vendredi 7 octobre 2011

La citation inaugurale...

Qu’est le mortel pour que tu en gardes la mémoire ? Le fils d’Adam pour que tu en prennes souci ?” (Psaume 8, verset 5). … Je n’ignore pas qu’en langage biblique mémoire ne se réduit pas à souvenir, mais signifie quelque chose comme le souci, la sollicitude, la compassion. Cette mémoire-souci relèverait selon moi de la dimension du fondamental tourné vers nous. Alors, dans la ligne de ce verset, je me prends à méditer sur un Dieu qui se souvient de moi, au-delà des catégories du temps (passé, présent, futur)… Je me “figure” que l’existence humaine qui n’est plus, mais qui a été, est en quelque manière recueillie dans la mémoire d’un Dieu qui en est affectée… L’existence ainsi recueillie “fait une différence” en Dieu. »
« Pour employer un langage qui reste très mystique, je dirais ceci : que Dieu, à ma mort, fasse de moi ce qu’il voudra. Je ne réclame rien, je ne réclame aucun “après”. Je reporte sur les autres, mes survivants, la tâche de prendre la relève de mon désir d’être, de mon effort pour exister, dans le temps des vivants. »

Paul Ricœur
La critique et la conviction
Paris 1995

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