dimanche 23 décembre 2018
dimanche 9 décembre 2018
samedi 24 novembre 2018
lundi 15 octobre 2018
lundi 8 octobre 2018
Expo Bible à Rouen : 15ième anniversaire !
Lecture : Actes 8, 26-40 :
L’ange du Seigneur s’adressa à Philippe : « Tu vas aller vers le midi, lui dit-il, sur la route qui descend de Jérusalem à Gaza ; elle est déserte. » Et Philippe partit sans tarder. Or un eunuque éthiopien, haut fonctionnaire de Candace, la reine d’Ethiopie, et administrateur général de son trésor, qui était allé à Jérusalem en pèlerinage, retournait chez lui ; assis sur son char, il lisait le prophète Esaïe. L’Esprit dit à Philippe : « avance et rejoins ce char. Philippe y courut, entendit l’eunuque qui lisait le prophète Esaïe et lui dit : « Comprends-tu vraiment ce que tu lis ? » Et comment le pourrais-je, répondit-il, si je n’ai pas de guide ? » Et il invita Philippe à monter s’asseoir près de lui. Et voici le passage de l’Ecriture qu’il lisait : Comme une brebis que l’on conduit pour l’égorger, comme un agneau muet devant celui qui le tond, c’est ainsi qu’il n’ouvre pas la bouche. Dans son abaissement il a été privé de son droit. Sa génération, qui la racontera ? Car elle est enlevée de la terre, sa vie.
S’adressant à Philippe, l’eunuque lui dit : « Je t’en prie, de qui le prophète parle- t-il ainsi ? De lui-même ou de quelqu’un d’autre ? Philippe ouvrit alors la bouche et, partant de ce texte, il lui annonça la Bonne Nouvelle de Jésus. Poursuivant leur chemin, ils tombèrent sur un point d’eau, et l’eunuque dit : « Voici de l’eau. Qu’est-ce qui empêche que je reçoive le baptême ? »
Il donna l’ordre d’arrêter son char ; tous les deux descendirent dans l’eau, Philippe et l’eunuque et Philippe le baptisa. Quand ils furent sortis de l’eau, l’Esprit du Seigneur emporta Philippe et l’eunuque ne le vit plus, mais il poursuivit sont chemin dans la joie. Quant à Philippe, il se retrouva à Azôtos et il annonçait la Bonne Nouvelle dans toutes les villes ou il passait jusqu’à son arrivée à Césarée.
« Comprends-tu vraiment ce que tu lis ? »
Ce texte est pour moi un point de
repère, une anecdote décisive, une rencontre à tous les niveaux ; cette
narration qui ressemble - vous en conviendrez peut être - à un petit film
publicitaire, mais pour qui, pour quoi ? On peut hésiter : pour
une marque de char – de voiture – ou de chevaux pas encore vapeur :
Philippe qui aime les chevaux - comme son nom l’indique - est envoyé sur les
traces, à la poursuite sur une route non encombrée -déserte dit e texte- de
chevaux superbes et royaux. Une pub pour la lecture d’un ouvrage étonnant en
cette rentrée littéraire, celui d’Esaïe par exemple, ou encore une publicité
pour une oasis ou coule un oued où l’on peut être immergé en cette saison dans
le calme, loin de l’agitation de la ville ; savoir en quelque sorte faire
une halte salutaire, sur la route celle de la vie où tout va vite et au tout
est bousculé ! Tout cela est possible stimulant car cela attire notre
attention peut être même notre curiosité, mais cela n’est pas très sûr en
vérité.
Ce qui sûr, véritable et troublant à la fois c’est bien la réalité de
ce texte donné à lire à la fin du premier siècle de notre ère, une lecture qui
nous montre quelqu’un en train de lire. Une écriture somme toute nouvelle,
pour nous montrer un personnage bizarre haut en couleur élevé par sa fonction,
mutilé dans son corps, un personnage sympathique venu pèleriner à Jérusalem,
une sorte de Falacha de la première heure à la découverte d’une lecture
renouvelée et d’un acte : le baptême lui aussi nouveau pour lui. Comme si la lecture, comme si une relecture
en compagnie d’un autre à côté d’un autre devenait soudain stimulante et
décisive au point de tout arrêter, arrêter la belle mécanique, arrêter les
considérations sur sa situation sociale, arrêter toute spéculation sur sa
sexualité, sur ses croyances, son goût du pèlerinage ; arrêter un moment
de sa vie pour lire, relire, entendre comprendre, accepter d’être lui-même lu
par le texte ; tout arrêter pour repartir pour poursuivre non plus sur la
route mais poursuivre dit le texte « son chemin dans la joie ».
Frères et sœurs le christianisme nait (du verbe naitre)
d’un acte de lecture qui soudain me
concerne : on pourrait dire me concerne curieusement d’ailleurs de façon
radicale et ultime.
Je voudrais avec vous parcourir
maintenant au moins trois ou quatre conséquences ou stimulations ou encore
encouragements pour continuer à nous mettre joyeusement à la suite de cette
rencontre de lecture, sur la route, pour la faire nôtre.
1- Du sacrifice à la lecture ; on
devrait dire aussi quand le temps de la catastrophe devient un nouvel avenir.
Les religions nous le savons bien ne tombent pas du ciel. L’Israël ancien comme
les premiers disciples de Jésus ont dû faire face à des événements imprévisibles :
le temple de Jérusalem est détruit ; Jésus meurt sur une croix tel un
esclave. La fin du temple va susciter alors une religion renouvelée avec son
« temple portatif » la Loi la Thorah juive, qui va changer les
habitudes ; il faudra du temps et des débats pour s’habituer comme il en
faudra aux premiers chrétiens juifs d’abord puis se remettre de la mort
inattendue, brutale, injuste du Juste Jésus. Il faudra du temps pour raconter,
décrire, interpréter et avancer dans la certitude fragile que tout va tenir ou être résumé, sur une feuille de papier, enfin sur
une peau de bête, ou sur un papyrus.
Le choc que les
uns et les autres avaient reçu ils l’ont exprimé avec des mots, des images des
certitudes, des doutes et cela dans une langue particulière. Probablement ces
Ecrits avant d’être reconnus comme un peu sacrés avaient pour fonction de
suppléer de combler la disparition progressive des témoins visuels. Ils ne sont
plus sous le coup de l’émotion mais de la distance de la compréhension de la
relecture de la composition dans laquelle il faudra élaguer.
Le passage de l’évènement à la
lecture de l’évènement, la narration fait de nous des proches de l’évènement. Certes
nous ne sommes pas les premiers destinataires ni les premiers lecteurs. Pourtant La narration du baptême de l’Ethiopien nous rend contemporain de la
scène, au moment même ou sous nos yeux des baptêmes sont vécus et célébrés. C’est
par la lecture de la Pâques que les juifs ont la conviction de la vivre à
nouveau et de passer de l’esclavage à la liberté ; c’est par le récit de
la Cène que nous sommes aussi concernés par la présence du Christ au milieu de
nous. La lecture nous concerne car nous n’avons pas vécu les événements qu’elle
raconte.
2- Seul et avec d’autres. Ces récits et
cette lecture ont une dimension personnelle et communautaire à la fois. Jamais
l’une sans l’autre. On pourrait croire que la vraie lecture, comme aujourd’hui,
s’effectue à l’Eglise au temple à la synagogue à la mosquée. Le risque serait
alors celui de l’autorité qui maitrise et dit le sens, l’institution qui dirait
ce qu’il faut croire ce qu’il faut comprendre. La lecture communautaire dit que
je ne suis pas seul à comprendre et même que le choc de nos compréhensions va
dire le sens possible ; comme si la signification n’était pas close et
univoque. La lecture personnelle va nous rendre cette liberté qui nous est
donnée personnellement de nous approprier notre lecture afin de croire pour
comprendre.
Il ne s’agit pas de comprendre
seulement ce que l’on croit, ce qui n’est pas si mal, il s’agit ici de croire
que les événements racontés me concernent moi aussi ; Moi, qui n’étais pas
l’objectif, le destinataire premier, voici que je suis invité à vivre cette lecture
avec la nuée des témoins et des lecteurs des siècles passés, comme avec mes
contemporains. Je crois afin de
comprendre « credo ut intelligam » disait déjà Saint Augustin et plus
tard encore Anselme de Cantorbury au 11ième siècle comme si les lecteurs
et les chrétiens devaient devenir non pas seulement cultivés mais surtout
intelligents, rendus capables par la présence de Dieu dans l’acte même de lire
de découvrir autrement le monde et les humains pour en devenir acteurs.
La lecture
chrétienne devrait nous rendre intelligent, et non voués à la répétition et non
enfermés dans des certitudes illusoires plus dogmatiques ou religieuses ;
impossible dès lors de vivre un fondamentalisme ou un ritualisme qui enferme et
ne tient pas la route des textes et des traditions spirituelles.
Philippe aide
notre Ethiopien à sortir du texte ; les chants du Serviteur du livre
d’Esaïe lus selon Philippe, ne
concernent ni l’auteur, ni un inconnu mais bien quelqu’un d’inattendu dans le
texte : Jésus comme une parole de vie, une parole qui accompagne.
Cela change
tout : Le lecteur ordinaire ne pouvait pas penser seul tout seul que la
présence de Dieu, de la divinité, pouvait résider dans la faiblesse et
l’humilité ; pour lui Dieu c’était comme toujours la puissance et la
gloire ; Dieu c’était plutôt vers le haut et non le bas ; voici que
la compréhension proposée, selon l’Evangile de Philippe, bouleverse les schémas
bien établis et intouchables.
Oui désormais le
Dieu de Jésus m’accompagne non pas seulement au sommet mais dans la plaine au
cœur de l’humanité, celles et ceux qui ont faim ; celles et ceux qui par
exemple flottent désespérés sur la mer ou marchent sur les chemins et les
routes que nous croyons être les nôtres et pas les leurs…
Oui la lecture renouvelée d’Esaïe commence
à parler dans la proximité et non dans le lointain commence à parler dans le
monde non plus de l’écrivain seulement mais aussi dans celui du lecteur ou de
la communauté de lecture qui partage sa lecture et désormais plus que sa
lecture : comme si on discerner une nouvelle vision du monde …
Résumons : Par
la lecture des textes bibliques nous sommes invités à devenir proches, nous
sommes rendus contemporains des événements fondateurs. Par la lecture
personnelle et communautaire, nous sommes rendus capables de renouveler et de
créer de la nouveauté dans l’interprétation comme l’on fait les auteurs
bibliques en relisant l’Ecriture ancienne ; ils ont renouvelé le sens, ils
ne l’ont pas supprimé par exemple l’ancienne écriture comme certains le
voulaient, ils l’ont relue avec de nouvelles lunettes. C’est ce que nous sommes
appelés à vivre aujourd’hui plus que jamais ; au cœur des menaces, dans un
monde en quête de certitudes simplistes ; il nous faut lire et relire pour
vivre des relations nouvelles dans la complexité de la vie dans la complexité
joyeuse de la vie Christ.
Enfin je
voudrais ajouter une troisième et ultime
remarque. Je suis toujours surpris que dans notre texte, la lecture
conduise aux gestes et à l’action ; comme si la lecture n’était pas un
exercice réservé, à quelques-uns seulement ou à quelques parties de notre
cerveau mais finalement concernait des personnes comme des institutions même
les plus étonnantes : « Philippe annonçait l’Evangile dans toutes les
cités où il passait ».
Ainsi il
faudrait dire que la lecture des textes est aussi un exercice qui nous lit (du
verbe lire) et qui lit aussi nos environnements. Lire pour croire et comprendre
mais aussi pour nous comprendre et comprendre mieux le monde dans lequel nous
sommes.
Nous pensions
peut être seuls et tranquilles avec le texte, nous pensions sans doute que nous
faisions un exercice spirituel, personnel peut être intimiste ou
communautaire ; nous pensions même que notre Eglise avait gardé préservé
la seule et bonne lecture, la vraie lecture et voici que soudain ce qui
n’ était pas prévisible arrive : le texte parle ou plutôt retentit
dans le texte une Parole de vie, une Parole de Dieu neuve pour moi pour toi
pour nous ; Cette parole vivante n’est jamais le texte car alors nous
serions dans l’idolâtrie comme une bibliolâtrie ; cette Parole survient
lorsque se frottent les interprétations, lorsque les textes eux-mêmes
s’interprètent et se parlent, lorsque nous acceptons de n’être plus le centre,
lorsque nous laissons la place, lorsque nous faisons halte pour rencontrer
l’autre.
Frères et sœurs,
la lecture était là pour prendre du recul avec notre vie et voici que notre vie
et la vie du monde sont là parcourues par la Parole qui retentit dans le
texte ; Le face à face, le tête à tête devient une vision, une analyse,
une injonction, un appel à agir et à rencontrer.
Les autres, les
frères et sœurs en humanité sont là et toujours ceux des siècles passés ceux et
celles dès début du christianisme comme celles et ceux qui sont nos
contemporains du monde. La mondialisation, l’élargissement des mentalités et
des peuples étaient déjà là ; l’Ethiopien est la figure même de l’étrange
de l’étranger qui l’autre moi-même, qui était déjà mon frère afin que
l’Erythrée d’aujourd’hui ne soit pas un ailleurs indifférent mais une proximité
qui nous retient qui nous capte.
Le christianisme
est né d’un acte de lecture non pour un retrait de monde mais pour une
compréhension du monde que Dieu est venu en Jésus Christ.
Lire la Bible ce
n’est pas y chercher des justifications à nos dogmes, à nos morales ; lire
c’est se laisser lire, laisser croire et croitre en nous une Parole
retentissante de générations en générations. Lire c’est être avec quelqu’un
comme avec un frère une sœur pour voir le monde et apprendre à le changer pour
le rendre juste et bon. Lire c’est faire halte et découvrir une liberté de
comprendre par-delà les certitudes mortifères, les simplifications tyranniques.
Lire c’est laisser place à une Parole de vie.
jeudi 4 octobre 2018
samedi 15 septembre 2018
dimanche 9 septembre 2018
Avec l'Eglise protestante de la Réunion
Lecture : Marc 1, 29-45 :
« « ils lui dirent : tout le monde te
cherche ! Et il leur dit : allons ailleurs… » Marc 1, 37-38.
Une vie c’est toujours un itinéraire, pour chacune
chacun de nous, mais aujourd’hui ce rappel cette évidence vaut pour chacune et
chacun. Pour les pasteurs c’est souvent vrai tant ils passent d’un lieu à un
autre pour y vivre leur ministère, leur vocation. C’est vrai aussi pour leur
vie personnelle, où les aléas de la vie succèdent aux joies et aux nouveaux
départs ; cela est vrai pour vous, pour moi mais aussi aujourd’hui. On
pourrait dire aussi que cela est vrai aussi pour Jésus, pour qui le but a été
vraiment le chemin, le cheminement où se vivent les rencontres banales et
essentielles.
On a trouvé une page de l’agenda de Jésus, agenda
tenu par Marc ? ou quelqu’un qui accompagnait Jésus sur la route ; je
vous propose que cet agenda devienne un peu le nôtre ou celui de notre Eglise
par exemple celui de l’EPR. Essayons !
Ici
l’inventaire des lieux parcourus par Jésus, est en quelque sorte un code, qui
va dire le chemin que doivent parcourir les suiveurs de Jésus ses disciples,
une fois qu’il ne sera plus là. Ou mieux encore ce parcours sera celui des
disciples et des apôtres qui vont ainsi justifier leur démarche en lui donnant
pour cadre et enracinement ceux de Jésus lui-même.
Ici imiter Jésus ce n’est pas seulement essayer de
vivre et d’accomplir des gestes et des paroles qui ont été les siennes ;
mais imiter Jésus sera le suivre sur les lieux de son périple, le suivre sur
les lieux de sa trajectoire. La démarche du Christ est un parcours, ce n’est
pas tour complet une sorte de giratoire c’est une progression et un
recommencement comme une boucle que l’on peut parcourir dans un sens et dans un
autre ; dans le sens des aiguilles d’une montre et dans son sens
contraire. Aucun lieu n’est meilleur que les autres ce qui compte c’est bien
les parcourir tous.
La foi au Christ c’est se déplacer en son nom sur ces
divers espaces. Ici la foi n’est plus aux prises avec le temps qui passe ou
avec l’histoire ; elle est liée avec la géographie ; la foi est une topographie ; elle se déploie et
s’exprime en quelque sorte dans un décor, bien précis et ressemble à un
itinéraire banalisé.
« Juste en sortant de la
synagogue » :
Le premier lieu est celui du
savoir de la lecture du commentaire du chant et de la prière communautaire. F/S
le christianisme est un apprentissage, une connaissance, un savoir discuté
partagé ; il est d’abord cela : tout à l’heure nous avons accueilli
l’école biblique ou enfants et adultes apprennent découvrent et partagent,
comme si au commencement se tenait cette nécessité de l’écoute d’une parole qui
n’est pas nôtre mais celle qui vient d’ailleurs ; ici nous ne sommes plus
en train de parler de nous, mais de déplacer vers un Autre, vers une lecture
pour moi et pour vous, lecture et compréhension toujours nouvelle, toujours
forte, toujours créatrice ; une compréhension qui est capable de
guérir ! Les protestants qui ne s’intéresseraient plus à ce partage
exigent manqueraient à leur vocation.
Après la synagogue, « ils allèrent avec
Jacques et Jean, dans la maison de Simon et d’André » Ils y trouvèrent
la belle-mère de Simon Pierre qui était malade. On était dans une sorte de
domaine semi-public semi-privé comme la synagogue. Réservé plutôt aux
juifs ; nous voici dans le domaine privé celui de la maison personnelle
nous dit-on ; cet aspect privé devient même intime par la précision de la
description même sommaire de la maladie de cette femme. On est au cœur après
tout du secret médical. Jésus ici n’est
plus l’enseignant et le thérapeute de la synagogue il devient le médecin et le
conseiller personnel d’une famille ; il fait une visite dans l’intimité
d’une maison amicale. On est dans le cadre de la vie personnelle de ses
disciples.
On pourrait dire que la foi
se vit aussi bien à la synagogue qu’à la maison. Il faudrait dire que
l’espérance de l’Evangile cette bonne nouvelle qui vient à notre rencontre
n’est pas réservée à la synagogue à l’église au temple ou à la mosquée ;
la bonne nouvelle en quelque sorte s’échappe de ces lieux pour se déployer
ailleurs. En particulier dans le secret d’une intimité familiale, où se trouve
la réalité de la maladie, de la conjugalité (ici représentée par la figure de
la belle-mère), de la cordialité ou la vie relationnelle entre disciples,
s’exprime.
En nous disant ce parcours de
Jésus passant de la synagogue immédiatement à la maison, l’auteur de l’évangile
de Marc nous dit son espérance et nous l’adresse. Ce que vous appris de Jésus
comme enseignant ; ce que vous avez appris dans votre jeunesse comme
catéchisme devient opératoire efficace aussi dans un cadre nouveau celui de
l’intériorité familiale où tout parfois a l’air simple et où tout devient aussi
difficile. Où tout peut être bouleversé par exemple à la suite d’une maladie.
L’espérance de l’évangile de Jésus Christ nous accompagne dans notre vie la
plus privé la plus personnelle. La présence de Dieu près de nous ne s’exprime
pas seulement de façon visible en allant à la synagogue. Cette présence nous
rejoint lorsque nous rentrons aussi à la maison. Enfin sans doute la foi c’est
finalement ce qui fait que l’on va de la synagogue à la maison et de la maison
à la synagogue.
« Le soir venu après le
coucher du soleil on lui amenait des malades, à la porte de la ville, la
ville entière était rassemblée à la porte ». C’est la dimension
publique de la foi comprise comme un salut semblable à une guérison. La foi
sauve ; non plus entre nous qui partageons et croyions des réalités
semblables. La foi ce n’est plus une relation entre celles et ceux qui se ressemblent
comme à la synagogue, ou entre celles et ceux qui habitent sous le même toit
comme à la maison. Ici un nouveau lieu apparaît, résolument public, et non plus
caché mais ouvert aux dimensions de la cité ; c’est à cet égard une
dimension politique de l’espérance en Jésus Christ est manifestée. La foi,
Dieu, la religion concerne, pas seulement ceux qui y croient, mais aussi la vie
sociale, la vie en société organisée. On sait les dangers et les abus d’une
telle dimension et d’un tel projet.
Il me semble que l’auteur de
l’évangile est prudent. On se mit à lui amener les démoniaques… à la porte de
la ville. Non pas au centre, sur la place, non pas sur l’Agora où se décide et
se traite les affaires de la cité. Ce n’est pas au cœur du système que Jésus
intervient. L’hôpital de la foi et de l’espérance n’est pas au centre et ne se
confond pas avec les pouvoirs. Il reste à distance sur un lieu frontière entre
intérieur et extérieur ; La foi se tient sur une frontière sur une zone de
démarcation entre zone libre et zone occupée. Jésus comme la foi ne prend la
place de personne. Il rend un service non plus aux siens, comme dans la maison,
non plus seulement aux adeptes comme à la synagogue, mais à tous dans la
généralité et l’anonymat de celles et ceux qui en ont besoin. La foi, notre foi
trouve sa place et son enracinement aussi à la porte de la ville. Là où passent
ceux qui entrent et ceux qui sortent. Là où l’étranger et celui que l’on
rejette se trouve et passe nécessairement. Là où « ceux que tous
repoussent, je les accueillerai au nom de mon maître » disait John Bost.
La foi au Christ concerne la
vie de nos cités. Non pour y faire la loi. Non pour remplacer ceux qui ont
autorité sur la cité ; mais pour y manifester une présence qui interpelle
qui est active comme pour dire aussi qu’il y a encore des choses à faire et en
particulier pour prendre soin de celles et ceux qui passent et qui
souffrent. Tous les Diaconats, les
Entraides, les Ong, comme la Cimade par exemple, trouvent à cet endroit celui
de la porte, leur raison d’être, leur justification et leur espérance.
« Au matin à la nuit
noire Jésus se leva sortit et s’en alla dans un lieu désert, il
priait ». Je suis frappé de cette
proximité entre l’abondance des personnes et leur rencontre comme traitement à
la porte de la ville et le retirement de Jésus dans un lieu désert.
La foi c’est la traversée
entre la porte de la ville et le lieu désert. C’est ce qui fait lien entre
l’action sociale et la prière, entre l’enseignement et la rencontre
personnelle. Pour nous en général le désert c’est la solitude et c’est souvent
vrai. Dans une mentalité orientale c’est aussi le lieu de la relation
essentielle sans tricher. Jésus va au désert comme son peuple est allé au
désert recevoir l’essentiel de son enseignement et de sa foi au Dieu du désert
et de la montagne dans le désert. Désert c’est là où on reçoit la force et la
réalité d’une rencontre d’une parole d’un échange vital avec les autres comme
avec Dieu.
La vie de l’Eglise comme la
vie personnelle de la foi ce n’est pas l’activisme qui nous fascine pourtant et
qui nous guette et nous capte ; c’est aussi cette ascèse, cette relation
avec Dieu qui fonde et nourrit toutes activités et relations avec les autres.
C’est dans ce lieu désert que l’on cherche le Christ et qu’on le trouve. C’est
dans ce désert aussi qu’il trouve la force et la capacité de nous entraîner
ailleurs : « allons ailleurs dans les bourgs voisins pour que
j’y proclame aussi l’Evangile ». C’est bien de là, du fondement que tout
démarre et redémarre pour que l’annonce d’une bonne nouvelle soit accomplie,
soit vécue. Le sens de la mission est au cœur de l’évangile. Il y a toujours
des bourgs voisins à visiter et à parcourir. L’Eglise ne peut vivre sa mission
que si elle ouvre de nouveaux espaces ; elle ne vit que dans la rencontre
de nouveaux venus, rencontrés par ses membres.
Dans ce programme dans cette
journée de Jésus, ce sont au moins 24h bien remplies et qui s’équilibrent et
qui s’appellent dans une solidarité efficace.
La foi la relation à Dieu notre
vie dans l’Eglise se compose de lieux ou de pôles différents : la
synagogue (l’enseignement) la maison personnelle (l’intériorité) la porte de la
ville (l’extériorité sociétale) le lieu désert (la relation à Dieu dans une
ouverture la plus vaste possible) et les bourgs voisins qui attendent, nous
attendent. C’est le passage de l’un à l’autre qui enrichit et dit complètement
la réalité de la foi. Ce sont ces lieux qui édifient et fortifient notre foi.
Nous sommes plus sensibles
et plus habitués à un ou des lieux, plus que d’autres. Le Seigneur nous attend
aussi sur les autres moins connus moins familiers. Il nous y attend pour nous
accompagner et soutenir notre espérance pour nous-mêmes, ceux qui nous
entourent et les autres plus loin.
C’est bien pour vous conseillers, membres de l’Eglise protestante de la Réunion un défi non pas
être comme Jésus, mais Le rejoindre sur les lieux où se tiennent des sœurs et
des frères, des proches et des lointains, des amis, et non des ennemis !
dimanche 26 août 2018
Rencontre à Paris des Eglises protestantes francophones dans le monde
L’Assemblée générale de la Ceeefe a eu lieu à Paris dans les
locaux du Défap (Service protestant de Mission) du 23 au 25 août 2018.
Une
quarantaine de délégués des Eglise membres ont pu partager leurs soucis, leurs
joies et les perspectives d’avenir pour les communautés dans 16 pays du
monde : recherche de pasteur ici ou
là, maintien équilibré des diversités culturelles et spirituelles, mais aussi
donner un témoignage positif dans la société : accueillir des migrants,
proposer des services d’entraide ; comment maintenir aussi l’usage de la
langue française…enfin garder des relations entre les Eglises et avec le
protestantisme français.
Une rencontre fraternelle et stimulante qui a aussi
vécu un temps d’animation biblique avec le pasteur Hans Lung, qui a accueilli
aussi la présidente du Conseil national de l’Epudf la pasteur Emmanuelle
Seybold ainsi que le président de la Fédération Protestante de France, le
pasteur François Clavairoly. Les participants de l’AG ont chanté, prié, écouté
la Parole sous la conduite dynamique et joyeuse du pasteur Fidèle Muschidi
(Francfort).
Voir site web
Inscription à :
Articles (Atom)