A
l'aube de Pâques, les disciples n'assistent pas à la Résurrection de Jésus, ils ne voient pas ce que tant de tableaux
représentent : un Christ, véritable
Hercule, plein de force et de puissance qui force les portes de son tombeau, ou qui le piétine avec à sa main le
sceptre des empereurs
victorieux ! Rien de tel au matin
de Pâques selon les évangiles, rien de spectaculaire!
Il n'y a qu'un tombeau vide… et tout reste encore à interpréter de cet événement mystérieux.
Un tombeau vide...Il y a un certain risque en effet à Pâques de vouloir imposer une
sorte de joie
obligatoire, une certitude sans failles, une foi inébranlable, mais qui risque
de
n'être qu'une parenthèse
dans les brouillards de nos vies
quotidiennes, des luttes que nous avons à mener contre nos peurs, nos
questions, nos réticences. Pâques pourra alors être célébré rituellement, être
chanté avec ferveur, prêché avec conviction, mais le retour à la réalité peut
faire mal, et les enthousiasmes artificiels nous décevoir.
Avant
d'exulter de la joie pascale, peut-être vaut-il mieux suivre le chemin moins
triomphant, plus modeste de Marie de Magdala : Chemin, passage, Pâque du coeur vide de
tristesse et de détresse, à la parole pleine du témoignage. Chemin, passage ; Pâques de l'obsession mortifère, qui nous replie sur nous-mêmes, nous isole et
nous cloue sur place, rivés à notre chagrin, à la mission qui nous conduit à la rencontre des frères et
soeurs porteurs d'une parole de vie. Tant il est vrai que dans ce récit, il est
avant tout question de la résurrection ...de Marie de Magdala, de sa foi ressuscitée , ressuscitée par la Parole d'appel de son Seigneur …plus que
d'un reportage sur la résurrection "objective", "historique"
de Jésus. Ou, pour le dire autrement, nous ne pouvons avoir accès à la Résurrection
de Jésus que par l'intermédiaire des vies ressuscitées des disciples et de leurs paroles porteuses de
confiance et d'espérance. Il ne peut y avoir de connaissance froide, rationnelle, scientifique de l'événement de Pâques, des preuves évidentes aux yeux de tous de la
Résurrection de Jésus...Mais il ne peut y avoir qu'une connaissance chaude,
existentielle, qui concerne toute notre vie, une reconnaissance
dans la foi .C'est seulement quand le Christ nous appelle par notre nom, quand
il nous rappelle à notre vocation, alors que nous doutions de tout, et surtout
de nous ! que nous pouvons entrer dans ce mouvement de reconnaissance.
Il
nous faut nous-mêmes opérer un passage, une pâque, un retournement ...pour pouvoir témoigner de façon crédible de la Pâque du Seigneur.
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