Dimanche 11 mai 2014 au Dom français, culte bilingue.
« Le Seigneur est mon
berger » Psaume 23
« Je suis le bon berger » (Jean 10, 1-11). Parmi
les formules, les affirmations évangéliques simples et claires, celle-là en est
une bien connue, bien célèbre, elle a été le thème constant de l’iconographie
chrétienne : tableaux, vitraux, livres etc... Parmi tous les modèles
d’identification, c’est celui du Berger qui a prévalu, face à d’autres qui ont
écarté : par ex. celui du charpentier, du pêcheur, du guérisseur, du
rabbin, du maître de sagesse et bien d’autres encore.
Ce choix est d’abord celui de l’évangéliste Jean qui
en quelque sorte tente de répondre aux trois autres, Matthieu, Marc, Luc, qui
ne cessent de poser la question de l’identité et de l’être même de Jésus. Qui
dit-on que je suis ?
Qui
dites-vous que je suis ? Si les 3 premiers évangiles poussent les
interlocuteurs du Christ à confesser leur foi en lui, le 4° évangile, Jean
affirme et atteste la singularité du Maître qu’il s’agit de suivre et de
reconnaître comme Celui qui est : la lumière, le chemin, la vérité, la
vie, la porte, la résurrection, la vraie vigne et aujourd’hui le vrai Berger.
Oui il s’agit bien d’une affirmation solennelle qui va mêler le divin à
l’humain qui va faire le lien avec la compréhension du Dieu de la première
alliance comme celui qui est et qui sera.
A nos questions, à toutes
nos questions, à toute notre foi, à toutes les manifestations de notre foi, à
nos hésitations et tous nos engagements,
il y a une réponse, il y a un socle, une fondation : quelqu’un dit : je
suis… pour toi. Pour nos communautés francophones fragiles et pourtant
résistantes, il est dit : Je suis…pour
toi ! Dans un monde qu’on voudrait nous faire apparaître comme virtuel,
dans ce monde on l’on veut nous faire rêver en consommant toujours plus, dans ce
monde ou les certitudes passent comme des modes, dans le spectacle du monde,
quelqu’un dit : pour toi, je suis… là pour toi, comme une boussole,
comme un chemin sur lequel tu peux t’aventurer, comme une porte que tu peux
franchir, comme une vérité donnée à recevoir, comme une vie à partager, comme
une vigne dont on attend des fruits. L’être de Dieu s’exprime par un je
suis.. qui nous précède comme si au commencement il y avait quelqu’un
d’autre que nous mêmes. Un je suis qui appelle, qui entraîne, qui met et
remet en route, un je suis là comme une parole dans le silence ou dans le
bruit.
Je vous propose ce matin dans ce premier temps d’entendre et de
recevoir l’affirmation du : Je suis
aussi pour toi Celui qui entend et qui te rencontre sans condition ; ce
qui me fait être dit Dieu c’est cela que je te transmets. Tu peux être à ton
tour car moi, je suis. Dans la banque de données de l’existence humaine, voici
qu’il y a une réserve d’être, une source d’être ; lorsque nous croyons que
tout s’épuise, voici encore de la ressource, de l’être à vivre, du don à donner
et recevoir, de la présence à rencontrer, de la parole à échanger et à prier. Dieu
c’est une réserve d’être qui se manifeste dans sa parole ; le Christ
en disant rarement mais fortement : Je suis se révèle comme une
possibilité toujours là, d’être celui qui est disponible
pour donner vigueur et sens à notre existence, pour transmettre de l’être dans nos vies qui en manque bien souvent. Cette présence s’affiche et s’affirme dans une réalité bien précise : Je suis le bon, le vrai le seul Berger. Seule profession commune en ce temps et banale à la fois accolée à la présence divine. Dieu dans la Bible n’est pas un horloger, il n’est pas une force, une vapeur, un code inconnu, un être supérieur, il est celui qui parle de l’être qui met à disposition de l’être sous la forme sous les apparences d’un Berger. Jésus lui-même est confessé comme le Dieu d’Israël sous la forme du Berger. Même si nos civilisations ont marginalisé cette fonction – elle parle encore, sous nos latitudes à nos mentalités rurales. L’humain et le divin se mêlent sans cesse. C’est David en Israël qui est l’image du Berger, que l’on va chercher de derrière son troupeau, pour être reconnu comme roi, comme chef et c’est lui qui installera Dieu comme véritable Berger d’Israël. A la fonction guerrière – comment ne pas s’en souvenir ici au cœur de l’Europe à Berlin - souvent exercée pourtant va se substituer prioritairement la fonction caritative, la fonction soignante et l’attention bienveillante portée à ceux qui sont gardés soignés accompagnés vers si possible de verts pâturages ; l’image et le symbole seront forts en un temps ou la rudesse, la ruse et le trafic des bergers s’exerçait et où ils n’avaient pas toujours bonne réputation. Ce sont eux les bergers qui entendront et verront dans la nuit l’annonce d’une bonne nouvelle pour tout le peuple, lors de la naissance de Jésus selon l’évangile de Luc. Comme si les bergers allaient reconnaître dans le petit enfant naissant, l’un des leurs.
pour donner vigueur et sens à notre existence, pour transmettre de l’être dans nos vies qui en manque bien souvent. Cette présence s’affiche et s’affirme dans une réalité bien précise : Je suis le bon, le vrai le seul Berger. Seule profession commune en ce temps et banale à la fois accolée à la présence divine. Dieu dans la Bible n’est pas un horloger, il n’est pas une force, une vapeur, un code inconnu, un être supérieur, il est celui qui parle de l’être qui met à disposition de l’être sous la forme sous les apparences d’un Berger. Jésus lui-même est confessé comme le Dieu d’Israël sous la forme du Berger. Même si nos civilisations ont marginalisé cette fonction – elle parle encore, sous nos latitudes à nos mentalités rurales. L’humain et le divin se mêlent sans cesse. C’est David en Israël qui est l’image du Berger, que l’on va chercher de derrière son troupeau, pour être reconnu comme roi, comme chef et c’est lui qui installera Dieu comme véritable Berger d’Israël. A la fonction guerrière – comment ne pas s’en souvenir ici au cœur de l’Europe à Berlin - souvent exercée pourtant va se substituer prioritairement la fonction caritative, la fonction soignante et l’attention bienveillante portée à ceux qui sont gardés soignés accompagnés vers si possible de verts pâturages ; l’image et le symbole seront forts en un temps ou la rudesse, la ruse et le trafic des bergers s’exerçait et où ils n’avaient pas toujours bonne réputation. Ce sont eux les bergers qui entendront et verront dans la nuit l’annonce d’une bonne nouvelle pour tout le peuple, lors de la naissance de Jésus selon l’évangile de Luc. Comme si les bergers allaient reconnaître dans le petit enfant naissant, l’un des leurs.
Les prophètes en Israël fustigeront les mauvais
bergers, les conducteurs du peuple qui renonçent à leur fonction
d’accompagnement au profit de leurs propres intérêts : L’Europe d’aujourd’hui connait bien cela et
les peuples eux-mêmes sont de plus en plus critiques à l’égard de leurs petits
bergers !
Le bon berger est celui qui renonce à lui-même dans
l’intérêt des autres et dont il a la garde provisoire. Sa fonction est d’être
là, de faire face, de parler pour dire sa présence et d’éloigner le mal ou le
loup toujours présent. Sa fonction c’est bien de permettre l’éclosion et la
durée de la vie c’est bien de transmettre l’être qu’il a à ceux qui en
manquent. Le premier berger de la Bible c’est Abel tué par son frère Caïn le
cultivateur. Le nomadisme du Berger est insupportable au sédentaire. Non
seulement le Berger, le bon et le vrai manifeste son attention bienveillante à
son troupeau, mais il bouge et se déplace vers tous les lieux de vie propices à
ses brebis. La fonction de Berger c’est aussi la tension voire l’opposition
entre le déplacement et la stabilité. Cette tension court tout au long de
l’Ecriture ; mais c’est toujours le nomadisme qui gagne.
L’Etre, la vie, c’est le déplacement ; notre
vie dans la foi, notre foi orientée vers le bon Berger, c’est une foi en marche
accompagnée de Celui qui marche en avant ou en arrière, avec nous. Notre foi
notre espérance et l’exhortation à la bienveillance envers les autres se
manifestent dans le déplacement : dans tous les sens, vers là où se tient
la nourriture…. Il n’y aurait pas d’Eglise, pas de communautés croyantes si les
premiers témoins ne s’étaient pas déplacés munis de la certitude que quelqu’un
d’essentiel se déplaçait aussi avec eux. La stabilité de la foi est une
incohérence ou alors il faut dire et croire que la stabilité même se déplace
sans cesse ; non pour le plaisir de se déplacer mais par nécessité pour
que la vie et l’être, pour que l’annonce de la parole s’effectuent se
manifestent.
Dire aujourd’hui comme hier, le Seigneur est mon
Berger ou bien regarder et confesser le Christ en train de dire, je suis le bon
Berger, c’est entrer dans un vaste déplacement : non seulement regarder
autour de nous pour transmettre une espérance vitale, mais nous déplacer dans
notre foi même : ce que nous avons l’habitude de dire et faire reçoit la
force de s’exprimer et de se manifester autrement encore. Nous ne sommes pas
arrêter dans notre manière de vivre cette foi et cette espérance ; nos
traditions ne seront vivantes et utiles aux autres que si nous faisons
mouvement vers eux ; en écoutant et recevant des autres leurs attentes,
leurs questions leurs situations, leurs souhaits leurs désir ; en les accompagnant
à partir de leurs réalités sans les contraindre ni les pousser impérativement
vers où nous voudrions qu’ils aillent. Faire partager notre foi et notre
espérance c’est accompagner les autres vers des lieux encore inconnus pour
nous. Comme le firent les huguenots de
jadis, qui ont parcouru les routes de l’Europe en quête de repos, de création,
d’imagination au service de leur Dieu et des peuples accueillants.
Le bon Berger lui c’est déplacer vers des lieux
inconnus, étrangers et étranges, il a mangé avec ceux qui n’avaient pas bonne
réputation, il a rencontré celles et ceux qui ne lui ressemblaient pas, il a
renoncé bien souvent à la doctrine de ses pères pour en dire une nouvelle, il a
oser des mots et des gestes que personne n’avait osé dire ou faire ; bref
il ne s’est pas prévalu de ce qu’il était, il a accepté de fondre le Je suis
dans l’ensemble de la réalité, il ne s’est pas prévalu de sa condition divine,
il y a renoncé pour donner de l’être et de la vie à d’autres, c’est pour cela
dira l’apôtre Paul que Dieu l’a souverainement élevé.
Etre l’Eglise du Bon Berger, c’est non seulement
entendre sa voie et suivre son exemple, c’est aussi reconnaître le nomadisme de
Dieu pour devenir des nomades dans la foi. C’est parfois renoncer à nous
identifier à un troupeau pour devenir à notre tour les bergers les uns des
autres, acceptant de livrer l’être qui nous constitue car dans cet abandon et
cette livraison nous découvrirons la présence et l’accompagnement du seul vrai
Berger qui ne retient pas qui ne garde pas, mais qui donne ce qu’il est. Etre l’Eglise du bon Berger c’est savoir l’existence d’une réserve d’être d’une
solidité qui assure et rassure nos existences bien légères.
Voir des photos de Berlin ?
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Merci Bernard pour ce message ...salutaire !
RépondreSupprimerJe trouve intéressante cette idée du Bon Berger se déplaçant "vers des lieux inconnus, étrangers et étranges...et d'entrer dans un vaste déplacement".
Également de "nous déplacer dans notre foi même"...
Mais quid alors de l’Église Romaine dont le siège est bien ancré à Rome et bardée de dogmes intangibles ? Est-ce que ce pape François, berger de cette Église, peut faire bouger les lignes ?
Quid de nos Églises protestantes sans cesse en mouvement mais qui donnent ...le tournis ?
Merci pour les photos de Berlin mais ne pourrais-tu pas mettre un commentaire aux photos ?
Cela permettrai aux "pôvres" citoyens qui ne connaissent pas Berlin (Bérlineu avec l'accent germanique) d'en savoir un peu plus sur ces magnifique endroits que vous avez visité.
Amitiés
Edmond
Merci à un Bon Berger d' avoir rappelé que : " ich habe noch einen Koffer in Berlin'...", c' est à dire, Berlin ou y revenir....
RépondreSupprimerBons voyages !