mardi 22 décembre 2015

Heureux temps de Noël et meilleure annnée pour tous !

"L'obscurité ne peut chasser l'obscurité, seule la Lumière peut le faire !
La haine ne peut chasser la haine, seul l'Amour peut le faire" ! M.Luther King
 
 
Nuit sans fin
je pense
à ce qui viendra dans dix mille ans ! (Shiki)
 

jeudi 10 décembre 2015

C'est original ! Sensibilité et proximité de Dieu

Lire : Ps. 22, 1-9 et 23-32 puis Luc 23, 33-43.

"Ils disaient : Il en a sauvé d’autres, qu’il se sauve lui-même…Si tu es le roi de juifs, sauve-toi toi-même…Sauve-toi toi-même et nous aussi"…

Par trois fois dans ce texte nous lisons cette séquence, cette exhortation ironique et cynique : « sauve-toi, sauve-toi toi-même et nous aussi » !

"Sauve-toi et sauve-nous, mais de quoi et de qui" ?

Noël approche nous allons entrer dans de ce temps de l’attente de la préparation d’une naissance signe et marque de l’advenue d’un petit enfant et voici affirmé l’Evangile du vendredi-saint ! l’Evangile du supplicié. Ce rapprochement nous empêche de penser séparément, il nous oblige à ne pas idéaliser selon nos envies et nous contraint à ne pas rester figer dans notre attrait, notre fascination parfois pour le drame et la mort. Tout se tient inséparablement comme les deux faces d’une pièce de monnaie ; Tout est à recevoir dans un même mouvement car nos vies sont pleines de ce mouvement ambigu où nos gestes nos paroles et rencontres sont aux prises avec ces deux réalités celles de la vie et de la mort.

"Sauve-toi et sauve-nous" dit un crucifié  : ce cri retentit jusqu’à nous, poussé devant la sollicitude, le retour au Père et la passivité bienveillante de Jésus : Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font !

"Sauve-toi si tu es vraiment le plus fort, sort de ce mauvais pas et de ce cruel châtiment" ! Le salut comme tentation, si tu es le fils de Dieu alors prouve-le, comme si le salut pouvait être actif, comme si le salut ne devait pas d’abord être reçu comme un don et non comme une activité volontaire ; à ce sauve-toi impossible correspond dans le texte de Luc le souviens-toi de l’autre supplicié ; il arrive bien souvent que nous désirions l’action alors qu’il faudrait simplement se souvenir comme il nous arrive de nous souvenir alors qu’il faudrait agir.

Sauve-toi toi-même et nous avec toi.. Mais de quoi ? Sauve-nous de croire que l’Evangile et la Bible sont de belles histoires simples et faciles pour de doux rêveurs, pour des êtres désincarnés, sauve –nous de croire que la violence et la force ce sont les autres ailleurs et lointains, sauve-nous de croire que le premier testament serait celui d’un Dieu méchant farouche et guerrier alors qu’avec le deuxième ou le nouveau on serait passé à des mœurs plus agréables. Sauve-nous de croire que nous avons fait des progrès dans l’ordre de la violence. La croix de Jésus et celles des deux autres sont des rappels salutaires de la réalité présente et concrète au cœur même de l’Evangile qui contient et manifeste plus de réalités physiques que métaphysiques au-delà du réel. Sauve-nous de notre propre violence et de notre fascination pour la violence même si le christianisme est né dans la violence : en l’an 6 du premier millénaire rapporte un historien (Flavius Joseph) l’empereur Varus fit crucifier non loin de Nazareth quelque 2000 révolutionnaires galiléens ; on sait que ce mode d’exécution couramment utilisé dans l’empire romain était un terrible supplice, l’agonie durait plusieurs heures ; les protestants n’aiment pas trop cette croix de Jésus, ils ne l’utilisent pas ne l’exhibe pas, ne l’adore pas et n’en font pas le signe comme pour attester aussi le rejet d’une valeur salutaire de la violence et de la souffrance. Sauve-nous de croire que la mort de Jésus sur une croix est une salutaire nécessité, sauve-nous de croire qu’elle fut unique et singulière, aide-nous à croire qu’elle fait de Jésus d’abord, le compagnon de tous les suppliciés.

Sauve-toi toi-même et nous avec toi…Mais de quoi ? Sauve-nous de nous-mêmes qui pensons et croyons si facilement que cette fin sur la croix est logique ; sauve-nous de nous accoutumer à cette fin tragique en passant vite à la réalité plus réconfortante du matin de Pâques comme pour arriver enfin la joyeuse fin et au nouveau recommencement de l’histoire. Sauve-nous de la morbidité toujours menaçante et complaisante et en même temps de l’évacuation de cette croix de cette mort pour passer à autre chose. Abandonner la mort pour passer à la vie comme si le ressuscité n’était plus le crucifié. Sauve-nous des explications trop évidentes ou habituelles comme si cette croix ne contenait pas aussi un mystère et une inconnue : Peut-on jamais répondre à ce grand Pourquoi en fût-il ainsi ? Jésus dira chez Marc : Pourquoi m’as-tu abandonné ? Jésus serait sacrifié par son Père, mais quel est ce père si peu semblable à Abraham qui lui fût retenu de sacrifier Isaac ? Il prendrait sur lui, la faute des hommes comme un bouc émissaire ? Ces langages sont certes nécessaires mais nous aident-il vraiment ? Les évangiles ont décidé de raconter longuement la fin de Jésus c’est de loin l’épisode de sa vie le plus long dans les 4 évangiles, c’est bien qu’ils ont voulu nous dire nous transmettre un message une bonne nouvelle au sein de la description du procès et du supplice de Jésus.

Pour ma part je vois au moins trois niveaux que nous pouvons maintenant préciser :
Le premier, déjà esquissé : Le christianisme est aussi un humanisme, la vie mais surtout la mort de Jésus nous entraîne à combattre là où nous sommes et comme nous sommes toutes les violences. Non pas la nier non pas croire que nous pourrions vivre sans elle mais la combattre et l’extirper sans cesse en nous et autour de nous. Désacraliser la violence et la souffrance est une exigence évangélique. La lutte pour la justice et le droit, la dignité de tout homme et de toute femme comme créature de Dieu impliquent quelles que soient nos orientations et nos conceptions du monde, notre vigilance, notre prière et notre action personnelle et communautaire. La solidarité, la proximité des souffrants et des suppliciés est au cœur de l’Evangile, elle culmine dans la mort concrète et solidaire de Jésus.

Le deuxième niveau : Dieu n’est l’auteur ni de la violence ni de la souffrance ; nous avons à annoncer diffuser et promouvoir me semble t-il cette conviction ; alors qui ? La nature dans son autonomie et ses lois spécifiques en est parfois la source et la manifestation je pense en particulier aux maladies comme aux cataclysmes ; mais surtout les humains ceux d’hier et ceux d’aujourd’hui en sont les auteurs les responsables conscients et inconscients dans leur liberté, leur désir de toute puissance à faible ou grande échelle. Seuls les humains sont capables du meilleur comme du pire ; bien sûr comme nous le voyons souvent la tentation est grande de rejeter et de faire assumer par d’autres et sur d’autres y compris par Dieu et sur Dieu, leurs propres réalisations et désirs comme pour mieux s’en extraire. Dieu ou les autres sont ici encore des boucs émissaires faciles et manipulables.

Le troisième niveau est sans doute pour nous aujourd’hui le plus important et le plus décisif pour notre vie personnelle. La croix de Jésus celle folie pour les juifs et les grecs dira Paul, ce supplice et cette injustice partagés par beaucoup est un renversement complet un réel bouleversement des fantasmes religieux des hommes. La croix de Jésus est un basculement et un point d’achoppement pour quiconque croit. Sauve-nous nous aussi de croire que tout est statique et que le destin se déroule imperturbablement et que Dieu en serait le maître.

Ici et à ce niveau, Dieu lui-même ne laisse pas tout s’écouler sans rien faire, sans rien dire. Seulement il ne répond pas à nos désirs et à nos conceptions et à notre volonté. Il est le lien dynamique entre toutes les réalités et les entités qui nous constituent et qui nous animent. Dieu ne regarde pas le monde et les humains du haut d’un trône inaccessible, ils s’est approché de chacune et de chacun dans une proximité bouleversante, mystérieuse et inattendue. Lui que nous imaginons lointain il se révèle proche, lui le roi dans notre langage il se fait serviteur, lui le recours dans notre faiblesse et nos misères il vient les habiter, lui que nous voulons tout puissant il se dévêt de sa toute puissance pour devenir dans sa faiblesse une source inépuisable de créativité pour que nous puissions vivre notre faiblesse ; il est celui qui nous aide à combattre cette violence en nous , il est avec nous le courage d’affronter les rigueurs de la nature et notre propre folie ; il est celui qui nous donne même petitement la force de créer et d’inventer ce qui est beau et bon. Il est l’associé de l’aventure humaine là où nous ne l’attendions pas.  Ainsi Dieu n’est plus et n’est pas une mécanique insensible et programmée, il accepte et nous faisons ainsi un pas supplémentaire, il accepte d’être transformée par nos réalités. L’Evangile d’aujourd’hui réside en ceci : Dieu est sensible. Notre prière, notre vie nos actions atteignent sa sensibilité. Ce qui change nos envies à son égard c’est qu’il change, c’est qu’il n’est pas figé dans une identité statique et immobile. S’il est celui qui permet une nouveauté, il est lui-même renouvelé, modifié, transformé. S’il rend ce qui est possible il est lui-même une possibilité. Un théologien (J. Cobb) écrit ceci : « Si Dieu nous aime il est forcément affecté par ce que nous ressentons et endurons ».
La croix de Jésus change notre relation avec Dieu elle contrarie aussi le plan de Dieu elle ne le laisse pas insensible elle agit sur Dieu lui-même !

Autrement dit, Dieu ne peut pas tout il doit composer avec la réalité pour mieux la parcourir et la transformer à sa manière à lui. Il doit composer et peut être mis en en défaut et en échec momentanément ; la croix de Jésus contredit ce que Dieu désire ; la relation n’est pas interrompue elle ne se passe pas comme prévu.

Ce Dieu en relation est donc un Dieu qui a besoin de nous, il a besoin que nous nous laissions convaincre par lui et que nous laissions saisir par sa puissance de créativité. Si Dieu agit dans le monde le monde agit aussi sur Dieu dans lequel il se réalise. Dieu est ému devant ses croix dressées. Il entend la conversation surréaliste des trois suppliciés, il agira plus rapidement que prévu, la résurrection ce ne sera pas pour Jésus à la fin des temps comme tous pouvaient le penser mais le troisième jour qui dynamisera la réalité de Jésus lui-même et des croyants à venir.
Sauve-nous de croire que tout est toujours prévu et que rien ne change. Le Dieu de Jésus Christ sur la croix est en train de briser l’équilibre du destin, il récuse toute forme d’immobilisme. Lui répondre « signifie oublier la sécurité de ses habitudes, de ses coutumes, voire de ses croyances » pour vivre une nouveauté. La foi cette relation à Dieu n’est pas une relation abstraite elle nous inscrit dans un processus de renouvellement existentiel toujours à reprendre à ré-entreprendre qui nous rend autre et qui nous rend aux autres comme le fit Jésus même sur une croix.
Même dans une crèche s’opère ce processus dynamique et troublant ; ce n’était pas une erreur complète de nous faire lire ce matin ce texte de la croix de Jésus. La foi de Noël, celle de la passion comme celle de la résurrection nous entraîne vers Dieu qui s’est approché au point d’en être ému et transformé.
Que cette émotion et cette transformation divines nous accompagnent sur nos routes dans nos vies dans notre foi et nous, à notre tour, émus et transformés pour rencontrer les autres pour rencontrer ce Dieu si étonnant.

lundi 30 novembre 2015

Une Eglise méthodiste accueillante !

Elle s'appelle pourtant "Calvaire", elle n'est pas un lieu clos et mortel ! En plein centre de Washington

Le culte des récoltes permet aussi à la communauté francophone avec son pasteur Cyrille Payot, d'aider l'association Frienship Place qui accueille et accompagne les sans-abris, jeunes et vieux vétérans au cœur de la capitale.
Des photos de Washington DC


jeudi 26 novembre 2015

Samaritain à Washington !

Dimanche 22 novembre 2015 à Washington :

«  Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho… » selon Luc 10, 25-37. L’évangile  pourrait être résumé ainsi c’est l’histoire de quelqu’un qui descend et qui est même descendu… par d’autres, ignoré par la plupart et soulagé et reconnu par celui qui le fit monter sur sa monture.

Ce texte dit "du bon samaritain" est particulièrement célèbre, il fut le sujet d’innombrables commentaires, il excita la curiosité et la virtuosité de nombres artistes peintres, sculpteurs et écrivains. C’est même un texte qui est passé dans le langage courant : le bon samaritain c’est le brave type qui force l’admiration, au moment ou d’autres qui auraient dû agir sont défaillants car ils ont passé leur chemin.

Ce texte est accessible à chacun et à tous ; même s’il ne ressemble à aucun autre texte : est-il une parabole, mais cela n'est indiqué nulle part ; est-il un cas d’école sorte d’exemple à l’usage des apprentis maître en loi et en mœurs ; est-il une création immédiate de Jésus connu de l’évangéliste Luc seulement ? Est-il tout simplement un enseignement fondé sur un fait divers banal et ordinaire ; comme si Jésus était en train de lire le journal de la veille et comme s’il était agacé par la curiosité et la suffisance dans la foi de ce docteur de la loi ! Il n’est pas nécessaire d’épiloguer beaucoup pour en comprendre le sens principal, résumé dans cette fulgurante parole de Jésus et qui clos le texte : Va et, toi aussi fais de même !

Cette histoire est particulièrement violente, c’est aussi sans doute la raison pour laquelle elle n’a pas été reprise par d’autres évangélistes même si elle était connue. On pourrait dire que le récit du bon samaritain est un pamphlet anti-religieux radical et absolu. Les hommes du Temple quelles que soient leurs fonctions dans le sanctuaire sont disqualifiés dans la compréhension de la vraie foi. Non seulement ils ne comprennent rien ou appliquent encore de vieux préceptes qui les font passer à côté de la réalité, de la vraie vie concrète et religieuse à la fois. Les gens de la religion ne sont pas les plus charitables comme les cordonniers ne sont parfois pas très bien chaussés. Non seulement ils ne sont pas charitables, mais ils ne servent plus à rien, ils ont été remplacés par d’autres qui sont des laïcs qui ont du bon sens du cœur et le sens de l’organisation.
 C’est, me semble t-il, la première leçon forte de ce texte étrange : la foi, la religion, Dieu, l’Eglise ne sont pas des limites authentiques et sûres pour la réalité de l’Evangile de Jésus Christ. Cet évangile est vécu compris dans le geste et l’accompagnement de celui ou de celle qui ne le revendique pas vraiment.

Quelqu’un agit en face d’un autre et cela est suffisant pour que toute la loi de Moïse, l’amour de Dieu et du prochain soit en quelque sorte accomplie au bénéfice de celui qui avait besoin de l’autre de quelqu’un d’autre. 

C’est comme si les services sociaux étaient défaillants et que les associations religieuses ou non, prenaient le relai. C’est souvent comme çà que cela se passe. C’est comme si le pompier ou le médecin n’avait plus le temps ni le goût d’agir et que les gosses des banlieues se mettaient à prendre en charge leurs semblables.

C’est le monde à l’envers ou l’envers du monde que Dieu est venu visiter. Le Christ est aussi un homme qui est descendu sur la route et la vie des hommes et des femmes et beaucoup ont passé leur chemin. Le Christ est présent sur cette route qui est toujours aussi peu sûre entre Jérusalem et Jéricho, cette route s’est allongée et fait le tour du monde habité ; cette route c’est notre route et l’on sait qu’elle peut être périlleuse, à Paris comme à Bamako….

C’est curieux cette notion de prochain ; dans l’ancien testament ce mot peut aussi bien être traduit par « autre » dans l’expression, l’un l’autre ; les uns les autres. Le prochain c’est l’autre en face de moi, l’autre que je reconnais comme mon vis-à-vis. Dans l’histoire du voyageur le regard - vous l’avez sans doute noté – joue un rôle très important. Le prêtre voit l’homme blessé, le lévite voit l’homme blessé et l’homme blessé voit que le prêtre et le lévite le voient et font semblant de ne pas le voir. Peut-être l’homme blessé se reconnaît-il dans ce prêtre et ce lévite et se dit : c’est normal, moi à leur place j’aurai fait de même. Et sans doute le prêtre comme le lévite reconnaissent dans la forme allongée au fond du ravin un être humain semblable à eux. C’est sans doute pour cela qu’ils passent leur chemin, par crainte d’être atteint par une souffrance ou un interdit ou un je ne sais pas que faire ou je ne fais rien pour ne pas avoir d’ennui. Cet homme est bien leur prochain. Mais eux n’agissent pas comme ses prochains ; comme si le miroir était brisé.
« Sur le visage de n’importe quel humain est inscrite la seule demande  (l’impératif moral) à laquelle la seule réponse possible est : me voici » Emmanuel Levinas.

« Me voici » c’est bien ce que diront les prophètes à la suite de Moïse lorsqu’il entend son nom dans le buisson qui ne se consume pas et par où Dieu révèle son nom et son programme.

La foi en Dieu la foi au Dieu de Jésus Christ c’est aussi une morale, une éthique qui nous font agir et accomplir des gestes et des paroles que d’autres pourraient accomplir, mais qui sur le moment même de l’action disent la présence de l’humain et du divin solidaires et unis dans la banalité de l’existence humaine soudain éclairée et habitée par une présence ; une espérance qui dépasse largement ce qui est dit ce qui est fait. C’est lorsque les croyants reconnaissent en l’autre leur frère et leur sœur qu’ils disent assurément ; et parfois sans même le savoir, la présence du Dieu de Jésus Christ ; ils affirment alors leur foi qui est comprise, claire et comme évidente.

Pendant la deuxième guerre mondiale, des familles protestantes ou autres qui ont accueilli des enfants juifs n’ont jamais eu le sentiment d’être héroïques ou devenir pas là de super croyants. Ils ne se sont pas demandés ce qu’on allait en penser et ce que faisaient les autres, ailleurs. Ils sont devenus des prochains auprès de leurs prochains à demi-morts ou promis à le devenir ; Ils ont vu dans le miroir de la relation à l’autre, des enfants et leurs enfants ; ils ont croisé leur route leur regard, leur foi différente, bref, leur vie sur la route mortelle ils ont dit la vie et la bénédiction ; Ils se sont fait proches car souvent confusément d’ailleurs, ils avaient choisi pour eux mêmes dans la dureté de leur existence la vie et la bénédiction plutôt que la mort et la malédiction.  Ce n’est bien sûr que plus tard après-coup que tout cela prend du sens et du poids et devient pour d’autres des exemples de foi et de vie.

Fais-cela et tu auras la vie, avait dit Jésus avant de raconter l’histoire du samaritain et tu n’auras plus besoin, en quelque sorte de poser la question folle et pernicieuse : qui est mon prochain ?  Mes prochains sont ceux et celles qui me ressemblent ; qui pensent croient et prient comme moi voilà ce dont j’ai envie et voilà ce qui n’est pas possible dans la foi au Christ Jésus. C’est la marque des religieux et des religions d’appeler prochains ceux qui leur ressemblent ; comme si les prochains devenaient nos semblables. Et qui se ressemble, s’assemble. L’assemblée que nous formons rassemblée par la Parole du Seigneur, malgré les habitudes et les relations établies est une communauté de dissemblables et non de semblables et c’est pour cela que nous pouvons vivre la réalité du prochain entre nous et au-delà de notre cercle. 


Qui est mon prochain ? Qui pourrions-nous, aider ? ne sont plus de bonnes questions. Ces questions sont changées et transformées en de nouvelles questions de nouvelles orientations où l’aide de Dieu devient décisive et active. Qu’est-ce qui pourrait nous mettre en route, moi qui ne bouge plus ?  Qu’est-ce qui change mon regard sur tel ou tel ? Qu’est qui fait que malgré tous mes doutes, ma timidité, finalement je m’approche. Qu’est ce qui pourrait faire pour que je retrouve le calme et que je calme mson impétuosité et ma boulimie d’actions qui m’évite de voir tout simplement l’autre tel qu’il est et non pas tel que je voudrais qu’il soit pour moi ou avec moi.  Ce nouveau regard,  ces nouvelles orientations, ces nouveaux projets, sont la loi de l’amour de Dieu et du prochain, passée au filtre de la personne du Christ Jésus qui vit d’abord ce qu’il propose ensuite à celles et ceux qui se mettent à sa suite. Jésus est devenu le prochain, le proche ; il s’est approché afin que nous puissions nous approcher.

Le test de notre capacité d’actions auprès des autres sera aussi celui de notre capacité, notre aptitude à le recevoir et à l’accepter comme notre prochain ; accepter qu’il s’approche de nous, accepter de nous approcher de Lui : voilà le programme. C'est bien ce que vous faites ici en participant et en soutenant les permanents et les bénévoles de Frienship Place qui s'occupent des homless ici en ville.

lundi 16 novembre 2015

Sidération !

Les mots manquent, devant l’horreur et l’absurde de ce massacre en Ile-de-France.
L’horreur de ces dizaines et dizaines de morts et de blessés, sauvagement atteints.
L’horreur de ces vies détruites ou amputées, de ces familles décimées. L’absurde d’un
massacre qui tue à l’aveugle. L’absurde d’une idéologie terroriste qui évoque un dieu
assoiffé de sang.

Les victimes, touchées au hasard des fusillades et des explosions, étaient présentes
dans des lieux qui, eux, avaient été à l’évidence soigneusement ciblés : stade de foot,
salle de spectacle, terrasses de cafés et de restaurants. Ce sont des lieux de détente ou
de culture, où il fait bon se retrouver, en toute liberté, entre amis et au milieu de tous. Ce
sont ces lieux de rencontre et de convivialité qui étaient visés. C’est cela aussi qui faut
maintenir et protéger. Dans l’effroi et l’accablement, que faire ?

Nous pouvons prier. Porter devant Dieu les victimes, et toutes celles et ceux qui en
prennent soin. Porter les hommes et les femmes des services publics qui sont mobilisés,
et les responsables de notre pays. Mais aussi prier pour que la violence recule chez ceux
qui sont aveuglés par des fantasmes de pureté radicale.

Nous pouvons offrir notre écoute et notre parole. Dans nos relations, notre temps, nos
réunions, nos lieux de culte, faire place à la parole et au silence échangés. Accueillir et
partager les mots, les soupirs, les sanglots, les pourquoi, les colères.

Nous pouvons aussi cultiver la solidarité et la fraternité, si fragiles, si précieuses, qui
nous sont confiées.

Nous remettons le temps présent et toute chose au Dieu vivant qui, en Jésus-Christ,
nous rejoint et nous accompagne dans nos détresses et dans nos espoirs.

Laurent Schlumberger, pasteur

mardi 20 octobre 2015

A découvrir ! Un designer, coloriste étonnant !


Il s'agit d'Olivier Vincent qui crée avec une grande imagination par des couleurs et sur de l'aluminium. Ces formes et ces couleurs inattendues captivent  le regard et déploient un environnement stimulant et apaisé.
A voir sur place (à La Paillasse sur la RN7 entre Loriol et Valence )
 A découvrir absolument : www.facebook.com/olivier vincent






lundi 19 octobre 2015

Balade piscenoise...

Depuis les Celtes en passant par l'empire romain et Jules César,  Pézenas abrita de nombreuses personnalités, la plus célèbre est sans  doute Molière ; mais aussi, Vidal de la Blache l'inventeur de la géographie moderne et même Boby Lapointe qui y est né !
 


 

samedi 17 octobre 2015

Un artiste peintre !


une Cène

 Le Sermon sur la Montagne

Crucifixion :


Christian Antérion à Valence dans la Drôme : +33 6 36 71 99 80 si vous êtes intéressés....
Soleil couchant dans la vallée du Rhône





mercredi 9 septembre 2015

Rencontres à Mialet où le Désert animé !


18000 personnes ! Impressionnant, chacun cherche quelqu'un ou quelques uns...des rencontres inopinées en permanence. Les voix des Psaumes résonnent, la Parole est adressée, prêchée avec Anne Faisandier pasteur de l'Eglise protestante unie à Marseille, sur le thème de la Foi qui n'enferme pas et va toujours ailleurs à la rencontre de l'autre différent et irréductible. 1715-2015, de la mort de Louis XIV, du premier mini Synode réformé après la Révocation au présent de l'accueil des Réfugiés. Des rapprochements inattendus dans le temps et l'espace. Et même le président du Sénat avait l'air heureux d'être là parmi la foule multicolore. Merci à la famille Carbonnier !
Voir des photos ?  Avec le président Larcher !
Mais aussi : Prédication, et allocutions diverses
Seigneur, notre Dieu et notre Père,
Des visages inconnus, des hommes, des femmes,
Des vieux, des jeunes, des enfants reprennent les chemins de l’exil, de la déportation et de l’arrachement.
Toi qui as pris le visage de celui qui n’a pas trouvé une pierre où poser sa tête, Jésus Christ
Nous te confions ces populations en déshérence, nous avons confiance que tu es avec chacun d’eux.
Nous voulons recevoir, réentendre l’exigence de ton appel d’accueil, de partage et de solidarité.
Crée en nous, au sein de nos communautés, la capacité de s’émouvoir, le courage de l’indignation et l’humilité de l’action.
Amen !

dimanche 9 août 2015

Jean le basique !

Les gens sont plus curieux qu’on ne le croit parfois ; nos contemporains s’interrogent à cœur ouvert ou dans le secret de leur for intérieur, ou bien encore dans des discussions de café du commerce : Que faut il faire pour échapper à la grippe ? Que faut-il faire pour être  français ? Que faut-il faire pour sauver la planète ? Et bien d’autres questions encore…

Les humains et c’est sans doute une marque une trace de leur ressemblance divine les humains comme Dieu, s’interrogent.  On se souvient des questions initiales du Dieu de la Bible : Où es-tu ? Qu’as-tu fait ? Et pour parler de la subsistance voici que la manne – ce qui nourrit -  va se traduire par qu’est-ce que c’est ? Une autre vraie  question pour chaque jour ! Malheur à celles et ceux pour qui il n’y aurait pas ou plus de questions. Tristes sont ceux et celles qui ne se posent plus de questions ou une question au moins.

« Les foules demandaient à Jean : Que nous faut-il donc faire ? » Une relation étrange va s’établir entre Jean et Jésus, entre leurs disciples respectifs entre les premiers chrétiens qui vont se regrouper autour de l’un sans effacer l’autre. Leurs personnes sont difficiles à cerner à comprendre à mettre en harmonie et en perspective. Certes l’un est précurseur de l’autre ; l’un est la voix qui annonce celui qui vient ; l’un reconnaît l’autre mais l’autre reconnait aussi celui qui l’a précédé : « parmi ceux qui sont nés d’une femme, dira Jésus dans l’évangile de Matthieu (11,11) il ne s’en est pas levé de plus grand que Jean le Baptiste ».

Jean est celui qui peut répondre à la question du faire ; de l’agir ; du concret comme on dit aujourd’hui. Il parle de rémission de tout ce qui ne va pas – on dira des péchés – mais il fait des gestes et il est le prophète des signes visibles et aussi inoubliables pour celles et ceux qui les vivent : être plongés dans l’eau du Jourdain laisse le souvenir de sensations comme si le corps et l’esprit étaient concernés, comme si toute la personne était mobilisée par ce geste fort et réaliste.  Jean représente aussi celui qui a des idées bien précises, des convictions, une compréhension du monde des autres et des rapports avec Dieu ; il est l’intransigeant des évangiles ; il est le kamikaze même des évangiles ; il va mourir injustement pour une affaire de mœurs royales, c'est-à-dire pour un fait divers banal et commun. Il dérange et disparait sans histoire et sans suite.

Il nous intéresse car il donne des solutions simples et efficaces à nos problèmes à nos situations complexes, à nos questions pertinentes ; il donne des réponses claires à de banales questions existentielles. Avec lui l’existence concrète est concernée.

La nourriture et le vêtement : c’est du basique. Il vaut mieux ne pas s’alourdir avec ça. Avec la vie, la mienne avec mon existence il n’est pas nécessaire de trop s’appesantir sur son sens et sa destination ; il vaut mieux simplement partager avec quelqu’un d’autre. Sa morale son sens de la vie est compréhensible par tout un chacun ; c’est d’une grande clarté. Il vaut mieux que quelqu’un d’autre soit concerné par mon avoir plutôt que j’en sois le seul maître le seul gérant. Ce qui doit me protéger et me faire vivre concerne aussi celui qui a besoin de protection et de vie. 

Ce qui a été souvent observé c’est que Jean ne prêche pas dans les synoptiques un idéal de vie, un mode d’organisation, une conception des rapports humains ; Il n’annonce même pas une doctrine, il ne prêche pas une morale ou un idéal de pauvreté comme le feront plus tard bien des chrétiens célèbres comme par exemple St François d’Assises. Il ne dit pas qu’il faut se dépouiller pour vivre vraiment selon la volonté de Dieu.

Il dit simplement que le premier niveau de la vie chrétienne ou la vie avec et devant Dieu, c’est la découverte que je n’ai rien en double, je n’ai aucune sécurité et que ma vie est liée à la présence de l’autre qui n’a pas, non plus de sécurité.

Sa morale a aussi un second niveau, un second étage très curieux. C’est le mélange ; c’est l’affirmation de la non-séparation. Au fond il ne croit pas comme certains juifs de son époque et comme le croiront plus tard de nombreux chrétiens  qu’il y a des métiers indignes devant Dieu, qu’il y a des catégories d’activités qui représentent ce qui est mal, mauvais, impurs, incapables de connaître la vérité. Il ne croit pas que les collecteurs d’impôts sont tous des voleurs ; eux aussi ont accès à une conscience morale : de même pour les militaires qui en ce temps et en temps de crise se servent volontiers sur place sur le terrain ; aux uns et aux autres il demande de la retenue et de l’exigence dans la réalisation de leur activé choisie ou imposée ; au fond c’est dans la manière de vivre sa fonction que la personne apparaît en vérité. Ce ne sont pas les fonctions qui disent ce que sont les humains mais bien les humains qui font vivre en vérité les fonctions ou les activités les plus diverses.
 
On pourrait dire que Jean serait choqué devant des fonctionnaires ripoux ; devant des commerçants malhonnêtes, devant des personnages investis de l’autorité en train de profiter de leur situation. Cela est évident cela est en soit banal et voilà que cela revêt chez Jean le baptiste une grande importance ; voici que pour lui ces remarques de morale basique font de lui un personnage respecté qui suscite l’attente et l’interrogation : Le peuple était dans l’attente…

Jean nous intéresse ; il nous dit dans cette histoire qu’il y a des moments de l’histoire où le rappel de la simplicité et de l’évidence morale devient nécessaire utile et qu’elle trouve un accueil favorable. Paul dira que tout est permis mais que tout n’est pas édifiant et qu’il faut sans doute revenir à nos bases ; à des fondamentaux souvent oubliés ceux d’une morale limpide où la place de l’autre est décisive pour ma vie que je ne suis pas intéressant tout seul  et que la sens de ma vie de découvre lorsque je ne me dépossède pas mais lorsque je donne à l’autre comme par l’intermédiaire d’un Etat généreux, ou d’une Eglise qui ne vit plus pour elle-même.

Cependant L’Eglise chrétienne n’a pas suivi Jean mais Jésus comme Christ. L’apôtre Paul n’a  pas été le missionnaire de Jean mais de Jésus comme Christ. Qu’est-ce que Jésus apporte que Jean ne connaissait pas et qu’il devinait peut-être ? Voilà notre ultime question de ce jour.

Une tentative de répondre pourrait être contenue dans le mot et la réalité du Bonheur. Il sera nécessaire de passer d’une  morale juste et bonne à une étape supérieure qui va rejoindre la préoccupation de tous les humains celle de la recherche de la quête du Bonheur. Jésus dira : heureux vous qui … vous êtes heureux si votre recherche du royaume vous conduit à la rencontre de l’autre, au partage de ce qui vous encombre, de ce que vous avez en trop et qui n’est pas nécessaire. Le bonheur se tient là à votre porte de vos maisons, de vos fonctions, de vos Eglises, de vos pays, de votre humanité.

A la suite des traditions juives, la religion chrétienne est une religion d’annonce d’un bonheur qui prend corps dès ici-bas. Le psaume 4 disait déjà : Ah ! Qui nous enseignera le bonheur ?  Les béatitudes sont la manière dont le Christ dit le bonheur pour les artisans de paix et de justice, pour ceux qui pleurent avec ceux qui pleurent et qui se réjouissent avec ceux qui sont dans la joie.

Ici est affirmé « l’horizon d’une vie sous le signe de la bienveillance parce que le bonheur dira Ricoeur, ce n’est pas simplement ce que ne n’ai pas, ce que j’espère avoir, mais aussi ce que j’ai goûté. » La foi chrétienne va annoncer  la certitude qu’il y a encore quelque chose à attendre de la vie. Elle va dire : je m’attends encore à du bonheur. Quelque soit mon âge, ma situation, ma fonction.

Jean disait : pratique le partage ! Soit honnête avec les autres ; renonce à tes petits privilèges ; à la suite de Jésus comme Christ, ses témoins diront à leur manière : Sois heureux maintenant et demain. Sois heureux dans ta vie malgré les malheurs et les souffrances qui sont là ; regarde j’y succombe moi aussi et pourtant j’attends encore quelque chose de ma vie et de la tienne, de la nôtre.

Paul  Ricoeur disait l'annonce de la foi chrétienne, comme elle d’une pratique et « d’un désir d’une vie accomplie avec et pour les autres et cela dans des institutions justes ».

Jean c’est un pédagogue, il nous apprend à nous comporter avec les autres pour découvrir notre propre réalité. Jésus est un maître de sagesse, il nous entraîne vers la pratique et l’annonce d’un véritable bonheur de vivre aujourd’hui et demain. Nous préférons parfois sans le savoir l’existence concrète et banale de Jean le Baptiste ; pourtant Le Christ nous invite et nous appelle à sa suite vers la réalisation d’un bonheur partagé toujours neuf, toujours troublant.