.

Au XXe siècle, c’est dans ce courant qualifié sommairement d’immoraliste qu’il faut situer un courant typique de l’éthique protestante : l’éthique de situation. Celle-ci se caractérise par un refus de tout légalisme, qu’il trouve ses références dans la Bible, dans la conscience ou dans la loi naturelle, et par le primat accordé à l’amour :
« Le situationniste suit une loi morale ou la viole selon les besoins de l’amour. » (J. Fletcher)

C’est au plan des situations concrètes, des rencontres, des variations constantes du vécu qu’il s’agit de mettre en œuvre l’impératif “improgrammable” de l’amour. Cette veine, qui n’est pas sans accointances avec la philosophie existentielle et qui compte aussi de nombreux tenants dans le catholicisme, apparaît comme un spontanéisme moral dont la seule référence est l’amour, en tant que reflet et répercussion du comportement de Dieu lui-même à l’égard des hommes.

On doit réserver une place séparée au vaste mouvement qui, à ses débuts, s’est nommé “christianisme social” ou “Évangile social”. Ce n’est pas tant par son fondement que par son champ d’attention qu’il se distingue des précédents. En fait, dès l’origine, l’éthique protestante s’est souciée de l’impact social et politique de la foi. Et on pourrait relever cette veine au fil des courants évoqués ci-dessus, en sorte que chacun de ceux-ci a fourni au “christianisme social” quelque apport.

Mais le souci d’une traduction socio-politique de l’Évangile s’est principalement imposé à la fin du XIXe siècle et au cours du XXe, c’est-à-dire conjointement à la montée et à la percée des socialismes. Le propre du christianisme social consiste à dépasser le plan de la charité à l’égard des mal lotis pour considérer les dimensions structurelles des faits sociaux. « Le christianisme d’hier s’est montré impuissant à supprimer la guerre et la misère ; par là même, il est jugé. » (W. Monod)

La prédication des prophètes de l’Ancien Testament fut fréquemment réactivée de même que de larges segments de celle de Jésus. Ici, le vecteur n’est plus l’édification d’Églises pures ou de croyants fervents, mais plutôt le changement social dans une perspective évangélique. Les diverses nuances que connaît le mouvement vont des équipes d’entraide à la “théologie de la révolution”. On sait qu’il fut un des deux courants dominants de l’entreprise œcuménique qui marque notre siècle, et qu’il reste jusqu’à nos jours un terrain d’entente privilégié entre protestants et catholiques.

Il est évident qu’il existe un lien étroit entre protestantisme et modernité. Depuis Max Weber, nombreuses Sont les thèses qui ont développé le lien entre protestantisme, succès économique et esprit d’entreprise surtout lorsqu’on compare les niveaux de vie dans les pays anglo-saxons et les pays latins.

Et aujourd’hui ? Aucune des orientations évoquées ci-dessus ne peut être considérée comme révolue. Si chacune d’elles a subi, au cours de l’histoire, divers infléchissements, Si elles se sont aussi largement conjuguées, on peut connaître sans peine des individus ou des groupes protestants qui s’y réfèrent ou s’en réclament. Cette situation contribue bien évidement à conférer à l’éthique protestante le vaste éventail de diversités qu’on a souvent relevé.

Citons encore E. Fuchs « Sommes-nous dès lors condamnés soit à nous aligner sur une société dans laquelle nous perdons peu à peu notre spécificité - ce qui pourrait signifier que le protestantisme a fait son temps et qu’il a rempli son rôle historique - soit à nous replier sur une position de défense et de résistance ? ... Nous ne pouvons rompre le lien entre protestantisme et modernité sans atteindre le cœur même de la spiritualité et de l’éthique protestante. Revenir en deçà de la démocratie, en deçà de la libre critique, de la liberté de jugement et de conscience, de la prise au sérieux, pour des raisons spirituelles, de la réalité concrète sous toutes ses formes, tout cela n’est pas possible, sinon à cesser d’être protestant, et je dirais même à cesser d’être chrétien !...
Nous sommes persuadés qu’il peut y avoir une place dans notre société sécularisée pour une morale fondée sur une conviction, que cela est même nécessaire pour l’avenir même de notre culture laïque et pluraliste. Et c’est probablement une des vocations de l’éthique protestante que de démontrer qu’il est possible de respecter la laïcité et le pluralisme tout en affirmant avec force une conviction théologique. Encore une fois, nous ne sommes pas contraints au choix entre sectarisme et dissolution... »

Mais c’est finalement au plan des choix et comportements concrets que l’éventail des positions protestantes se laisse le plus aisément discerner. Ainsi, par exemple, si l’on considère le problème des armements, les options seront amplement différenciées, selon qu’on se situera dans la ligne de la domination de l’homme sur les forces chaotiques (puritanisme), dans celle de l’accentuation privilégiée de la piété du cœur (piétisme) ou dans celle des analyses des rapports de forces économiques et politiques (christianisme social).

Autre exemple, l’avortement : certains protestants professeront une position voisine de celle du magistère catholique en soulignant le rôle des autorités dans le combat contre “le crime” (puritanisme), d’autres se reconnaîtront proches des analyses sociologiques et psychologiques humanistes (rationalisme), d’autres encore refuseront toute orientation prescriptive au nom du primat inconditionnel de l’amour (éthique de situation), d’autres enfin considéreront les dimensions sociales et politiques de la question (christianisme social).

Les déclarations d’Églises protestantes sur des problèmes tels que ceux-là s’efforcent fréquemment de maintenir en équilibre ou en continuité la fécondité propre à chacun de ces apports, ce qui a pour effet de conférer à leur texte un caractère composite aisément discernable. Mais tel est sans doute le lot inévitable d’Églises au sein desquelles l’éthique protestante n’existe qu’au pluriel.








lundi 16 janvier 2012

La foi, une affaire de confiance et de rencontre

Jadis –parfois encore aujourd’hui ? -  on parlait encore de fiançailles et de fiancés ; ils étaient promis l’un à l’autre et ils s’étaient promis de rester ensemble, ils se fréquentaient, ils se découvraient, ils étaient en quelque sorte en apprentissage, en découverte qui devait les conduire à la réalité du mariage en bonne et due forme. Parfois la confiance, la fiance était rompue et il fallait tout reprendre, refaire le cheminement avec un autre avec une autre. Ici on ne peut choisir : avoir la foi en quelqu’un : l’autre qui est là et que je connais pas bien, mais avec qui j’ai l’impression de vivre vraiment. Mais je suis aussi le sujet de cet acte de croire, de cette foi. J’ai du plaisir et de la joie à être la personne aimée. Dans la foi comme confiance et rencontre, être et avoir se mêlent, il n’est plus nécessaire de choisir. Ici la foi comme mouvement de confiance vers l’autre et de l’autre vers moi, sont un plus pour nos vies ; c’est une valeur ajoutée, une qualité de vie ; il est préférable de vivre dans la confiance plutôt que dans la méfiance. La foi c’est une valeur fiduciaire, comme si la confiance donnait du prix aux personnes et aux réalités qu’elles habitent.  

La foi c’est une marche sur un chemin. C’est curieux mais les fiancés –romantiques peut être - aiment bien marcher sur les chemins ! Comme si le chemin parcouru était signe du chemin de leur vie à parcourir.

La foi c’est comme une marche, un déplacement régulier et irrégulier. Il y a le déroulement ordinaire des jours et puis il y a des jours plus forts plus joyeux plus étonnants que d’autres plus ennuyeux et plus tristes. La foi ici c’est croire que la démarche le cheminement conduit vers un lieu ou vers une personne connue et inconnue. Demain aura lieu plein de surprises ce sera mon aujourd’hui et quelqu’un sera là pour moi, avec moi et je serai là pour lui pour elle ! Croire cela c’est vivre et vivre c’est croire.
La foi c’est aussi le contenu de cette démarche. Marcher et se déplacer c’est accumuler des objets, des paroles, des signes, des paysages, c’est cueillir pour se souvenir et se recueillir même. Comme si la foi c’était toujours aller vers, cueillir et ramasser ce que d’autres m’offrent, me laissent me proposent, m’imposent parfois. Il faudra faire le tri comme dans la cueillette des champignons. Il faudra sans doute aller consulter un pharmacien ou un vieux mycologue ! Sinon les risques peuvent être mortels ! La foi comme contenu c’est un vrai bric à brac ; il y a des contenus futiles et d’autres plus importants c’est selon les rencontres et les chemins parcourus. Avoir la foi ou être dans la confiance de la foi c’est sans doute ne pas tout attraper c’est avoir le discernement et les connaissances nécessaires pour faire le ménage, et ranger tout cela car les contenus de la foi peuvent être encombrants s’ils deviennent trop sacrés trop exclusifs ; les déposer, les oublier c’est agréable pour la foi elle-même. Il faut douter parfois des contenus de la foi pour la rendre plus vivante encore et plus alerte pour découvrir des chemins nouveaux.

Mais Dieu dans tout ça ? La foi concerne la vie de tout être humain. Certes les contenus sont différents, les rencontres, les paysages aussi.
Les contenus des traditions judéo-chrétiennes se trouvent dans les textes de la Bible. Elle est un livre de foi. Un livre d’histoire de foi, c’est à dire de confiance donnée, reçue et perdue parfois. Elle est un livre de chemins : du Nord au Sud de l’Est vers l’Ouest. Elle est un livre de rencontres avec des personnages plus ou moins connus qui cherchent rencontrent et trouvent quelqu’un appelé Dieu ou Christ ou Jésus qui n’est jamais là où on l’attend et qui sans cesse part à la rencontre des humains. On pourrait dire d’après les histoires de la Bible que c’est aussi Dieu et Jésus comme Christ, qui ont la foi, qui font confiance et qui marche sur le chemin pour cueillir et recueillir des hommes et des femmes et constituer avec eux une grande famille.

Une curiosité stimulante : le génitif : en grammaire c’est le cas de la subordination réciproque, la dépendance ou l’appartenance entre deux noms :
    
L’amour de Dieu : c’est à la fois l’amour que je porte à Dieu et celui qu’il me donne.
La foi en Dieu ou la foi en/par Christ peut aussi être traduite : la foi de Dieu ou la foi de Christ. L’apôtre Paul aime jouer sur ces deux registres. Lire par exemple :
    
Romains 3, 22 : « c’est la justice de Dieu par la foi en/ou de Jésus Christ pour tous ceux qui croient … » et v. 26 : « celui qui vit de la foi en/ ou de Jésus ». Ici on peut bien comprendre que vivre en Christ c’est vivre de la foi de la confiance manifestée sans cesse par Jésus.
    
Galates 2, 16 : la Tob traduit ainsi : Nous savons cependant que l’homme n’est pas justifié par les œuvres de la loi, mais seulement par la foi de Jésus Christ…. »
    
Ma foi est toujours dépendante de la foi de quelqu’un. Ma foi est stimulée par la foi de Jésus Christ. C’est aussi cela croire en lui.










vendredi 6 janvier 2012

Epiphanie c'est à dire : une manifestation !

Evangile selon Matthieu ch. 2, 1-12 :


1   Jésus étant né à Bethléem de Judée, au temps du roi Hérode, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem


2  et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son astre à l’Orient et nous sommes venus lui rendre hommage. »


3  A cette nouvelle, le roi Hérode fut troublé, et tout Jérusalem avec lui.


4  Il assembla tous les grands prêtres et les scribes du peuple, et s’enquit auprès d’eux du lieu où le Messie devait naître.


5  « A Bethléem de Judée, lui dirent–ils, car c’est ce qui est écrit par le prophète :


6  Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas le plus petit des chefs–lieux de Juda : car c’est de toi que sortira le chef qui fera paître Israël, mon peuple. »


7  Alors Hérode fit appeler secrètement les mages, se fit préciser par eux l’époque à laquelle l’astre apparaissait,


8  et les envoya à Bethléem en disant : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant ; et, quand vous l’aurez trouvé, avertissez–moi pour que, moi aussi, j’aille lui rendre hommage. »


9   Sur ces paroles du roi, ils se mirent en route ; et voici que l’astre, qu’ils avaient vu à l’Orient, avançait devant eux jusqu’à ce qu’il vînt s’arrêter au–dessus de l’endroit où était l’enfant.


10  A la vue de l’astre, ils éprouvèrent une très grande joie.


11  Entrant dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie, sa mère, et, se prosternant, ils lui rendirent hommage ; ouvrant leurs coffrets, ils lui offrirent en présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe.


12  Puis, divinement avertis en songe de ne pas retourner auprès d’Hérode, ils se retirèrent dans leur pays par un autre chemin.

Lire aussi : Esaïe 60, 1-6





« A la vue de l’astre, ils éprouvèrent une très grande joie… ils lui rendirent hommage et … se retirèrent par un autre chemin »
C’est l'Epiphanie, c’est à dire en français une manifestation, qui a pour fonction de se faire voir. Les dieux et les déesses dans l’Antiquité restent le plus souvent dans le monde des dieux et des déesses mais de temps en temps ils s’offrent une manifestation sur un autre terrain celui des humains par exemple. Ils se font voir et admirer. Aujourd’hui ce ne sont plus les dieux mais bien des humains de chair et de sang qui se font voir, et se manifestent !
Un roi grec régnant sur la Judée ancienne se fit appeler Antiochus IV Epiphane (175-164 av JC); il se révéla un persécuteur des juifs qui se révoltèrent et furent persécutés ; il se vit voir, se manifesta en dédiant le temple de Jérusalem à Zeus Olympien, ce fut la désolation de la désolation.
C’est l’Epiphanie de Jésus ; il se révèle sans rien demander à personne, il n’envahit personne et  se fait voir à ceux et celles qui le veulent bien. Il nous en reste des traces, visuelles et gustatives, celles des rois mages avec la galette des rois qui se manifeste comme une couronne et qui suscite par la fève trouvée la possibilité d’être à notre tour des rois et des reines éphémères qui peuvent venir à leur tour rendre leurs hommages : on a perdu seulement la fin de l’histoire et sa signification relative à l’enfant de la crèche.
Le texte de l’Epiphanie de Jésus dans la description de la venue des rois mages vient nous interpeller dans plusieurs directions.
1- La mondialisation d’abord. Elle n’est  pas une nouveauté ; le monde gréco-romain s’identifiait au monde ; certes on savait qu’il y avait de la périphérie mais au-delà du périphérique ! C’était bien des barbares. Ici avec Matthieu apparaît concernant la place et le rôle de Jésus la venue d’un autre monde positif, cultivé, savant, riche, et laudatif. Dés le début de son évangile, Matthieu qui avait institué la venue du Christ au cœur du peuple d’Israël, voici que l’universalité du personnage de la crèche est reconnue par un ailleurs qui vient de loin et qui n’est plus menaçant. 
Désormais et selon lui, il faudra se méfier du centre et de l’intérieur représenté par Hérode et voir d’un autre œil ceux qui viennent de loin et qui savent aussi et qui croient aussi.
La personne de Jésus, ses actes et ses paroles, sa destinée même de la crèche à la croix et pour la foi de ses témoins de la croix à la crèche, tout cela doit être accessible à tous, doit revêtir une forme d’universalité.
La foi chrétienne est peu sensible à la mondialisation dans ce que cela peut signifier de concentration de connivence et d’absence de pluralité. La foi chrétienne est sensible surtout le jour de l’Epiphanie à l’universel. C’est à dire à l’événement particulier qui a lieu une fois pour toute, dans un cadre bien précis et qui s’ouvre et qui est accessible au plus lointain. Le message du Christ est pour tous. L’universel et le lointain sont participants de l’événement spécifique. Quelqu’un a dit que l’universel « c’est le particulier moins les murs » !
Tous les évangiles vont être sensibles à ces deux dimensions qui se rejoignent : le lointain et le proche, le public et le privé, le politique et le religieux, l’intérieur et l’extérieur, le particulier et l’universel. L’évangéliste Luc remplacera les mages par les bergers comme pour dire qu’on reste avec lui à l’intérieur du cadre mais que l’on va chercher dans cet intérieur les plus ordinaires et les plus frustes des personnages de l’histoire. Le plus juif des évangiles celui de Matthieu a besoin d’air et d’élargissement avec les Mages. Lui qui ne croit qu’en l’Ecriture et la parole de Dieu, il va donner droit à une autre culture qui va lire non pas son Ecriture juive mais l’écriture du ciel celle du parcours de l’astre, qui les remplit de joie.
Tout cela nous concerne, frères et sœurs. Et tout cela revêt pour les Eglises chrétiennes une grande importance aujourd’hui. On pourrait dire qu’il y va de notre crédibilité et de notre fidélité au message premier de l’Evangile de Jésus le Christ.
2- Si l’Epiphanie c’est bien une manifestation universelle de Jésus comme Christ, faut-il dire que ce christianisme est universel et qu’il concerne toutes les cultures et tous peuples ? C’est bien comme cela qu’il s’est répandu qu’il a gagné en audience et qu’il est allé avec souffrances parfois de Jérusalem à Rome en passant par Athènes et Constantinople. C’est selon cette stratégie de l’universel qu’il a été dominant et dominateur, absorbant tout apport étranger et rejetant surtout toute discordance au nom d’une d’unité qui se voulait universelle.
Nous n’en sommes plus là. Nous disons aujourd’hui : chacun sa zone d’influence ; si vous appartenez à telle culture par ex. l’indonésienne vous serez plutôt musulman, si vous êtes Indien vous serez indou, si vous êtes occidental vous serez chrétien… Les chrétiens ont renoncé à convertir le monde. Il se trouve que d’autres religions ont des tendances universalistes très fortes aussi  ne sont-elles pas prêtes à renoncer au prosélytisme et à la conquête.
Il arrive qu’aujourd’hui au nom du respect de chacun, nous renoncions à la proclamation à l’annonce ou en ce jour à l’Epiphanie du Christ nous renoncions à affirmer sa pertinence non seulement sur ma vie mais aussi sur la vie de monde entier tel qu’il est.
Nous savons bien quelles erreurs et tragédies peuvent conduire des aveuglements et des fanatismes chrétiens. Aujourd’hui il arrive que ce ne sont plus les chrétiens qui imposent ou persécutent ; mais il arrive qu’ils soient persécutés et qu’ils n’arrivent plus ni à dire leur foi ni même à exister comme chrétiens ou comme Eglises du Christ.
Y-a-t-il une autre voie entre une indifférence trop respectueuse et une domination roulant comme un rouleau compresseur !
3- Il me semble que cette autre voie se décline par l’engagement personnel de chaque chrétien. Cette autre voie renonce définitivement à passer par l’intermédiaire des pouvoirs humains pour dire la foi chrétienne. A cet égard, le texte de l’Epiphanie est subtil. La relation avec le roi Hérode s’établit à l’arrivée ; après la rencontre de l’enfant de la crèche, elle est délibérément rejetée. « Puis, divinement avertis en songe de ne pas retourner vers Hérode, ils se retirèrent dans leur pays par un autre chemin ».
Nous sommes appelés à découvrir à inventer et à parcourir cet autre chemin. L’Epiphanie nous entraîne non sur des chemins trop connus, ceux que l’histoire a bien souvent parcourus ; mais sur un ou des chemins nouveaux, ceux sur lesquels notre foi dans une version non timide mais assurée, ira à la rencontre de tous et de chacun quelque soit son passé, son enracinement, quelque soit sa culture. La foi chrétienne n’est peut être pas la seule foi possible mais nous croyons que c’est sans doute la moins pire.
Certes chacun peut exprimer sa religion sa foi ses croyances dans le respect des autres différents ; la foi chrétienne ne renonce pas à être transmise et annoncée pour que d’autres la rencontre et se mette à en vivre. La foi chrétienne qui rencontre l’universel le jour de l’Epiphanie n’abdique pas et ne s’enferme pas dans des murs et des églises ; elle ne s’enferme pas dans des consciences individuelles mais elle est résolument tournée vers les autres différents ; la foi chrétienne née à l’intérieur et ne vit que dans une extériorité celles des autres différents.
Il se pourrait que les chrétiens soient trop timides par respect des autres. Il se pourrait que notre foi soit trop timide car trop limitée à nous-mêmes, trop enfermée dans notre for intérieur.
      Le jour de l’Epiphanie, cette foi ose la rencontre et ose se dire à d’autres afin qu’ils connaissent aussi comme les mages en Judée et comme les chrétiens, une vraie et grande joie.
     Comme le disait déjà le prophète Esaïe :  « Mets–toi debout et deviens lumière, car elle arrive, ta lumière : la gloire du SEIGNEUR sur toi s’est levée ».





dimanche 1 janvier 2012

Puissions-nous...

Etre encore au cours de l’année qui vient, des actrices, des acteurs de renouveau et d’espérance... Puissions-nous avec l’aide de Dieu, devenir les réalisateurs de nos voeux les plus sérieux et les plus personnels afin que le monde en soit, faiblement sans doute, mais réellement illuminé... Oui que cette nouvelle année soit le temps de l’agir et de la reconnaissance pour chacune et chacun.
 
   Heureuse année !