Le calendrier rapproche Noël et le jour de l'an, « fêtes à la fois antithétiques et jumelles ».
Le Nouvel An ne serait-il qu'un doublet profane de Noël, un écho appauvri, parce que privé de toute l'enveloppe mythique qui auréole la fête religieuse ?
Au plan des comportements, les deux fêtes paraissent en écho (même importance de la veillée, du repas, parallélisme des cadeaux et des étrennes, etc.) mais, au plan des représentations, elles s'opposent comme un jeu de miroirs : à l'intériorité toute familiale de Noël, centrée sur l'enfant, répond l'exubérance extravertie du Nouvel An, fête d'adultes vécue entre amis, scellant un renouvellement des relations sociales. Plus encore que cette symétrie inversée, ce qui articule les deux fêtes, c'est une certaine manière de rythmer un passage en un cérémonial de transition.
Tout se passe en effet dans le calendrier français et la culture qu'il traduit, comme si à chaque fête religieuse devait correspondre une fête profane, et comme si la profusion de la fête ne pouvait se vivre que dans ce fractionnement de la festivité. Au resserrement domestique et à l'intériorisation de Noël fait pendant l'extériorisation bruyante du Nouvel An, qui n'est pas sans rapport avec une certaine conjuration de l'angoisse, liée à la fuite du temps et à l'inconnu de l'avenir. Les deux fêtes scandent ainsi la continuité/discontinuité du temps au travers du schéma fin/recommencement.
Ce n'est pas seulement que face à la rupture du calendrier, la continuité de la vie familiale et des liens sociaux est réaffirmée symboliquement. C'est aussi que le contraste de Noël - suspension du quotidien, retour sur soi-même -et du Nouvel An - sortie vers les autres, renforcement des liens sociaux - dessine en lui-même un schéma dynamique homologue à la succession fin et recommencement.
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