dimanche 30 octobre 2011

La "doxa" comme origine de "la gloire"














Ἀπεκρίθη Ἰησοῦσ, Ἐὰν ἐγὼ δοξάζω  ἐμαυτόν, ἡ δόξα μου οὐδέν ἐστιν: ἔστιν ὁ πατήρ μου ὁ δοξάζων με, ὃν ὑμεῖσ λέγετε ὅτι Θεὸσ ἡμῶν ἐστιν,


Jésus répondit : Si je me glorifie moi-même, ma gloire n'est rien. C'est mon père qui me glorifie, lui que vous dites être votre Dieu,
La gloire : celle exprimée dans les écrits du NT traduit le terme « doxa » plus de 200 occurrences. C’est "l’opinion" dans le grec classique, ou encore le sentiment, l’avis, le jugement ; mais aussi ce à quoi on s’attend, ce que l’on croit possible, la croyance, la doctrine, le ou les dogmes. Mais aussi encore la réputation, la bonne ou la mauvaise (selon Bailly). La "doxa" a quelque chose de visible, de l’ordre de l’apparence, le verbe « dokéo » signifie paraître, semble, donner l’apparence de, donner à voir…
La doxa commune c’est l’opinion générale, c’est ce qui semble pensé et cru par le plus grand  nombre ; c’est "l’opinion" manifestée dans des sondages  par exemple ou par les effets de la mode.
La doxa christique est moins évidente. La gloire que manifeste le Christ Jésus est à découvrir non dans des actes de puissance mais dans la rencontre, le soin, la parole partagée, la créativité mise en œuvre, bref dans une proximité ou se découvre une grandeur inattendue, une présence surprenante, une idée ou une croyance un peu folle et si j’ose dire « para-doxale » littéralement décalée ou à coté de l’idée commune et attendue.
On trouve  dans l’évangile selon Jean ce terme de  « gloire » dans la bouche même du Christ sur le départ, dans les discours d’adieux avant la Passion. Ici la plus grande gloire du Christ sera sa Croix. Son élévation sur celle qui prendra forme sur la croix. Sa gloire ne sera pas celle des hommes en quête de gloriole passagère mais celle d’une présence étonnante, inattendue, inouïe, qui viendra à tout jamais crucifier nos désirs de gloire, ou nos croyances traditionnelles sur la condition divine.

Καὶ νῦν δόξασόν με σύ, πάτερ, παρὰ σεαυτῷ τῇ δόξῃ ᾗ εἶχον πρὸ τοῦ τὸν κόσμον εἶναι παρὰ σοί.
Et maintenant toi, Père, glorifie-moi auprès de toi-même de la gloire que j'avais auprès de toi avant que le monde fût.

L’évangéliste veut sans doute dire que désormais, nos points de vue sur Dieu sur le Christ sur le sens de toutes choses doivent être revus, changés, pour laisser place à du neuf et de l’original. Le Christ est venu apporter un point de vue nouveau sur Dieu, les autres, la vie, le monde. Il attend que nous ayant un point de vue nouveau, neuf, renouvelé sur lui-même comme sur nous mêmes ; ainsi nous ne répèterons  pas la doxa commune, nous affirmerons celle qui est en train de naître en nous, lorsque nous lisons l’Evangile et y discernons la trace de Dieu dans le Christ Jésus.
L’apôtre Paul trouvera les bons mots pour décrire la nouvelle doxa dans son Epître aux Philippiens :

Comportez–vous ainsi entre vous, comme on le fait en Jésus Christ :
6 lui qui est de condition divine n’a pas considéré comme une proie à saisir d’être l’égal de Dieu.
7 Mais il s’est dépouillé, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes, et, reconnu à son aspect comme un homme,
8 il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, à la mort sur une croix.
9 C’est pourquoi Dieu l’a souverainement élevé et lui a conféré le Nom qui est au–dessus de tout nom,
10 afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse, dans les cieux, sur la terre et sous la terre,
11 et que toute langue confesse que le Seigneur, c’est Jésus Christ, à la gloire de Dieu le Père.




Merci à Philippe qui a permis ce commentaire.


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