dimanche 17 avril 2022

Christos anesthi !

          Lecture de Pâques  : Rencontre décisive dans l’Evangile selon Jean 20, 1-18

A l'aube de Pâques, les disciples n'assistent pas à la Résurrection de Jésus, ils ne voient pas ce que tant de tableaux représentent : un Christ, véritable Hercule, plein de force et de puissance qui force les portes de son tombeau, ou qui le piétine avec à sa main le sceptre des empereurs victorieux ! Rien de tel au matin de Pâques selon les évangiles, rien de spectaculaire ! Il n'y a qu'un tombeau vide… et tout reste encore à interpréter de cet événement mystérieux.

Un tombeau vide... Il y a un certain risque en effet à Pâques de vouloir imposer une sorte de joie obligatoire, une certitude sans failles, une foi inébranlable, mais qui risque de n'être qu'une parenthèse dans les brouillards de nos vies quotidiennes, des luttes que nous avons à mener contre nos peurs, nos questions, nos réticences.

Pâques pourra alors être célébré rituellement, être chanté avec ferveur, prêché avec conviction, mais le retour à la réalité peut faire mal, et les enthousiasmes artificiels nous décevoir.

Avant d'exulter de la joie pascale, peut-être vaut-il mieux suivre le chemin moins triomphant, plus modeste de Marie de Magdala.

Chemin, passage, Pâques du coeur vide de tristesse et de détresse, à la parole pleine du témoignage. Chemin, passage, Pâques de l'obsession mortifère, qui nous replie sur nous-mêmes, nous isole et nous cloue sur place rivés à notre chagrin, à la mission qui nous conduit à la rencontre des frères et soeurs porteurs d'une parole de vie. Tant il est vrai que dans ce récit, il est avant tout question de la Résurrection ...de Marie de Magdala, de sa foi ressuscitée, re-suscitée par la Parole d'appel de son Seigneur …plus que d'un reportage sur la résurrection "objective", "historique" de Jésus.

Ou, pour le dire autrement, nous ne pouvons avoir accès à la Résurrection de Jésus que par l'intermédiaire des vies ressuscitées des disciples et de leurs paroles porteuses de confiance et d'espérance. Il ne peut y avoir de connaissance froide, rationnelle, scientifique de l'événement de Pâques, des preuves évidentes aux yeux de tous de la Résurrection de Jésus...Mais il ne peut y avoir qu'une connaissance chaude, existentielle, qui concerne toute notre vie, une re-connaissance dans la foi.

C'est seulement quand le Christ nous appelle par notre nom, quand il nous rappelle à notre vocation, alors que nous doutions de tout, et surtout de nous ! que nous pouvons entrer dans ce mouvement de reconnaissance. Il nous faut nous-mêmes opérer un passage, une pâque, un retournement ...pour pouvoir témoigner de façon crédible de la Pâque du Seigneur.

Autant de cheminements, de démarches spirituelles que de disciples : chacun vit à son rythme cet accès à la foi pascale :

Il y a d'abord le cheminement ou plutôt la course de Jean, le disciple que Jésus aimait. Jean le mystique, l'intuitif, qui au coeur du tombeau "voit et croit", fait l'expérience à travers le vide, dans la nuit, dans la perte, d'une présence plus forte que tout et qui l'illumine. Jean le disciple que Jésus aimait et qui sait qu'il n'y a pas de plus grande voie que celle de l'amour pour parvenir à la connaissance de Dieu et à la reconnaissance de la Résurrection.

Et tant mieux si parmi nous il y a des personnes qui ont cette foi sans ombres, cette foi instantanée, cette foi qui les fait entrer dans le monde de Dieu et leur permet alors de tout regarder dans Sa lumière éternelle.

Il y a le cheminement de Pierre le réaliste, l'homme de l'institution et du bon sens, celui qui fait le détail de tout ce qui se trouve dans le tombeau et qui aimerait avoir des conclusions logiques à cette énigme.

Nous pouvons aussi cheminer avec Pierre lorsque nous sommes embourbés dans toutes les bonnes raisons que nous avons de ne pas croire ; quand nous opposons tout ce qui nous semble être du "bon sens" et du "réalisme" à l'Incroyable message de Pâques. Quand nous nous laissons envahir par tous les bruits du monde, toutes les habitudes de notre société de consommation, tous les raisonnements de notre intelligence à l'horizon bornée et découvrons alors avec Pierre que la résurrection n'est pas une énigme à résoudre mais un mystère auquel s'ouvrir.

Et enfin, il y a le cheminement lent de Marie de Magdala, peut-être plus proche de nous, de moi en tout cas, plus proche de nos tâtonnements de nos hésitations, de nos doutes et de nos envies de croire, de nos douleurs et de nos pleurs, de nos peurs et de nos enfermements.



Ne soyons donc pas culpabilisés de nos lenteurs à croire et entrons dans la voie tracée par Marie Madeleine : Pour elle, le tombeau vide au matin de Pâques ne signifie pas le triomphe et la victoire de Jésus sur la mort. Mais ce vide fait redoubler le sentiment de l'absence de Jésus. Ce vide vient amplifier la séparation d'avec son maître aimé et sa solitude. Le tombeau vide vient faire écho à son propre vide intérieur. Au matin de Pâques, Marie ne rayonne pas de joie, mais au contraire redouble de tristesse. Nous voyons en elle le vide de la foi, le désarroi, la course panique et le refrain obsessionnel "Ils ont enlevé le corps du Seigneur et nous ne savons où ils l'ont mis."

Elle n'a plus rien à quoi se raccrocher, même si elle cherche seulement à se raccrocher à un cadavre, à des rites d'embaumement qui domestiquent la mort. Ses mains se referment sur le vide. Et c'est bien son premier "passage", même s'il nous semble négatif ou douloureux. Pour reconnaître le Ressuscité et la Vie victorieuse, elle doit en quelque sorte passer par le vide et la mort. Ce vide l'amène à lâcher prise, à admettre la perte et son côté irrémédiable, à renoncer à embaumer un cadavre, renoncer à toute "chosification" ...ou à toute idéologie, qui n'est rien d'autre qu'une chosification de l'esprit ... Elle doit aller jusqu'au bout de cette "nuit obscure" où il n'y a plus rien, que le vide de la pensée, le vide des sentiments, le vide de la foi.

Car ce vide permet le passage, nous permet de nous désencombrer de tout ce que nous jugions important et qui se révèle un obstacle sur le chemin de la vie. Il y a une traversée des apparences, traversée des illusions pour entrevoir la Vérité.

Mais comment faire pour que ce moment de "vide", de "dépression" soit réellement passage vers une vie autre ? Une vie plus pleine ?

Et ne soit pas l'immobilisme de la déception ? Du désespoir ?

Comment pouvoir lire les signes de Dieu ? Voir dans ce tombeau vide non pas une absence redoublée, mais l'affirmation d'une vie plus forte que la mort ?

Marie ne va pas trouver cette force en elle-même. Ce qui va la faire sortir de sa rumination obsessionnelle et de sa léthargie, c'est une Parole extérieure à elle-même. Non pas un traité théologique sur la Résurrection, ni une explication rationnelle de ce qui s'est passé cette nuit-là, mais la Parole de Jésus, parole d'au-delà de la mort et du tombeau.

Parole qui va la ressusciter, qui va la reconduire à elle-même et à son Seigneur. Une parole qui la nomme "Marie" et la fait entrer à nouveau dans la relation non plus avec un cadavre mais avec le Vivant qui la ramène à la vie, par-delà le vide.

Jésus avait évoqué cette parole intime dans sa parabole du berger "Les brebis qui lui appartiennent, le berger les appelle chacune par son nom et il les amène dehors".

Marie peut alors sortir de sa tristesse et sortir même de l'enclos d'une vie où la mort et le désespoir sont le seul horizon.

Parole de nomination, de vocation, d'appel comme le jour de notre baptême : "Ne crains rien, je t'ai appelé par ton nom, tu m'appartiens" et qui fait de notre vie de nouveau un tout cohérent.

Parole qui résonne si fort dans le coeur vide de Marie que cela l'amène à la reconnaissance : "Rabbouni - Maître" …Reconnaissance qui signifie pour elle une renaissance. C'est parce qu'elle reçoit à nouveau vocation alors que tout semblait terminer que Marie peut entrer dans la joie de la Résurrection.

Et cette vocation est en même temps envoi et mission: car Marie ne doit pas revenir en arrière, comme si Jésus n'avait pas traversé la mort .Elle ne revient pas avant Vendredi Saint. La foi en la Résurrection n'abolit pas l'absence.

Elle ne doit pas "chosifier" le Ressuscité : "Ne me retiens pas", mais elle devient missionnaire de l'Evangile, d'une Parole de Vie et d'espérance, d'une Parole Ressuscitante...d'autant plus crédible que cette parole a eu le temps de mûrir dans la tristesse et les larmes.

"Va trouver mes frères et dis-leur que je monte vers mon Père qui est votre Père, vers mon Dieu, qui est votre Dieu"

Le vide n'est pas comblé, l'absence physique de Jésus demeurera ...mais ce vide prend une toute nouvelle signification : la participation de Jésus à la Vie même de Dieu.

Cette absence se transforme alors en une nouvelle forme de présence : communion donnée et expérimentée, pour ceux qui se reconnaissent frères et soeurs et enfants d'un même Père, au coeur de l'Eglise et du monde.

Jean devant le tombeau vide "voit et croit"; Pierre doit raisonner pour finir au-delà de toute raison par accepter le mystère; Marie-Madeleine doit traverser le vide de son cœur pour accueillir cette Parole qui la remplit de joie… Autant de disciples, autant de cheminements différents pour accéder à cette Vie en Plénitude que le Ressuscité veut donner à chacun.

 Tant mieux s’il y a ici ce matin des personnes pour qui la résurrection est évidente et simple à croire ! tant mieux s’il y a ce matin des hommes et des femmes pour qui cela n’a rien d’évident et qui ont besoin d’un chemin ; Tant mieux si ce matin chacun a notre manière nous sommes prêts à croire une parole qui nous ressuscite qui nous nomme et nous appelle nous envoie vers les autres pour partager cette grande nouvelle : la vie sera toujours plus grande que la mort ; l’amour de Dieu et des autres sera toujours plus fort que toute haine et toute séparation. Dieu vient dans le partage du pain et du vin nous donner cette vie et cet amour ; il vient chez le tout petit ; il vient chez le tout âgé ; il vient dans le silence et le trouble, il vient dans la question comme dans la réponse qu’il nous donne aujourd’hui et tous les jours.


 

 

samedi 9 avril 2022

Le jour des Rameaux

 Dimanche des Rameaux : Lectures : Nombres 22, 21-35 :  Balaam.

Genèse 49, 10-11 - Zacharie 9, 9-10 et Matthieu 21, 1-11 : Rameaux. 

« v.3 et si quelqu’un vous dit quelque chose, vous répondrez : Le Seigneur en a besoin. »

La fête des rameaux, l’entrée presque triomphale de Jésus dans la capitale est, comme toute manifestation glorieuse, dangereuse et ambiguë. C’est l’unique manifestation triomphale de Jésus décrite dans les évangiles. L’Eglise chrétienne a souvent associé ce jour d’acclamation à la gloire de Pâques. Est-ce bien raisonnable ? L’agitation des rameaux peut-elle se traduire par la bénédiction de branche de buis ? Je ne le crois pas.

Lorsque le roi entre dans sa ville c’est en général après une grande victoire ; lorsqu’une ville est prise, nous l’avons vu bien sûr cette semaine, c’est bien le signe de victoire d’un côté, et de reddition ou d’abandon ou de résistance de l’autre. D’un côté la force qui gagne et nous avons vu les chars qui remplacent avantageusement aujourd’hui le cheval monture noble et guerrière et de l’autre côté nous avons vu aussi curieusement des ânes chargés et tirant de piètres carrioles, courant dans tous les sens, comme pour mettre à l’abri leurs charges et leurs maîtres.

 Lorsque le roi entre dans sa capitale celle-ci est en émoi en pleine agitation où se mêlent espérances et interrogations. On agite le drapeau blanc ou celui du vainqueur en signe de bienvenue et de soumission et l’on crie : Sauve-nous ! « Quand Jésus entra dans Jérusalem, toute la ville fut en émoi : Qui est-ce disait-on ? 

Tout ce que Jésus avait fait et dit en Galilée, se trouve ce jour là rassemblé dans la joie, la reconnaissance et l’espérance éphémère d’un salut non plus seulement personnel mais aussi communautaire ou national. Ainsi va l’humanité et les groupes humains de la forte espérance à la déception. La foule est versatile, elle peut brûler ce qu’elle a adoré ; elle peut adorer ce qu’elle a méprisé. Toute l’histoire des peuples est faite de ces renversements qui invitent à la prudence et à la retenue manifestée par Jésus, étrangement silencieux le jour des rameaux.

Ce jour de victoire ambiguë, ce jour d’exaltation, est le commencement d’une semaine de tous les dangers et même du danger mortel, avec les mêmes acteurs.

La foule sera déçue par Jésus : au cri de sauve-nous ! de l’envahisseur et de l’occupant, il restera complètement insensible, jusqu’à entendre bientôt : Crucifie-le ! Aux marques de reconnaissances et d’intronisation royale il préfèrera le dénuement et partager son sort avec des condamnés ordinaires.

L’épître aux Philippiens pourra dire : « c’est pourquoi Dieu l’a souverainement élevé et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom. » Au bain de sang évité par Jésus dans son renoncement au pouvoir, va suivre sa mort solitaire sur une croix.

Dieu, en Christ est venu donner du sens, du sel, du souffle à la vie des hommes et des femmes et non du pouvoir. Dieu en Christ est venu donner une responsabilité de service des autres et non promettre et décerner la gloire tant attendue des personnes des nations ou des valeurs qui font vivre les hommes. Le chemin choisi par Dieu en Jésus Christ n’est pas notre chemin, il vient en quelque sorte croiser, traverser, parcourir, rattraper le plus souvent le nôtre. Le chemin de Dieu c’est comme une croisée des chemins entre le sien et les nôtres. On peut lire aussi la scène des rameaux, comme une croisée des chemins.

 La fête des rameaux c’est assez curieusement une histoire d’âne, d’ânesse, d’ânon qui vont croiser le chemin du Seigneur. Ce n’est pas la première fois que nous lisons qu’une insistance aussi forte, sur cette monture commune, ordinaire, qui a du caractère tant il est vrai que l’on ne fait pas boire dit-on un âne qui n’a pas soif !


C’est la monture de Balaam le prophète étranger et étrange qui est guidé par son ânesse qui elle sait où il ne faut pas aller pour maudire Israël mais qui sait porter et supporter le prophète pour bénir, c’est un animal qui croit qui sait et qui parle. C’est cette ânesse qui voit que le Seigneur est venu croiser la route et stopper un cheminement un voyage dit le texte, entrepris à la légère. Peut-on réellement penser que l’évangéliste Matthieu ne connaissait pas Balaam et son ânesse ? Et qui ici le jour des rameaux, ne stoppe pas la route comme au temps de Balaam, comme pour dire : oui il faut y aller ; ce sera dur, n’écoute pas seulement cette foule, ne dévie pas de ton chemin, tu vois, je te porte jusqu’au bout. Ce qui rassure Jésus c’est son ânesse et son ânon plutôt que la foule.

L’âne ou l’ânon c’est aussi le prophète Zacharie et l’entrée modeste du roi messie dont la marque originale sera de briser l’arc de guerre et de supprimer le char de combat dit le texte : il proclamera la paix pour les nations. Sa domination s’étendra d’une mer à l’autre et du fleuve jusqu’aux extrémités du pays. L’ânon tout jeune souvenir de Zacharie pourrait dire à son tour : Il demande qu’on prenne les armes, ne les écoute pas, avançons ensemble muni de ce message de paix même s’il n’est pas encore audible ou crédible. Ce qui accompagne vraiment Jésus c’est son ânesse et son ânon comme rappel solide de sa vocation plutôt que la tentation d’écouter la foule.

Lorsque Jésus dit à ses disciples : allez au village et vous trouverez une ânesse et un ânon détachez-les ; et si on vous demande quelque chose, dites : le Seigneur en a besoin ! Comme en eurent besoin Balaam et le messie pacifique de Zacharie.

La monture n’est pas brillante, mais elle est solide et elle incarne dans la tradition biblique une proximité avec les voies de Seigneur : elle est liée à la marche et à la démanche du Seigneur sur le chemin des hommes ; elle est solide, commune, familière et proche de la volonté de Dieu même dans ce qu’elle a de plus surprenant pour les hommes : outil de bénédiction plutôt que de malédiction, outil de lucidité plutôt que de vanité, instrument de service et de paix plutôt que de gloire et de conquête.

Détachez-la, emmenez-les-moi, le Seigneur en a besoin. Comment ne pas entendre ces paroles de Jésus, les seules paroles qu’il prononça ce jour-là ;  Jésus a besoin d’ânes plutôt que d’une foule en liesse ; comment ne pas y entendre et les revoir comme une bonne nouvelle adressée à son Eglise, à ses membres, à nous-mêmes, ce matin.

L’Evangile des rameaux y est contenu tout entier : Nous sommes les ânes du Seigneur ou du moins nous sommes appelés à le devenir. Ce n’est ni une insulte ni une injure, mais une invitation qui vient croiser nos routes et nos habitudes.

L’Eglise comme ânesse, avec ses ânes et ses ânons, selon Balaam et Zacharie qui sont appelés à se détacher à être détaché par l’Esprit saint lui-même et par les Ecritures, oui nous détacher de tout ce qui nous empêche encore d’accomplir notre service et notre mission et pour devenir les accompagnateurs opiniâtres du Seigneur :

-   Celles et ceux qui vont le porter (fonction phorique : théophore ; comme un phare qui porte la lumière) avec obstination jusqu’en ville, coûte que coûte, - celles et ceux qui ne seront pas impressionnés par les rumeurs et les réputations, les caprices de la foule

-    Celles et ceux qui seront en toutes circonstances les annonciateurs de bénédictions plutôt que de malédictions et qui porteront la parole du maître comme celle d’un serviteur.

-    Celles et ceux qui donneront du sens, du sel, du souffle. Vraiment ce texte et cette fête sont une affaire d’ânesse et d’ânon : ils sont au centre de cette aventure et Jésus ne parle que d’eux.

      Ce n’est pas une mince espérance de savoir et de croire que le Seigneur a besoin de nous pour le porter, l’accompagner, ne pas dévier de la route, s’arrêter parfois pour mieux avancer encore, ne pas se laisser distraire et être là au moment opportun, croiser la route du Seigneur, se laisser atteindre par lui, faire au moins un bout de route ensemble. Dans la parabole du bon samaritain celui-ci mis sur sa monture, sur son âne le blessé croisé sur le chemin. Nous avons l’habitude de dire plus facile que le Seigneur nous porte et nous supporte ; et cela est vrai. Mais ce matin les ânes des rameaux, les ânes du Seigneur nous invitent et nous appellent à leur ressembler.

Sur le chemin de Jérusalem, l’ânesse et l’ânon voient s’agiter des palmes des rameaux qui leur rappellent le désert et ses haltes dans les oasis du temps de la grande traversée avec Moïse, ils se souviennent de l’exode, de la sortie du pays des servitudes vers un autre lieu ; ils entendent la foule qui réclame encore et encore ; Ils marchent pour la première fois sur des étoffes, des habits ; ils entendent tout cela ils voient, ils sentent tout cela, mais ils sont loin de penser et de croire encore qu’ils sont en train de vivre à nouveau un nouvel exode ; cette entrée dans la ville sera suivie bientôt d’une sortie, d’un nouveau passage, d’une nouvelle Pâques.  Mais ceci sera une autre histoire…