samedi 11 avril 2020

Pâques ! Christos anesthi !


Pâques 12 avril 2020
Esaïe 55, 1-13. Actes 10, 34-43 et Luc, 24, 1-12

« Rappelez-vous comment il vous a parlé quand il était en Galilée ; alors elles se rappelèrent ses paroles, elles revinrent du tombeau et rapportèrent tout cela au Onze et à tous les autres ; C’étaient Marie de Magdala et Jeanne et Marie de Jacques ; Les autres compagnes le disaient aussi aux apôtres. »

La fête de Pâques est un exode, c’est un exil ; c’est un passage et une sortie ; c’est une libération, c’est une sortie de prison ; c’est une naissance comme éblouissement ; la fête de Pâques ce sont toutes les forces de vie qui entourent et font diminuer toutes les forces de mort.
Pâques c’est la foi en une création qui fait vivre et qui s’exprime par la rencontre vitale de tous les autres ; c’est la célébration du premier jour ; dans le déroulement inexorable des semaines et des jours, Voici l’arrêt et l’étonnement au cœur de ce premier jour de ce temps nouveau, neuf, comme une nouvelle étape de vie pour des témoins surpris. Tout ne se déroule pas sans fin, tout ne coule pas comme le disaient les Grecs ; il y a des jours trop longs et des moments usés et des jours et des moments neufs ; il y a des temps qui inaugurent, il y a des temps de ressaisissement, de recueillement et de récupération.

Après et avec l’échec et la capitulation voici venu le temps de la récapitulation, avec et après le temps de la mort voici venu celui de la vie.
Les auteurs évangéliques et Luc en particulier, en écrivant dans la foi, les récits de Pâques ont été confrontés à une grande difficulté fondatrice du christianisme et de la foi elle-même : il fallait montrer et dire la bonne nouvelle de la vie, la bonne nouvelle de Jésus le Christ vivant en tenant compte à la fois de la réalité, de l’objectivité et d’un certain réalisme : il fallait qu’il n’y ait pas de doute : le Vivant le ressuscité, c’était bien Jésus de Nazareth, le crucifié ; et c’est alors l’insistance dans les textes des mentions de mort, celles des aromates celles des bandelettes, celle de la pierre, celle du corps et du tombeau. A ce niveau là il fallait affirmer que l’action de Dieu et son projet concernent bien Jésus mort : on parlait bien du même. Mais en même temps, il fallait exprimer et annoncer que la résurrection et Pâques ne ressemblaient en rien, n’avaient rien à voir, avec un joyeux happy end, une fin heureuse, une bonne conclusion à un épisode de la vie mouvementée et tragique.
 Le jour de Pâques il fallait, il faudra et il faut annoncer que la foi qui prend naissance le premier jour de la semaine n’est pas fondée sur la régénération d’un cadavre qui aurait un jour à nouveau mourir. On ne nous raconte pas la sortie victorieuse et en gloire du tombeau. Tous les évangélistes ont pris soins d’éloigner les apparitions du ressuscité du tombeau lui-même. On ne décrit pas la sortie on ne raconte pas la résurrection, on ne détaille pas le comment, on affirme et c’est la marque de l ’Evangile de Luc, la disparition de Jésus, il n’est plus là. La victoire de Dieu sera dite par et dans l’absence : ce que les femmes étaient venues rencontrer, le corps de Jésus, elles ne le trouvèrent pas et en furent très décontenancées, dit le texte.

La foi de Pâques tient en ces deux perspectives : réalisme de la mort et du tombeau et en même temps béance, vacuité de ce tombeau désormais sans objet, sans corps. Absence et vide qui laissent place à des mots à des paroles qui vont atténuer le choc et la brutalité de cette disparition qui vont orienter la foi et l’espérance en train de naître. Le corps mort de Jésus n’est pas objet de foi ni d’adoration, seul le corps absent seules les paroles vivantes fondent la foi de Pâques.  
En ce premier jour de la semaine nous sommes invités à nous mettre à l’écoute de cette foi de cette confiance en train de naître : la foi de Pâques, l’espérance vitale et dynamique qu’elle contient a pour cadre le réalisme de l’existence humaine qui s’exprime par le vide la béance et l’absence dans un tombeau désormais inutile car il ne répond plus à sa fonction.
Dieu intervient dans le cadre et non hors du cadre de l’existence humaine et son intervention peut s’opérer sous le signe du vide et de l’absence habités par des paroles vivantes pour des personnes en train de vivre et de revivre.
Ce sont bien des personnages de chair et de sang des êtres qui nous ressemblent ; ce sont des hommes, mais surtout des femmes apeurées et meurtris qui vont découvrir l’efficacité de Dieu l’efficacité de sa parole, la réalisation de ses promesses sur le lieu même de l’absence et du vide. Jésus n’est plus là mais finalement qu’importe, les marques, les traces, l’écho, le souvenir de son passage, de sa vie de ses actions sont ce jour-là tellement là, que sa disparition son éloignement va se transformer en dynamisme nouveau, en responsabilité nouvelle, en nouvelle marche, nouvelle parole en semaine nouvelle, en création nouvelle. Il n’est plus là ! mais qu’importe, nous sommes là ; les disciples sont là porteurs de son espérance, porteurs de ses réalisations à vivre, annonciateurs de son projet de vie. Le premier jour de la semaine, le jour de Pâques, soudain les disciples déconcertés et affolés, découvrent qu’ils deviennent utiles et nécessaires, qu’ils sont les agents préférentiels et agréés de la vie de Jésus.

Le miracle incompréhensible de Pâques réside là tout entier. L’action souveraine de Dieu est à jamais inséparable de la vie de ses témoins. Pâques n’aurait aucun sens et nous ne serions pas là pour le célébrer encore, si les témoins du premier jour de la semaine ne s’étaient pas mis à l’œuvre pour annoncer de grand bouleversement de grand déplacement :

-   Le tombeau de Jésus n’est pas le bon lieu, il nous est inconnu il échappe à toutes nos tentations et nos envies de figer dans l’espace et le temps la réalité de Pâques.
-     On ne parlera plus ce jour là de Jérusalem et de la Judée lieux des pouvoirs et de la gloire fragile. – On ne parle plus du temple, lieu du sacré et de pèlerinage
-    Le jour de Pâques seule la Galilée compte, lieu de la mouvance et des déplacements de Jésus, lieu des rencontres avec celles et ceux qui en manquaient. Là où Jésus avait rencontré les paralysés de l’existence, là où il avait enseigné. Cet espace et ces moments historiques acquièrent soudain une dimension universelle et éternelle. Ce qui était un coin de terre devient figure du monde entier. Dans l’évangile de Luc la Galilée devient l’espace de la résurrection. Rappelez-vous comment il vous a parlé en Galilée. Ce qui s’y était passé et dit devient ce qui se passera toujours et partout.

La foi de Pâques prend figure de l’épopée galiléenne. Le passé soudain devient présent qui est orienté vers un avenir à vivre, non à répéter mais à reconstruire, nos vies, nos histoires nos espaces. Les frontières sont repoussées. La fête de Pâques grâce à Dieu c’est l’élargissement de tous les lieux étriqués, même ceux que Jésus avait parcouru. Celui qui est vivant vivifie les espaces les tempos et les moments il vivifie celles et ceux qui désormais auront pour raison de vivre l’annonce de cet élargissement possible et indispensable.
Des femmes d’abord qui reçoivent une mission une identité elles qui découvrent l’impossibilité de rencontrer Jésus rencontrent deux hommes vivants parlant disant le sens et la perspective nouvelle. Celui qui est mort n’est plus là, mais faites de la vie en Galilée l’affaire de votre vie, allez le dire et le faire. La peur la crainte le visage de la tristesse se transforment peu à peu en message porteur de vie et d’espérance tellement porteur de vie et de simplicité que les hommes y voient de la folie.
Des hommes ensuite. Deux hommes ont pris la ^place du corps mort de Jésus. Seul Luc a cette audace, les autres parlent d’anges ! Le premier jour de la semaine ce que Jésus aurait pu dire des hommes découvrent qu’ils peuvent le dire et le faire, ils comprennent que le Vivant c’est bien pour des vivants. Ils comprennent que la Galilée c était important, tout y était contenu : la croix, les rencontres les signes, la vie. Désormais il faudra vivre de tout cela. Les Onze et les autres et Pierre en particulier reçoivent de la part de Dieu, par des femmes et des hommes neufs leur ultime enseignement. Certes ils iront, Pierre ira vérifier la béance et la vacuité du tombeau, mais il faudra repartir avec le souvenir puissant de la Galilée et de la vie.
Pâques n’est pas une théorie c’est la rencontre d’une possibilité de vivre autrement et vraiment. En ce premier jour d’une semaine nouvelle nous sommes appelés à nous mettre à l’écoute des témoins de Pâques : ouverture d’un tombeau, disparité, parole et souvenir, découverte que sans témoins e train de se mettre en marche Pâques risque d’être une pseudo réalité magique. ; le Vivant ne joue pas avec la mort il dit le primat de la vie, il propose dans l’étonnement une parole et une action pour des hommes et des femmes celles de devenir des disciples des annonciateurs des témoins d’un monde transformé et transfiguré pour leur propre vie pour la vie des hommes et des femmes autour de nous.
On ne peut pas vivre et croire Pâques en restant immobile dans nos vies nos conceptions nos orientations nos projets. Seuls des hommes et des femmes ressuscités et grâce à Dieu en train de le devenir reçoivent pleinement l’annonce, la force et la joie de ce jour. Ressusciter c’est faire mémoire, c’est être rendu capable de faire mémoire des gestes et des paroles de Jésus lorsque il était en Galilée. Nous avons tous des Galilées personnelles, nos vies et nos habitudes à revisiter, la rencontre avec la Galilée de Jésus va élargir nos espaces et les parcourir d’espérances à vivre.

Alors, rappelez-vous comment il vous a parlé lorsque il était en Galilée ! 
Le pain multiplié et le vin en abondance comme à Cana, sont partagés ; ils sont le souvenir vivant de cette vie et de cette mort transfigurées, à recevoir et à annoncer.
En les partageant puissions-nous là où nous sommes et comme nous sommes, découvrir des signes de résurrection. Grâce à Dieu Il est Vivant pour que nous vivions nous et tous les confinés de la terre ! A tous les confinés de la Vie !








vendredi 10 avril 2020

Passion

Lecture de la Passion selon Matthieu 

Matthieu 26, 36-75
A Gethsémané : solitude ; arrestation, solitude. Situation de déréliction.  « Alors les disciples l’abandonnèrent tous et prirent la fuite ». Les fondateurs de l’Eglise chrétienne ne sont pas des héros ! La fin de Jésus n’est en rien miraculeuse. On ne se soucie pas de ceux qui sont perdu ou qui semble perdu. Le fils de Dieu est en état d’arrestation, le gardé à vue est sans avocat ni à la première heure ni à la dernière.  Comment se fait-il que cette histoire dure depuis si longtemps. Aucune religion ne connaît pareil dénouement et nous raconte la fuite du premier cercle. La religion celle de Caïphe décrète le blasphème. Lorsque des puissants disent qu’il y a blasphème, il faut craindre le pire. C’est une accusation d’intolérance et de confiscation de toute liberté.

Matthieu 27, 1-44
La mort du premier et important disciple est le suicide. Comme un général romain vaincu, trahison, affaire d’argent, comment recycler cet argent sanglant ? Rien ne nous est épargner comme pour nous dire que nous ne rêvons pas que la réalité est pleine de cela et en même temps de présence de Celui qui ne dit pas grand-chose. Après la religion voici la politique ambiguë celle qui veut plaire à la foule au peuple qui ne veut pas d’histoire ; si on agit dans le sens de ce que demande le peuple qui veut toujours des coupables vrais ou faux peu importe.  Ce qui hante l’écrivain biblique ce sont des résonances scripturaires : Zacharie, Jérémie, les Psaumes sont requis pour nous dire que ce qui se passe on peut en lire en relire des traces dans les textes anciens. Tout n’est pas prévisible, mais ce qui a été écrit contient du sens de la signification, contient une direction pour ne pas devenir fou devant cette histoire tragique.
Matthieu 27, 45-66

L’évangéliste décrit la mort du Christ d’abord avec le fameux : Pourquoi ? Pourquoi toi aussi Dieu !  Tu me laisse seul. Avoir le droit de crier à Dieu sa solitude son angoisse sa peur ; c’est sans doute le point de départ de la foi. Elle est l’assurance de rien, avant de retrouver le chemin de la confiance. Sentiment de l’absence et sentiment de confiance sont mêlés, intriqués, noués ensemble. Matthieu décrit aussi ce moment comme une fin du monde un cataclysme, un tremblement de terre, comme une apocalypse, qui révèle un changement radical. Les images religieuses de Dieu volent en éclats, rien ne se passent et ne se passera plus comme avant ; il y aura désormais un avant Jésus Christ et un après.  Ce sont les sans grades, inconnus ou discrets des femmes souvent courageuses, un homme riche plein de bon sens, qui s’occupent encore de Lui, de son corps. Ils font œuvre d’humanité comme des Antigones, au cœur même de l’inhumanité.  Les pouvoirs eux continus à sécuriser avec la garde et surtout par la pierre déposée, ils assurent que rien ne doit bouger, tout est bien fini.

L’espérance de Pâques précisément sera d'interroger ce "bien fini"


mercredi 8 avril 2020

Nudité


Cliquez  !  Un commentaire pascal d' Elian Cuvillier, très stimulant !
"Alors tous l'abandonnèrent et prirent la fuite. Un jeune homme le suivait, n'ayant sur le corps qu'un drap. On se saisit de lui ; mais il lâcha son vêtement et se sauva tout nu". Marc 14, 50-52.


vendredi 3 avril 2020

Les Rameaux de Palmiers


Dimanche  5 avril 2020

Comment s'aérer et voir les arbres, les rameaux comme des promesses dans nos confinements ? Comment voir la nature autrement et pourtant vivre avec le danger ? Restons confinés, sauvons des vies et restons encore chez nous ! 

Psaume 92, 13 : « le juste pousse comme un palmier »

Lectures : Psaume 92 puis Deut. 34, 1- 6 (Jéricho la ville des Palmiers) et Jean 12, 12- 21

La fête des rameaux, l’entrée presque triomphale de Jésus dans la capitale est, comme toute manifestation glorieuse, dangereuse et ambiguë. C’est l’unique manifestation triomphale de Jésus décrite dans les évangiles. L’Eglise chrétienne a souvent associé ce jour d’acclamation à la gloire de Pâques. Est-ce bien raisonnable ? Quelle est l’ambition ou quel est le quiproquo des rameaux ? Jésus vient comme roi, mais quel roi ? Comme Seigneur et comme serviteur comme crucifié et comme ressuscité !

Le christianisme a eu, depuis toujours, des liens des relations difficiles avec les pouvoirs : Soit loin du pouvoir avec le risque de la secte ou de la perte d’influence sur les réalités du monde et de l’histoire…Soit collusion ou partage du pouvoir avec un effet de domination et de radicalisation …Soit encore distance et lien en même temps : refus de sacraliser les pouvoirs humains et bienveillance et neutralité si ces pouvoirs accepte le religieux sans le contraindre.  On le sait bien, les protestants français sont heureux de la laïcité !

Ce jour là, tout ce que Jésus avait fait et dit en Galilée, se trouve rassemblé dans la joie, la reconnaissance et l’espérance éphémère d’un salut non plus seulement personnel mais aussi communautaire ou national. Ainsi va l’humanité et les groupes humains : de la forte espérance à la déception. La foule est versatile, elle peut brûler ce qu’elle a adoré ; elle peut adorer ce qu’elle a méprisé. Toute l’histoire des peuples est faite de ces renversements qui invitent à la prudence et à la retenue manifestée par Jésus, étrangement silencieux le jour des rameaux.

Ce jour de victoire ambiguë, ce jour d’exaltation, est le commencement d’une semaine de tous les dangers et même du danger mortel, avec les mêmes acteurs.

La foule sera déçue par Jésus : au cri de sauve-nous ! de l’envahisseur et de l’occupant : Il restera complètement insensible, jusqu’à entendre bientôt : Crucifie-le ! Aux marques de reconnaissances et d’intronisation royale il préférera le dénuement et partager son sort avec des condamnés ordinaires.

Dieu, en Christ est venu donner du sens, du sel, du souffle à la vie des hommes et des femmes et non du pouvoir. Dieu en Christ est venu donner une responsabilité de service des autres et non promettre et décerner la gloire tant attendue des personnes des nations ou des valeurs qui font vivre les hommes. Le chemin choisi par Dieu en Jésus Christ n’est pas notre chemin, il vient en quelque sorte croiser, traverser, parcourir, rattraper le plus souvent le nôtre. Le chemin de Dieu c’est comme une croisée des chemins entre le sien et les nôtres. On peut lire aussi la scène des rameaux, comme une croisée des chemins.

La fête des rameaux c’est aussi une fête d’accueil, une manifestation de joie et d’enthousiasme manifestée et illustrée  par… des branchages ; les évangiles synoptiques diront à la suite de Marc que  certains agitaient des feuillages qu’ils coupaient dans la campagne.

L’Evangile de Jean fait encore dans la grande originalité et dans le surplus de sens qu’il entend faire entendre aux lecteurs de son évangile : Il est le seul  à nous dirent qu’ils prirent des branches de Palmiers. Les rameaux chez lui ne sont ni des rameaux d’oliviers, ni de vulgaires branchages, ni des branches de buis à bénir, mais des branches de Palmiers.  Après la version animalière avec l’âne des Rameaux, voici donc venir la version botanique, qui nous invite à donner du sens à cet épisode afin qu’il concerne notre vie et notre foi.

Le Palmier comme signe et manifestation de la foi comme attente et espérance ; le palmier comme la reconnaissance d’une foi qui plonge ses racines dans le passé du peuple et dans l’histoire de sa relation avec son Dieu. Ce que nous raconte l’Exode c’est l’arrivée du peuple en colère avant les cailles et la manne dans une oasis Elim où il y avait 12 sources et 70 palmiers (Ex.15, 27) c’est le paradis ou le salut ou la plénitude  : 12 et 70 c’est le salut particulier à la dimension de l’universel ; La première reine ou plutôt la première juge en Israël c’est Déborah où croyez-vous qu’elle rende sa justice et ses décisions, sous un Palmier (Juges 4, 5) Puis vint la prise si pittoresque et si problématique de Jéricho que l’on nous décrit comme la ville des Palmiers ; Moïse mourant contemple ce pays promis qu’il ne connaîtra pas et dans sa description que voit-il aussi ? La ville des Palmiers. La Palmeraie par excellence ce n’est pas Jérusalem mais Jéricho tout proche sur la route où se distingua un samaritain qui s’approcha d’un homme au bord de la route.  

 
« Ils prirent des branches de Palmiers et sortirent à sa rencontre » La fête des rameaux c’est la fête des palmiers agités comme celle de l’attente d’un roi juste : le psalmiste disait déjà que « le juste pousse comme un palmier ». Le roi qui vient n’est pas quelconque et ordinaire puisqu’il est salué par des palmiers agités qui montre et rappelle à Jésus qu’il vient à la suite de nombreux épisodes de l’histoire de son peuple et qu’il incarne à ce moment là une espérance qui ne peut se dire que sous la forme du palmier, non du cèdre, non de l’olivier, non de la vigne. 

Les Rameaux, voyez-vous, c’est la célébration du voir et non de l’entendre. La foule est venue voir ; elle est venue au spectacle ; elle est curieuse ; tout le monde est curieux de voir ce personnage. La foule des curieux de Lazare ils sont là pour ça ; même les Grecs sont là comme témoin d’une universalité du personnage de Jésus et eux aussi dit Jean veulent voir s’adressant à Philippe : nous voudrions voir Jésus. Les curieux qui montrent à Jésus le fond de leur espérance. En surface ils sont là pour un magicien en profondeur ils disent une demande explicite : Sauve-nous ! Hosanna et une agitation implicite : les palmiers. Ils viennent voir comme au spectacle et Jésus a sous les yeux des palmiers agités il marche au milieu de deux rangées de palmiers. La foule vient voir Jésus le faiseur de signes étonnants, les disciples ne voient pas grand chose, mais ils se souviendront, quant à Jésus il voit des palmiers qui le reconnaissent qui s’agissent qui disent une nouvelle espérance.

Le palmier c’est l’assurance de la chute des murs ; la ville des palmiers c’est Jéricho, ce sont  les murs effondrés ; c’est la conquête la victoire sans se battre ; le palmier c’est la justice de Déborah c’est la relation juste retrouvée c’est la fin de ce qui sépare les humains entre des catégories qui n’auront plus de sens ; Le palmier est là pour dire une attente implicite et une reconnaissance de ce Dieu fait en Christ de ce que Dieu fait dans le personnage de Jésus lorsque la mort est vaincu que la pierre est ôtée ou que Jésus dit : Enlevez cette pierre !
Le palmier c’est tout le contraire des murs du temple c’est le contraire de la ville fortifiée et de la sacralisation des pierres, c’est tout le contraire de la lourdeur mortelle des pierres, celles des tombeaux et celles qui pèsent en nous. Le palmier c’est précisément le contraire de la pierre. Jésus voit la communauté nouvelle qui ne le sait pas encore ; il voit cette communauté vivante transparente agile qui vit au grand air, que rien ni personne ne peut enfermer dans un tombeau dans un souvenir dans une pierre. Jésus sera condamné dans la semaine à cause de son attitude et de ses propos à l’égard du temple qu’il se propose d’abattre et de faire revivre dans sa personne même. Le jour des rameaux il a la vision de cette communauté rassemblée provisoirement et idéale qui sans le savoir ressemble plus à une palmeraie qu’à un sanctuaire fermé - plus à l’ouverture et l’élancement d’un palmier qu’à l’enfermement dans des rites ou dans du sacré à bon marché.

Frères et sœurs, le rêve ou la vision du Christ le jour des Rameaux c’est une communauté de foi et de vie comme une palmeraie, notre foi et notre vie comme un palmier, qui produit donne du baume au cœur des autres qui donne de la nourriture, qui donne du mouvement et qui atteste que l’aridité la sécheresse est terminée et qu’il est possible désormais de repartir. La foi comme une oasis ou la rencontre des autres n’a pas besoin de murs ou précisément ce qui est cru et confessé c’est que lui le roi des rameaux est venu abolir ce qui séparait les humains entre eux ; lui le roi des rameaux est venu réconciliait ce qui en nous et entre nous ne l’était pas encore. Pour Jésus le Christ, pour les disciples comme pour nous les rameaux, les palmiers agités est un moment qui fait (dattes) date ! Il sera ce moment nourrissant pour les disciples ils ne l’oublieront pas même si ce jour là ils n’en comprirent pas le sens.  Puisse le Christ de Dieu nous voir encore comme des palmiers reconnaissants. Puissions-nous entretenir notre foi comme un palmier qui dira la gloire de Dieu et la reconnaissance du Fils.