Job 19 :
23 Ah ! si seulement
on écrivait mes paroles, si on les gravait en une inscription !
24
Avec un burin de fer et du plomb, si
pour toujours dans le roc elles restaient incisées !
25
Je
sais bien, moi, que mon rédempteur est vivant, que le dernier, il surgira
sur la poussière.
26
Et après qu’on aura détruit cette peau
qui est mienne, c’est bien dans ma chair que je contemplerai Dieu.
27
C’est moi qui le contemplerai, oui,
moi ! Mes yeux le verront, lui, et il ne sera pas étranger. Mon coeur en
brûle au fond de moi.
« Moi je sais que mon
Goël « rédempteur » est vivant… »
Jean 5, 24 :
En
vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole et croit en celui
qui m’a envoyé, a la vie éternelle ; il ne vient pas en jugement, mais il
est passé de la mort à la vie.
Aucune religion n’échappe aux
questions et aux réponses concernant l’au-delà, l’après. Comme chacun est
concerné, pour lui-même comme avec ses proches, chacun apporte fortement et
clairement ou timidement ou même en silence, des éléments de réponses à cette
interrogation légitime, celle de l’après.
Au fond ce qui compte c’est l’avant et
l’après ; et il faut bien dire que l’on s’est souvent servi de l’après
pour justifier pour supporter le présent : les religions en ce sens ont
été l’opium des peuples au sens où elles ont permis de justifier tous les
malheurs et les crises dans l’espérance de jours meilleurs. La récompense, au
futur a été un moteur pas toujours efficace d’ailleurs, de l’histoire.
Lorsqu’on choisit la mort comme avec les terrorismes par exemple on espère des
récompenses vitales dans le paradis, dans un au-delà. La conception de
l’au-delà comme possibilité réparatrice du présent est une projection commode
mais stérile ; elle peut être aussi un délire mystique qui ont conduit
tous les illuminés chrétiens au martyr pour la bonne cause : comme pour
hâter « un plus prés » de toi seigneur !
Sans aller parcourir les
religions anciennes, il se trouve que dans la société civile il en est
de même, l’au-delà s’est échappé du présent, le monde magique celui des
sorciers, ou bien les autres mondes galactiques sont des manières relativement
nouvelles de parler de l’au-delà.
Que dit alors l’Evangile ? Dieu est le Dieu des
vivants ; les chrétiens restent fidèles à l’ancienne compréhension
hébraïque ; la vie c’est plus que tout, c’est la valeur et la richesse
ultime. Oui en ce sens là il y a résurrection comme un surgissement. Il y a
résurrection en chaque vie, en chaque moment de l’existence.
La vie c’est aussi la dépendance
totale à l’égard des autres comme de Dieu. Devenir en permanence, humain
c’est attester ce primat de la vie donnée et reçue plus grande et plus forte
que toutes les forces de la mort.
Ce n’est plus la lutte
entre la vie et la mort comme le bien contre le mal ; c’est une sorte d’affirmation que la vie est
toujours là et sera toujours là car il y aura toujours quelqu’un de vivant qui
devra s’occuper de la réalité de la mort ; seuls les vivants, au fond,
s’occupe bien des morts.
Seuls des vivants s’occupent
bien ou plus ou moins bien des lieux et des souvenirs ; c’est ce que
l’on voit en ce moment dans les cimetières où le commerce de la fleur d’or
témoigne d’une vie bien réelle et où le caractère incorruptible de l’or attesté
par le chrysanthème s’oppose au caractère corruptible du corps enseveli.
Les évangiles disent aussi :
il n’y a pas continuité entre le monde des hommes et le monde de Dieu : il
y a rupture. Ce qui vaut aujourd’hui n’a pas cours dans l’au-delà ; c’est
la raison pour laquelle toute description et tout calcul pour maîtriser le
monde Dieu n’a aucun sens. L’avenir l’au-delà ne dépend pas de nous c’est bien
le monde et la responsabilité de Dieu seul ; au fond nous n’y pouvons rien, ni assurance ni contrôle ni
maîtrise. La vie, l’existence humaine n’est ni un destin, une fatalité mais
plutôt la possibilité d’une préoccupation des moments de la quotidienneté et un
essai dé-préoccupation de l’au-delà.
Nos calculs et nos pronostics ne sont pas les calculs et
les probabilités de Dieu.
Mais en disant cela
L’Evangile ne répond pas complètement à la préoccupation métaphysique des
humains. Mais est-ce bien utile de répondre ? Il faudra sans doute
l’entendre cette préoccupation et trouver des mots pour l’exprimer et l’apaiser
parfois.
« Moi je sais que mon Goël rédempteur est
vivant… »
« Celui qui écoute ma parole et croit en Celui qui
m’a envoyé, a la vie éternelle… »
- Job d’abord et Jean ensuite. Job sait de quoi il parle, il sait ce qu’il est en train de vivre. Il est l’humain, l’archétype humain dans sa radicalité. Pour lui, la mort ce n’est pas seulement après c’est bien au cœur de sa vie ; dans son corps, et dans son cœur dans ses oreilles, car il doit subir les bons discours de ses amis, qui expliquent et justifient ce qui lui arrive. Job est assailli de maladies mortelles et il est assailli par toutes sortes de croyances et les religions qui viennent dire leur solution, leur réponse.
Au fond les traditions bibliques
n’exposent pas de façon systématique et organisée ce que serait le dogme à
croire à accepter au sujet de l’au-là. Il n’y a pas un condensé un résumé des
réalités qu’il faudrait accepter et croire. Les Ecritures comme toujours comme
pour nous aider de façon humaine et divine à la fois, nous raconte une
histoire ; comme si le récit valait mieux que des articles de foi ;
comme si l’histoire disait à sa manière un aspect particulier qu’il est
intéressant de recevoir non pour croire dans l’après mais pour espérer pour
aujourd’hui et sans doute demain.
·
Jean aussi est
là. La vie éternelle est un présent
sous la forme d’une parole qu’il s’agit d’écouter et de recevoir et sous la
forme d’une foi, d’une confiance en quelqu’un qui a envoyé quelqu’un d’autre.
Jésus lui-même n’est pas une fin en soi il n’est pas l’ultime qui réside en
celui qui l’a envoyé.
Ici
nous trouvons l’affirmation centrale celle de la foi en celui qui a un projet
pour quelqu’un. Dieu a un projet pour lui comme pour moi comme pour toi. De
même qu’il y a toujours un semeur qui sortira pour semer de même il y a
toujours quelqu’un qui a un projet pour quelqu’un d’autre. La présence du
projet c’est Dieu lui-même qui a un projet pour moi comme il a un projet pour
chacun comme il a un projet pour Jésus le Christ.
Voilà
une espérance nouvelle, neuve et simple comme une source d’espérance : il
y a toujours quelqu’un pour nous, pour moi comme pour toi. Ces remarques de
Jésus dans l’évangile de Jean se situe entre le signe de Cana et la
multiplication du pain qui sera appelé le Pain de Vie. Il y a toujours quelqu’un visible ou
invisible qui s’occupe des convives, qui renouvelle les habitudes, qui donne en
abondance et qui partage sans modération !
Notre vie comme notre mort
sont et seront dans la mémoire de Dieu lui-même ; c’est sans doute aussi
l’au-delà. Etre tourné vers et croire en celui qui a un projet pour nous et qui
nous adresse une Parole de Vie ; croire qu’il est le Vivant quoiqu’il
arrive, reste notre seule et ferme espérance ; tout le reste, tout ce
qu’on raconte, tout ce que l’on fabrique, toutes les descriptions des religions
ne sont que littérature plus ou moins bonne !
Le pain et le vin de la
Cène restent les signes les plus réalistes d’une vie et d’une mort dans
lesquelles réside à tout jamais une espérance pour le temps et pour l’éternité.
Enfin quelque chose à se mettre sous la dent !
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