avec Serge LAMOUR
Ce texte est une version plus détaillée d’une série de deux articles publiés dans le journal Réforme.
La grande révolution scientifique, technique et culturelle du 21ème
siècle n’est probablement pas venue là où beaucoup l’attendaient, c’est-à-dire
sur un plan purement matériel. Elle est apparue sous une forme à la fois très
présente et peu palpable : les technologies de l’information.
Le changement n’en est pourtant que plus grand, même s’il est moins perceptible et plus difficile à appréhender, caché sous le voile d’une technologie parfois invisible, de concepts et d’une terminologie indéchiffrable pour le commun des mortels. Que dire en effet de ce fruit de la science qui nous promet aujourd’hui d’abolir l’espace, le temps et la connaissance ?
Le changement n’en est pourtant que plus grand, même s’il est moins perceptible et plus difficile à appréhender, caché sous le voile d’une technologie parfois invisible, de concepts et d’une terminologie indéchiffrable pour le commun des mortels. Que dire en effet de ce fruit de la science qui nous promet aujourd’hui d’abolir l’espace, le temps et la connaissance ?
Cet ensemble de technologies, devenu très rapidement un indispensable
de notre vie, peut aussi nous donner le vertige si nous osons nous arrêter un
instant. C’est ce que nous voulons faire, ici et maintenant, en exposant ces
dernières créations de l’homme à la lumière de nos vieilles sagesses, et
notamment celles contenues dans le livre de la Genèse. Ce premier texte de la
Bible et de la Torah, fondamental pour les trois religions du Livre (judaïsme,
christianisme et islam) porterait-il en son sein des éléments d’analyse, de
réponse ou même des indications sur une voie à suivre ?
Il semble en tous cas qu’il nous transmette des analogies troublantes, en cette époque de transition difficile.
Il semble en tous cas qu’il nous transmette des analogies troublantes, en cette époque de transition difficile.
Quand la technologie se pare des attributs divins
Dans les différentes traditions spirituelles, religieuses ou
philosophiques, les attributs du Divin sont en général les suivants :
l’omniniscience, l’omnipotence, l’omniprésence et l’éternité (abolition du
temps). On rajoute souvent à cela, l’amour gratuit (l’amour inconditionnel
« agape » de la culture chrétienne), qu’il soit dirigé vers Dieu,
vers soi-même ou vers l’autre. Cet amour qui permet de nous relier, a
d’ailleurs été à l’origine même du terme « religion » dont
l’étymologie prend sa source dans le terme latin « religare » (se
relier).
Ces attributs, les technologies de l’information d’aujourd’hui, en
particulier avec les dernières évolutions vers l’Internet mobile et le
« cloudcomputing », sur lesquelles nous reviendrons plus loin,
donnent l’impression de vouloir se les approprier et paraissent même déjà
tendre vers eux comme une limite convoitée. Les promesses qui nous sont faites
sont en effet d’abolir le temps et l’espace en ayant un accès illimité et
apparemment gratuit à toutes les connaissances, le tout porté par une puissance
(de calcul, de stockage, de recherche) devenant apparemment sans limite. Une
personne équipée d’un smartphone n’a-t-elle pas en effet l’impression d’avoir
accès, en tout temps, en tout lieu, à presque toutes les connaissances de
l’humanité, par le biais du moteur de recherche « google » par
exemple ? N’est-il pas aujourd’hui possible de se connecter, de se relier
à toute personne disposant d’une connexion au réseau ? Les capacités de
calcul et de stockage offertes ne semblent-elles pas illimitées, à l’échelle
d’un être humain ?
Ce qui aurait pu paraître impensable il y a seulement 20 ans est aujourd’hui
réalité.
L’homme (image de Dieu), ainsi complété de ses nouveaux attributs technologiques qu’il a lui-même créés, parait vouloir se faire Dieu, renverser l’ordre établi dans le premier chapitre de la Genèse :
« Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa ; mâle et femelle il les créa. » (Genèse 1 :27)
L’homme (image de Dieu), ainsi complété de ses nouveaux attributs technologiques qu’il a lui-même créés, parait vouloir se faire Dieu, renverser l’ordre établi dans le premier chapitre de la Genèse :
« Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa ; mâle et femelle il les créa. » (Genèse 1 :27)
Mais derrière cette image que nous donne la technologie, derrière cette
illusion de liberté et de pouvoir infini ainsi donné à l’homme de cette fin
d’époque, se cache également un risque pour cette même liberté et pour la vie.
Ce danger, nous le détaillerons plus loin.
Mais avant cela, continuons notre ascension jusqu’à avoir le vertige,
au dessus des nuages…
Encore plus haut, toujours plus haut : la tour qui touchait les
nuages
Dans le chapitre 11 du livre de la Genèse, on peut trouver l’histoire
bien connue de la Tour de Babel dans laquelle une humanité se servant « de
même langue et des mêmes mots » décide de construire « une ville et
une tour dont le sommet touche le ciel ». En voici un extrait :
« Allons ! Dirent ils, bâtissons-nous une ville et une
tour dont le sommet touche le ciel. Faisons-nous un nom afin de ne pas être
dispersés sur toute la surface de la terre. »
Le SEIGNEUR descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils d’Adam.
« Eh, dit le SEIGNEUR, ils ne sont tous qu’un peuple et qu’une langue et c’est là leur première œuvre ! Maintenant, rien de ce qu’ils projetteront de faire ne leur sera inaccessible !
Allons, descendons et brouillons ici leur langue, qu’ils ne s’entendent plus les uns les autres ! »
De là, le SEIGNEUR les dispersa sur toute la surface de la terre et ils cessèrent de bâtir la ville.
Aussi lui donna–t–on le nom de Babel car c’est là que le SEIGNEUR brouilla la langue de toute la terre, et c’est de là que le SEIGNEUR dispersa les hommes sur toute la surface de la terre. »
Le SEIGNEUR descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils d’Adam.
« Eh, dit le SEIGNEUR, ils ne sont tous qu’un peuple et qu’une langue et c’est là leur première œuvre ! Maintenant, rien de ce qu’ils projetteront de faire ne leur sera inaccessible !
Allons, descendons et brouillons ici leur langue, qu’ils ne s’entendent plus les uns les autres ! »
De là, le SEIGNEUR les dispersa sur toute la surface de la terre et ils cessèrent de bâtir la ville.
Aussi lui donna–t–on le nom de Babel car c’est là que le SEIGNEUR brouilla la langue de toute la terre, et c’est de là que le SEIGNEUR dispersa les hommes sur toute la surface de la terre. »
Si ces symboles trouvent une réalité dans les tours de la finance qui
contrôlent aujourd’hui le monde avec leur langue unique (l’anglais
international), leur système de valeur unique et leur moyen devenu objectif
unique : l’argent, ils en trouvent également une avec Internet et ses
évolutions récentes.
Sur Internet, une seule famille de langages (protocoles en
informatique) permettant à tous les ordinateurs du monde de dialoguer entre
eux, le plus connu étant le protocole IP (« Internet Protocol »).
Initialement, ces « langages » étaient tournés vers un équilibre
donnant la possibilité à chacun d’être acteur et récepteur, client et serveur
dans un vocabulaire informatique, chacun pouvant héberger ou recevoir des
informations. Sur un plan spirituel, on dirait actif/contemplatif,
masculin/féminin (Genèse 1 :27) ou yang/yin suivant sa culture d’origine.
Mais ce paradigme initial qui a fait les débuts de l’Internet est en
train de se renverser pour faire place à un système dominé par quelques géants,
préfigurant un retour vers un système centralisé tel que l’était le Minitel en
son temps. La différence étant que le centre ou plutôt les centres
appartiennent aujourd’hui à des multinationales et pas à des états. La
conséquence en est que ces dernières se font de plus en plus dominatrices
derrière une apparence qui en est l’opposée.
Ce renversement de paradigme, c’est le virage récent vers le
« cloud computing », dont la terminologie même est intéressante
puisque l’expression signifie littéralement l’informatique dans le nuage. Avec
le « cloud computing », au lieu d’avoir nos photos, nos courriels,
nos logiciels, les documents de notre entreprise ou de notre administration sur
des ordinateurs situés chez nous, chez la société ou l’administration pour
laquelle nous travaillons, ils seront dans le nuage, sur Internet. Il s’agit
par exemple du stockage en ligne et des applications en ligne (Google Apps,
coffres forts électronique, applications métiers en ligne, webmails, etc.).
Il est d’ailleurs intéressant de noter que certaines de ces applications permettent d’effectuer de la traduction en ligne (des pages internet notamment), abolissant ainsi les langues à un autre niveau : c’est par exemple le cas de « Google translate » ou « Yahoo Babel fish ». Pour ce dernier, on peut remarquer la triple référence biblique : « Yahoo » qui est plus tard devenu « Yahve » (Dieu) et évidemment la Tour de Babel et le poisson.
Il est d’ailleurs intéressant de noter que certaines de ces applications permettent d’effectuer de la traduction en ligne (des pages internet notamment), abolissant ainsi les langues à un autre niveau : c’est par exemple le cas de « Google translate » ou « Yahoo Babel fish ». Pour ce dernier, on peut remarquer la triple référence biblique : « Yahoo » qui est plus tard devenu « Yahve » (Dieu) et évidemment la Tour de Babel et le poisson.
Mais ce nuage, qui est en train d’aspirer les informations, les
connaissances, les capacités de calcul (l’intelligence ?) de ce monde,
qu’est-il concrètement ?
Sur un plan purement physique, ce sont des centres de données
(« datacenters ») qui sont d’immenses salles surprotégées et climatisées
contenant chacune des centaines ou des milliers de serveurs informatiques (gros
ordinateurs) appartenant en général à des multinationales américaines comme
Amazon, Google, Facebook, Microsoft ou à leurs sous-traitants. Les données qui
étaient, au début d’Internet, éparpillées sur les millions d’ordinateurs
d’organisations ou de personnes comme vous et moi, sont donc en train d’être
centralisées dans ces gros centres de données. La connaissance et
« l’intelligence » du réseau Internet passe ainsi d’un mode réparti à
un mode multi-centralisé. On peut au passage remarquer que, bien que cela soit
peu perceptible, l’utilisation de ces services a un coût matériel, énergétique
et donc écologique important.
Pour l’aspect financier, ces services sont payés « à la
consommation » directement en argent ou indirectement en regardant de la
publicité et en offrant, souvent sans en avoir conscience, des données et
informations personnelles. Celles-ci, sont capitalisées par des « régies
publicitaires en ligne » et toute une nébuleuse d’acteurs intermédiaires,
détenus souvent par les mêmes multinationales que celles dont nous avons déjà
parlé (Google par exemple). Elles leur permettent en retour de nous afficher
des publicités ciblées avec une finesse croissante, nous soumettant de manière
répétée à la tentation sur les articles auxquels nous avons résisté une
première fois, voire d’anticiper nos désirs (analyse prédictive), nous
conduisant ainsi vers une servitude invisible.
Cette publicité en ligne est probablement devenue le « nerf
financier » d’Internet, à l’exception de quelques sites, issus en général
du monde du logiciel libre et financés souvent par des dons et « micro
dons » (Wikipedia par exemple). Certains spécialistes comparent même ces énormes
masses de données personnelles ainsi générés à un nouveau gisement à exploiter
comme ont pu l’être l’or ou le pétrole : c’est le « big data ».
Il est également intéressant de remarquer que les nouveaux modèles de publicité
ciblée (« RTB », places des marchés publicitaires en temps réel) sont
directement inspirés par la finance moderne. On peut ainsi y voir encore une
analogie inversée avec le passage de Genèse 1:27. La publicité, fille du
capitalisme et de la finance (du Dieu de l’argent en quelques sortes) devient à
l’image de son origine. On peut même y percevoir les aspects « mâle et
femelle » qui n’existaient pas dans la publicité classique. En effet, les
acteurs de publicité ciblée sur Internet captent de l’information à
l’internaute dans un premier temps, puis lui envoient une publicité qui lui est
destinée, dans un second temps, en général sans lui avoir demandé son
consentement.
On retrouve aussi l’aspect « mâle et femelle » à un niveau
plus macro et sur un plan technologique :le cloud computing nous fait passer d’acteur/récepteur
à récepteur, de client/serveur à client. Nous dépendons donc totalement des
serveurs informatiques de Microsoft, Google ou Facebook parce-que nous n’avons
plus d’accès direct aux données que nous leur avons confiées et qu’ils en
revendiquent en général la propriété (cf. les conditions générales des services
que presque personne ne lit). Ils sont donc devenus les intermédiaires, les
points de passage obligés pour l’accès à l’information. L’équilibre initial est
ainsi brisé.
Enfin, une autre question se dessine alors autour de cette gigantesque base de données multi-centralisée, cet immense arbre de la connaissance en cours de construction : Qui le contrôle, le contrôlera demain et comment sera-t-il utilisé ?
Enfin, une autre question se dessine alors autour de cette gigantesque base de données multi-centralisée, cet immense arbre de la connaissance en cours de construction : Qui le contrôle, le contrôlera demain et comment sera-t-il utilisé ?
Car l’information c’est le pouvoir, sur un plan temporel tout au moins…
Pour le plan spirituel, il semble que l’accès à la porte du Royaume ait
été condamné à ceux qui se croient forts, puissants et intelligents. Et que cet
effort du « tout contrôle technologique » soit vain et ne puisse que
les éloigner du seuil de cette « porte étroite », qui d’après Jésus,
nécessite la simplicité et le désencombrement d’un enfant pour la traverser.
Mais revenons un moment à un autre texte de la Genèse.
Mais revenons un moment à un autre texte de la Genèse.
De l’arbre de la connaissance à l’arbre de Vie
Voici comment, au travers de symboles forts, deux arbres particuliers
sont présentés à l’homme dans le jardin d’Eden : l’arbre de vie et l’arbre
de la connaissance du bien et du mal (Genèse, chapitre 2).
« Le SEIGNEUR Dieu fit germer du sol tout arbre d’aspect attrayant et bon à manger, l’arbre de vie au milieu du jardin et l’arbre de la connaissance de ce qui est bon ou mauvais.
[…]
Le SEIGNEUR Dieu prescrivit à l’homme : « Tu pourras manger de tout arbre du jardin, mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance de ce qui est bon ou mauvais car, du jour où tu en mangeras, tu devras mourir. »
« Le SEIGNEUR Dieu fit germer du sol tout arbre d’aspect attrayant et bon à manger, l’arbre de vie au milieu du jardin et l’arbre de la connaissance de ce qui est bon ou mauvais.
[…]
Le SEIGNEUR Dieu prescrivit à l’homme : « Tu pourras manger de tout arbre du jardin, mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance de ce qui est bon ou mauvais car, du jour où tu en mangeras, tu devras mourir. »
Cet arbre de la connaissance de ce qui est bon ou mauvais a été
interprété de mille façons. Ici, nous nous contenterons d’en donner deux. La
première, qui se place sur un plan spirituel et moral, est celle d’une
connaissance dualiste par laquelle l’homme se fait juge, au travers de son
petit « moi » qui se fait temporairement Dieu, de ce qui est bien et
de ce qui est mal.
La deuxième se place sur un plan plus matériel et c’est celle qui va
nous intéresser maintenant. Il s’agit de la connaissance intellectuelle, en
particulier scientifique et technique, qui porte en elle des conséquences
bonnes ou mauvaises, des germes créateurs et des germes destructeurs, si elle
n’est pas portée par une sagesse éclairée par en haut, si elle n’est pas
nourrie par l’arbre de vie.
Le fameux « science sans conscience n’est que ruine de
l’âme » semble y faire echo.
Or, Internet n’est-il pas devenu aujourd’hui, en partie, cet arbre de
la connaissance qui porte en lui les deux germes à un homme qui semble devoir
retrouver une sagesse perdue ? N’est-il pas devenu également un
amplificateur de liberté sur le plan matériel, social et culturel et également
un accélérateur de temps pour un homme qui ne sait plus s’en affranchir ?
On pourrait remarquer que l’arbre est omniprésent dans l’Internet.
Depuis la structure arborescente des noms de domaines jusqu’aux arbres de
décisions utilisés par les algorithmes de ciblage publicitaire. Mais revenons
plutôt au concret par trois exemples bien connus illustrant ceci. Le premier
est l’application Google Books, de la société Google Inc. qui est en train de
numériser l’ensemble des livres édités par les grandes maisons d’édition et
hébergés au sein des grandes bibliothèques de notre planète. A l’aide de la
fonctionnalité « Livres » du moteur de recherche, il est déjà
possible d’effectuer des recherches dans plus de cent millions de livres. Le
deuxième est le réseau social Facebook qui compte aujourd’hui environ un
milliard d’utilisateurs qui y projettent leur image virtuelle et pour lesquels
il stocke une quantité de données à faire pâlir ce qu’aurait pu espérer
n’importe quel service de renseignements (cf. également Genèse 1 :27). Le
troisième exemple, enfin, est le réseau Tweeter qui raccourci les échelles de
temps pour tendre vers l’immédiateté.
Dans ces trois exemples, le service est gratuit, accessible à tous pour
tous. Et il est incontestable que ce type de services peut être d’une grande
utilité à de nombreuses personnes, petites entreprises, associations ou ONG.
Dans le même temps, derrière cette illusion, dans chacun de ces
exemples, ces connaissances sont centralisées. Elles sont aux mains d’une seule
société, sur les disques durs de serveurs informatiques situés dans des gros
centres de donnés très bien gardés qui lui appartiennent. Et si cette société
ne facture pas directement aux utilisateurs ces matériels et ses milliers
d’ingénieurs, c’est qu’elle retire un bénéfice immense des informations qui lui
sont ainsi offertes.
D’ailleurs, sur ce sujet de la centralisation des données chez des
sociétés américaines, il n’est pas inutile de rappeler que depuis les nouvelles
lois promulguées aux Etats-Unis à la suite des attentats du 11 septembre 2001
(Patriot Act), les services de renseignements américains peuvent accéder à peu
près librement aux informations détenues, dans le cas où ils ne les auraient
pas déjà…
La phrase de Jésus « Vous êtes nus devant le Ciel,
tout ce qui est voilé sera dévoilé »
(évangile apocryphe de Thomas, logion 6), qui trouve également son pendant dans
les épitres de Paul et qui s’applique au monde spirituel, semble ici se faire
prophétie dans le monde matériel. On se rappellera également de la
signification du terme grec « apokálupsis » qui signifie dévoilé,
découvert. La question est « dévoilé » pour qui ?
Quand il s’agit des sociétés privées déjà évoquées (ou d’autres), des
organismes gouvernementaux et in fine des personnes qui les contrôlent et
s’attribuent ainsi des pouvoirs quasi divins, on peut se demander s’ils ont
vraiment la sagesse, celle qui vient d’en haut, pour supporter le poids et la
responsabilité de toutes ces informations ?
Se sont-ils nourris d’assez de fruits de l’arbre de vie pour se faire
gardiens de ce nouvel arbre de la connaissance ?
Et cette nouvelle tour de Babel, dont les fondations ne semblent pas
bien profondes, ne va-t-elle pas s’effondrer sur elle-même comme commencent
aujourd’hui à le faire les tours de la finance ?
Ces questions sont d’autant plus importantes si l’on considère non pas
l’état actuel des déploiements technologiques mais les directions qui sont
prises. Vers où allons-nous ? Vers un monde où chaque être humain, chaque
objet, chaque plante et animal sera connecté au réseau par le biais des nanotechnologies
et de la 6ème version du protocole IP (qui permet un nombre illimité
d’adresses) ? Vers une société contrôlée, surveillée par des technologies
dotées d’intelligence « artificielle » déjà en train d’échapper au
contrôle de leurs créateurs ? Vers un être humain « amélioré »
par les technologies (transhumanisme), en permanence connecté par le biais de
son téléphone portable et de ses nombreuses cartes électroniques « sans
contact » dans un premier temps puis par le biais de puces électronique
microscopiques directement injectées sous sa peau dans un second temps ?
Il sera alors « dé-connectable » du système à tout moment. Dans ce
cas, plus de paiement, d’accès à Internet, à la connaissance, à la santé, aux
voyages, etc.
Conclusion ?
Les enseignements portés par la Genèse nous appellent vers d’autres
sentiers que les autoroutes à péage qui dominent aujourd’hui notre monde devenu
incapable de vivre sans des technologies qui nous ont pourtant été présentées
comme libératrices.
Les chemins auxquels nous invitent les textes sacrés sont probablement
plus proches de ceux tracés par certains mouvements minoritaires comme ceux du
logiciel libre par exemple. Ces derniers s’appuient en général sur des valeurs
comme le don gratuit, la décentralisation des données, la liberté et la
diversité. Alors certes, le salut ne viendra peut-être pas d’eux mais on peut
imaginer que ces poches alternatives sont déjà et seront de plus en plus
nécessaires pour les temps qui viennent. On peut également mentionner quelques
hébergeurs informatiques (français notamment) qui semblent s’interdire tout
accès aux données et faire preuve d’une relative transparence.
S’ils ne sont pas encore tracés, ces nouveaux chemins sont donc à
inventer, à co-créer plus précisément. Pour cela, chaque personne a son rôle à
jouer et les vieilles sagesses que nous avons évoquées semblent faire
apparaître des pistes. Pour les emprunter il est bien entendu indispensable de
recommencer à se nourrir de cet arbre éternel, celui qui porte le souffle de
l’Esprit. Il faut donc s’ouvrir, retrouver ce lien perdu avec ce quelque-chose
de plus grand, avec soi-même et avec l’autre.
En tout état de cause, une idée centrale de la Genèse est d’intégrer que l’uniformité matérielle et culturelle qui point dans cette nouvelle tour de Babel en cours de construction est l’opposé de ce qui a été voulu dans la création. Sur les plans plus matériels et superficiels, la diversité est une richesse passionnante et l’Un ne peut s’atteindre que dans les profondeurs du spirituel. Ce n’est que par ce chemin qu’un véritable dialogue et une paix pourront émerger entre des civilisations en apparence différentes et certainement pas en gommant ces différences sur les plans visibles et encore moins à l’aide des technologies.
En tout état de cause, une idée centrale de la Genèse est d’intégrer que l’uniformité matérielle et culturelle qui point dans cette nouvelle tour de Babel en cours de construction est l’opposé de ce qui a été voulu dans la création. Sur les plans plus matériels et superficiels, la diversité est une richesse passionnante et l’Un ne peut s’atteindre que dans les profondeurs du spirituel. Ce n’est que par ce chemin qu’un véritable dialogue et une paix pourront émerger entre des civilisations en apparence différentes et certainement pas en gommant ces différences sur les plans visibles et encore moins à l’aide des technologies.
Si des sentiers oubliés commencent à se redessiner et à refaire
surface, c’est pour qu’un nombre toujours croissant les empruntent à nouveau,
en toute simplicité et en toute humilité. Au travers des vents qui nous
secouent en cette époque, mais soutenus et guidés par le souffle de l’Esprit.
Et si les similitudes sont aussi frappantes entre les technologies
d’aujourd’hui et le texte de la Genèse, c’est bien qu’une nouvelle naissance
semble s’annoncer pour l’humanité…
Merci au "Blog-Master" B.A. de nous faire partager, au travers de ses lectures et recherches de telles réflexions sur bien des sujets divers !!
RépondreSupprimerA.F.
Merci Alain et bonnes lectures
SupprimerBA