mardi 14 novembre 2017

A Casablanca : Sola GRACIA, Sola FIDE, Sola SCRIPTURA, Solus CHRISTUS, Soli Deo Gloria

Les Soli de la Réforme : sola gratia, sola fide, sola scriptura, solo christo ou solus christus, soli deo gloria. L'ordre que l'on choisit n’est pas anodin ni neutre : il indique un cheminement, une manière de croire, des priorités, une insistance !
Les soli ce sont des principes pas des dogmes, pas des vérités toutes faites, pas des formules magiques ; ce sont des principes qui signifient : en tête, mis au début comme un commencement exigeant orienté, qui donne le cap. Les soli sont des boussoles. Ce que nous devons avoir en-tête lorsque nous résumons la foi renouvelée par les Réformateurs.  
Gracia : Nous sommes chacune, chacun à égale distance du Seigneur. Il n'y a pas des proches et des lointains, nous tous chacun chacune en sa présence. Il est Dieu Seigneur est Sauveur pour Nous, pour toi, pour moi. Sa grâce suffisante c’est son Amour inconditionnel manifestée dans la personne du Christ.  Nous sommes rendus capables sans aucun mérite de recevoir d’entendre de vivre de transmettre sa Parole. Dieu vient à nous avant que nous allions à lui. Il vient prononcer non un jugement mais un oui sur toute existence. Il vient dire un Oui sur nos faiblesses et nos espérances, alors que nous aimons discuter, argumenter, préciser. Sa grâce se manifeste lorsqu’il présent là où cela est étonnant parmi les démunis, il se fait Dieu des sans-Dieu et proches des lointains. Sa grâce sa bienveillance à l'égard des humains est suffisante ; elle est sola  - seule - elle ne réclame rien si ce n'est de l'accepter de la recevoir elle est inconditionnelle elle vient de lui radicalement sans préalable ; elle est exigeante, elle coûte la radicalité de sa vie de son Amour et de sa mort. Elle retentit pour nous dans nos lieux les plus fermés les plus enfouis ou secret. Elle s’annonce aussi en plein jour dans la banalité de nos vies comme au cœur de la vie du monde : il faut peut-être apprendre à la voir l'entendre, la porter et la discerner ici et là, dans nos communautés, dans la vie de l'église pour qu'elle en soit changée et réformée.

Fide : c'est une confiance, un élan qui me conduit vers une rencontre, une personne, une découverte. C'est l'ancienne mention hébraïque de l’amen / l'Emouna qui dit une solidité, fidélité, l’assurance. Il faudra toujours distinguer entre une foi qui est de l’ordre de la démarche (Fides qua creditur) de la mise en toute à la suite d’un appel, celui du disciple celui d'Abraham par ex. Et la foi comme contenu comme doctrine (fides quae creditur) qui qui se croit elle-même celle des dogmes et des doctrines.Croire en Dieu, comme un dogme extérieur à moi et Croire que Dieu existe pour moi par exemple, implique chez moi un mouvement… je peux être critique sur le contenu d’une croyance sans l’être sur la réalité du mouvement de la foi…Suis-je sommes nous en route avec confiance ? Avec d'autres à d’autres à l'écoute d’une parole de confiance…suis-je et sommes-nous dans la répétition la vaine redite de règles de dogmes qui me rassurent et qui me privent de la joie de la découverte de la foi de la confiance nouvelle et renouvelée.
Nous croyons en lui en sa Parole, il croit en nous, en notre Église et cela nous renouvelle et nous invite à la confiance apaisée. Rien ne remplace cette foi comme démarche et contenu : aucun rite ou rituel, aucun personnage, la démarche de la foi est élevée ici au niveau du salut d'un moyen efficace. De l’unique possibilité de recevoir cette grâce comme une bonne nouvelle du don du salut gratuit. Être accordé, en relation avec Dieu, être rendu juste, justifié devant lui c’est vivre de cet élan de la foi : le juste par la foi vivra. La foi est ici un moyen unique par ou ma vie doit passer, le carrefour unique et essentiel. La foi nous pousse à l’action envers les autres par exemple comme une conséquence comme une suite à donner et à vivre de la confiance que j’ai reçue et que je fais dans la Parole de Celui qui m’aime en Jésus Christ.
Scriptura : Les protestants, les suiveurs de Luther et Calvin sont devenu célèbres avec cette réalité-là : la matérialité, l’objectivité, la chosification d’un don d’une promesse. C’est le seul « objet » parmi les Soli. Avec l’intérêt de le voir de le prendre en main au point de le manipuler ! Dans la réalité des Ecritures dans sa méditation, son étude, sa lecture, sa traduction, les Réformateurs vont faire entendre le message central. Dans les Ecritures faire entendre la Parole. L’étude va remplacer le magique, l’étude pour et par tous va suppléer aux savoirs réservés à quelques-uns. Les croyants vont devenir des lecteurs : ils vont apprendre à lire et à relire, seul et en communauté. C’est un acte révolutionnaire et inacceptable pour une institution qui veut contrôler et maîtriser. Apprendre à lire c’est devenir croyant, citoyen et libre. La pluralité la diversité des Ecritures va stimuler la vie chrétienne et lui apporter des exigences nouvelles : dans l’ordre de la louange (Psaumes) de la vie communautaire, la vie ecclésiale, la découverte de Jésus comme le Christ. 
Les Ecritures sont un motif de louange et d’exigence. Les Réformateurs vont traduire avec les outils de leur temps les textes les livres : il nous appartient de nous mettre à leur suite afin de ne pas figer et ne pas solidifier ou enfermer les textes dans nos seules mentalités, nos seules compréhensions. Sola Scriptura invite au dialogue, suscite la communauté et ne l’enferme pas. Le retour aux Ecritures anciennes établit un lien avec les anciennes communautés de croyants et nous enracine dans une tradition vivante de celles et ceux qui ont cru qui ont lu avant nous. Les Ecritures selon les Réformateurs ne sont pas là pour approuver ce que nous disons ou faisons mais pour questionner et interpeller nos vies nos actions et nos Eglises. Elles ne sont pas là pour nous faire valoir mais pour le reconnaître Lui comme Seigneur et Serviteur dans notre vie et dans le monde.
Christus : Après une idée une compréhension après une réalité concrète, voici une fonction que l’on dit -christique- à partir d’une personne, celle de Jésus compris, aimé, regardé, prié comme Christ, envoyé, oint, reconnu dans sa proximité avec Dieu. 
Concentration de notre foi et de notre espérance sur la personne de Celui qui est raconté dans les Evangiles : il est pour nous interpellation permanente pour notre vie et notre foi.
Christ : on pourrait comprendre tous les soli à partir de cette réalité personnelle ; on peut aussi lire les Ecritures et les comprendre même en regardant vers Lui ; faire finalement une lecture christologique du corpus biblique.
Solus Christus : nous oblige à une concentration sur l’essentiel et nous aide à ne pas nous éparpiller vers d’autres personnages, d’autres réalités qui resteront mineures, non essentielles, non sacrées. Christ : il est l’image, la présence, l’incarnation du Dieu souverain et invisible. Il faudra recevoir de sa part son originalité, sa spécificité, Lui « qui ne s’est pas prévalu de son égalité avec Dieu » (Phil 2) et nous mettre à nous dessaisir de nos images de Dieu à les convertir par le prisme de sa personne, de son histoire, de ses paroles et de son action. 
Solus Christus nous dit à la fois la présence divine en lui, nous dit notre possibilité de nous tenir « devant Dieu » coram deo, en sa présence et aussi de ressentir sa proximité comme si nous n’étions pas loin et comme proche. Par Lui Dieu est pour nous afin que nous soyons pour Lui.

Source inépuisable de vie et d’espérance, il nous conduit et nous accompagne vers les autres et vers Dieu. Sa naissance, sa vie et sa mort, nous parle de nous en relation avec le monde qu’il est venu aimer, par-delà son temps, par-delà les systèmes politiques, les religions.