Chapitre 1 :
7 Il leur dit :
« Vous n’avez pas à connaître les temps et les moments que le Père a fixés
de sa propre autorité ;
8 mais vous allez recevoir une puissance, celle
du Saint Esprit qui viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem,
dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. »
9 A ces mots, sous leurs yeux, il s’éleva, et
une nuée vint le soustraire à leurs regards.
10 Comme ils fixaient encore le ciel où Jésus
s’en allait, voici que deux hommes en vêtements blancs se trouvèrent à leur
côté
11 et leur dirent : « Gens de Galilée,
pourquoi restez–vous là à regarder vers
le ciel ? Ce Jésus qui vous a été enlevé pour le ciel viendra de la même
manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel. »
12 Quittant alors la colline appelée Mont des
Oliviers, ils regagnèrent Jérusalem – cette colline n’en est distante que d’un
chemin de sabbat.
Que
signifie ce récit de l'Ascension ? C'est une séparation. Et c'est le début
d'une grande aventure. Voilà ce qui arrive à ces apôtres que Jésus va quitter.
Le maître, on ne le verra plus. Et aujourd'hui encore, sur la terre, ses disciples
vivent sans lui, dans un temps... d'autonomie. Le maître n'est pas ici, il est
parti. Ailleurs, dans le monde de Dieu, un monde qui n'est pas le nôtre. C'est
comme un abandon, il faut voler de ses propres ailes. Ce n'est pas rassurant.
Oui, mais c'est une aventure.
Quand
on prend ainsi son autonomie, il y a d'abord un temps où l'on fait de gros
efforts pour être à la hauteur. On a tout à fait conscience que l'on peut se
tromper. On n'est pas sûr de soi. C'est vrai dans la vie professionnelle, c'est
vrai aussi lorsqu'on entame une vie à deux. C'est vrai aussi à la naissance du
premier enfant. C'est vrai quand on se retrouve seul après un deuil. Suivant le
cas, il y a des doutes, des soins, des inquiétudes, des angoisses, des larmes.
Il peut y avoir aussi de la bonne volonté, de l'ardeur à bien faire et à bien
vivre. Et que de nouvelles possibilités à explorer...
Et puis
l'habitude s'installe. On a le sentiment, alors, de maîtriser la situation, et
cela de mieux en mieux au fur et à mesure que le temps s'écoule. Pour peu qu'il
n'y ait pas de grande catastrophe, on suit de plus en plus tranquillement son
petit bonhomme de chemin. On se met à dominer les situations... et parfois, on
se met aussi à dominer les gens qui nous entourent. On risque de faire des
bêtises. On risque de se compromettre dans des situations qu'on aurait au
départ jugé malsaines.
Après
deux mille ans de christianisme, les chrétiens ont souvent suivi cette courbe.
Les premiers temps ont été difficiles, mais combien passionnants ! De la
ferveur, de la pureté, du courage ! Et puis, petit à petit, on s'installe, on
prend du poids dans le monde, on dirige, on enseigne, on domine, et même : on
écrase. On se fourvoie dans toutes sortes de compromissions.
Notez
qu'il est arrivé aussi qu'elles se soient rapidement développées, les Eglises,
pleines de foi et d'enthousiasme, et puis qu'elles se soient lentement
délitées, au cours du temps. La ferveur initiale disparaît lentement. Le temps
a passé, la vie a tout raboté.
La communauté chrétienne qui vit sous le signe de
l’Ascension est celle qui a derrière elle : la croix et la résurrection et
devant elle : Pentecôte ; c’est la communauté du souvenir de
l’espérance et de l’attente.
C’est une communauté qui évite des risques pas tous sans
doute, mais au moins deux grands risques :
1- Celui de se
replier et de s’enfouir, disparaître aux yeux de tous. Le Maître n’est plus
là faisons comme lui, devenons une réalité une communauté invisible qui se
rassemblera comme se rassemble des initiés qui auront accès aux codes et au
mystère du Ciel ; c’est la communauté des purs et des élus qui refusent la
relation et la compromission avec les autres comme avec le monde.
Ce type de forme d’Eglise a existé existe encore
peut être ; en tous les cas c’est une risque que nous courrons à titre
individuel lorsque nous disons : ma foi cela ne regarde que moi ;
elle est de l’ordre de l’intime conviction et de regarde personne : j’ai
mes croyances et la relation à moi. Je rencontre souvent de personnes qui
disent me disent qu’elles savent toutes seules, bien mieux que les églises et
les chrétiens ce qu’il est bon de croire et de vivre. L’autonomie tout seul
peut devenir est une illusion.
Se replier s’enfouir c’est aussi l’Eglise du secret
ou plus exactement l’église qui a caché des secrets aux autres. Nous sommes
alors en pleine actualité avec les débats sur le Da Vinci Code par exemple. Des mystères on
été confisqués ; les secrets du Ciel résidence principale de Dieu ont été
révélés à quelques uns ; il s’agit de les garder de les préserver avec de
grands risques de répression de condamnation des autorités officielles toujours
manipulatrices et possessives.
L’Eglise de Jésus Christ n’a rien à voir avec tout cela le
message du Christ se déploie dans une longue chaîne d’interprétation faite par
des hommes et des femmes dans le concret de leur histoire aux prises avec la
réalité du monde avec ses souffrance set ses bonheurs ; l’Eglise de Jésus
Christ est une Eglise de la Vie et dans la vie une communauté et des
communautés historiques et précises qui rencontrent et accueillent mon histoire
ma vie mon existence toujours mystérieuses mais toujours concrètes.
2- Le deuxième risque est celui qui est contraire
au premier et qui a été longtemps parcouru par le christianisme à divers moment
de son histoire : non plus le repli mais la présence exubérante qui occupe
toute la place. Le Christ n’est plus là peut importe nous sommes là et nous
allons le remplacer. C’est l’Eglise qui comble qui remplace qui tient
lieu ; ce sont les croyants qui ne font plus de différence entre privé et
public entre intérieur et extérieur entre cités des hommes et cité de Dieu pour
le dire avec St Augustin.
C’est l’Eglise où le Grand Inquisiteur sait de la
part de Dieu et mieux que lui, ce qu’il faut faire : en général extirper
l’hérésie et qui le fait en général en éliminant tout ce qui gêne. C’est ici l’Eglise ou les croyants qui se
prennent pour Dieu qui croient qu’ils sont les seuls dépositaires du message du
Christ et de leur Dieu qu’ils ont assimilé au point de le faire parler et agir
par leur bouche et leur institution. Loin de l’enfouissement c’est la religion
qui occupe toute la place. Il arrive que les petites communautés, les petites
Eglises rêvent de grandeur et rêvent de ce modèle qui éblouit mais qui est en
fait proche de la secte militante et qui se donne les moyens de réussir ;
plus proche de la volonté de pouvoir que d’un service plus obscur et moins
valorisant. On retrouve aujourd’hui des tendances dans le christianisme et bien
sûr ailleurs dans toutes les religions ce regret cette nostalgie de
l’affirmation de soi. On ne sait jamais remis vraiment de la conversion de
l’empereur Constantin qui permit au christianisme de s’affirmer et de dominer
sur les corps et sur les esprits.
La communauté chrétienne qui vit sous le signe de
l’Ascension est celle qui a derrière elle la croix et la résurrection et devant
elle : Pentecôte ; c’est la communauté du souvenir de l’espérance
et de l’attente.
Une communauté du souvenir, non pas une communauté qui
cultive les manifestations du souvenir de son histoire glorieuse ; mais
une communauté de foi qui sait d’où elle
vient ce qu’elle doit aux témoins souvent martyrs de la foi qui on transmis
contre vents et marées leur espérance, leur idée leur compréhension et leur
vision du monde et de la vie. C’est doute pour cela d’ailleurs que furent
Ecrits les textes, les Ecritures ; en quelque sorte pour lutter contre
l’instantanée le ponctuel et un présent qui se suffirait à lui-même.
Israël est appelé à faire mémoire et à se souvenir
de ce que Dieu a fait et fait encore nous sommes aussi en ce domaine les
héritiers de ce mouvement qui va rendre présent et actuel ce qui jadis a été vu
compris et cru par d’autres qui nous ont livré leur témoignage celui du
mémorial du souvenir en acte rendu actif et opérant au moment où on le vit où
on l’exprime ; les grands faits de Dieu dans l’histoire, deviennent vrais
et présents pour nous. Pour eux le Maître n’est plus là mais ce qu’il a dit ce
qu’il a fait va devenir peu à peu important pour eux.
Une communauté et une foi arrimées à une espérance. C’est une manière de dire
aussi l’avenir. L’espérance que nous ne sommes pas à la fin d’une trajectoire
fatale. Le Maître n’est plus là mais tout ne s’achève pas tout ne s’écroule pas
immédiatement mais tout ou presque reste encore à vivre. L’espérance c’est la
certitude que quoiqu’il arrive demain aura lieu. On interrogea un jour M.
Luther : si la fin du monde arrivait demain, que ferais-tu ? Je
planterai aujourd’hui un pommier ! Pas très religieux, mais ferme
assurance et foi enracinées dans l’espérance. Celle de la vie, espérance que
notre trajet terrestre est conduit et guidé de bout en bout comme celui du
Christ ; même si tout n’est pas compris.
Enfin c’est avec et après l’Ascension se constitue
une communauté en attente ; faire mémoire, être et vivre dans et de l’espérance
apportée en Jésus Christ c’est aussi l’attendre. « Pourquoi restez-vous là
à regarder vers le ciel ? Celui qui vous a été enlevé viendra de la même
manière que vous l’avez vu aller vers le ciel. On sait que de nombreux groupes
chrétiens ont tout misé sur ce retour ; ils en on parfois prévu la date et
montrer les signes fallacieux. Non nous ne savons pas, ne faisons pas de
prévision comme pour mieux vivre l’attente comme pour qu’elle reste calme et
serine.
Comme pour dire que Dieu conduit et continue de
conduire le monde comme notre vie, notre histoire. Comme pour attester qu’il a
été là qu’il est encore là malgré tout et qu’il sera là ! Lui qui été qui est
et qui vient. Lui dont nous avons à nous remémorer les gestes et les paroles,
nous souvenir pour les rendre vivants et présents. Lui qui place au cœur de
notre vie une espérance de vie semblable à sa vie sur la terre des humains. Oui
la communauté des croyants est en attente comme le veilleur attend l’aurore,
comme l’ami attend l’ami, comme Dieu attend avec patience et bienveillance.
L’Ascension est un départ, qui laisse des témoins
étonnés et joyeux, toujours aux prises avec la tentation de l’enfouissement ou
de l’arrogance ; le départ de l’Ascension laisse toute sa place à la foi
en Christ qui nous invite à nous souvenir, à espérer sans cesse et à l’attendre
avec fidélité.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire