Souvent, lors des célébrations de l’aube de Pâques, le temps est gris,
froid ou humide, alors que les participants espèrent secrètement un lever de
soleil radieux, qui suggèrerait la résurrection et la victoire de la vie sur la
mort. Cette image météorologique nous ramène bien à ce qui est en jeu dans la
célébration de Pâques. Souvenons-nous : elles étaient trois femmes discrètes et
inquiètes ce matin-là, venues pour embaumer le corps de Jésus mort, et
soucieuses de la lourde pierre qui fermait le tombeau (Marc 16, 1 à 8). Pas de
trompettes célestes ni de tremblement de terre, simplement un jeune homme en
vêtement blanc qui veut les rassurer : « Ne vous effrayez pas ! » et qui leur
fait part de l’incroyable nouvelle : « Jésus de Nazareth, le crucifié, est
ressuscité, il n’est pas ici. (…) Il vous précède en Galilée ». Prises de
panique, les trois femmes s’enfuient, « tremblantes et bouleversées ». Voilà
donc l’événement central et fondateur du christianisme : trois personnes
apeurées qui reçoivent un message qu’elles ne comprennent pas et qui s’enfuient
en courant ! Nous sommes loin des manifestations de puissance et de gloire que
nous attendrions pour un tel événement !

Car Pâques, c’est d’abord la
venue dans la discrétion de celui qui a traversé la mort, celui qui va
s’adresser à Marie - qui ne le reconnaît pas - en l’appelant par son nom : «
Marie !» (Jean 20, 11 à 18). Avec la même délicatesse et la même discrétion, il
appelle chacune et chacun d’entre nous par son nom : l’expérience de la
résurrection, c’est d’abord cette rencontre intime et personnelle du Christ
avec chacune et chacun de nous. Celui qui s’est relevé d’entre les morts est
désormais debout devant nous et nous précède. La résurrection, c’est donc pour
aujourd’hui, dès maintenant, pour toutes celles et ceux qui veulent inscrire
leurs pas dans ceux du Vivant. Et cet aujourd’hui traverse notre vie comme il
traversera notre mort : la mort est morte, nous n’avons plus besoin d’être
tremblants et effrayés, car la brèche vers la vie est ouverte devant nous.
Cette brèche peut sembler bien
petite et fragile, voire impossible à accepter, tant la réalité du malheur du
monde et la lourdeur de nos errements et de nos désespoirs semblent devoir
toujours l’emporter. Mais elle est réelle comme la poussée irrésistible du
germe qui fait éclater le grain de blé mort en terre : petite pousse
insignifiante, mais espérance invincible qui traverse toutes nos morts. Pâques
est le contraire de tous les endoctrinements et de tous les fanatismes qui
voudraient nous faire croire que Dieu est un juge et un tyran : une proposition
de vie en apparence humble, mais dont la force irrésistible transforme nos
champs de ruines en jardins de paix et de lumière.
JOYEUSES PÂQUES À TOUTES ET À
TOUS !
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