1 Pierre 2, 4-10 : « Vous aussi vous
êtes comme des pierres vivantes ! Entrez dans la construction de la maison
habitée par l’Esprit »
Depuis que
l’humanité a quitté l’âge de pierre, elle n’a pas cessé de construire,
d’édifier, de construire. Le travail de la pierre, son usage, sa complexité ont
été les signes visibles d’une humanité qui s’est développé en construisant et
en détruisant. La pierre c’est ce qui permet l’édification et en même temps ce
qui permet la destruction : pierre sur pierre jusqu’à la pierre d’angle
c’est le sommet de la construction et le caillou de la fronde comme le boulet
du canon ou de la bombarde sont les premiers éléments les premières armes de la
guerre. Il est un temps pour tout, disait le sage : « un temps pour
amasser des pierres et un temps pour lancer des pierres ».
Les pierres sont
anciennes ; les grandes civilisations d’Assour à Babylone, des statuts
géantes de l’Asie en passant par les ziggourats babyloniennes ou les pyramides
d’Egypte , les routes, les arcs de triomphe, les aqueducs romains sont
notre héritage direct comme le sont aussi les théâtres ou les amphithéâtres
grecs ; la vie des hommes est lisible dans les pierres. Pensons à la chute des tours jumelles à New
York !
On pourrait dire
que nos cultures et civilisations bien au-delà de nos individualités de nos
personnes, sont de vastes lithographies c’est à dire littéralement des écrits
sur de la pierre ou bien encore des pierres écrites. Même si nous ne les
comprenons pas toujours comme les pierres dressées et sculptées de la
civilisation celtique par exemple.
Dans cette
permanence et cette priorité de la pierre construite détruite et reconstruite,
apparaît le désir des hommes de se montrer, forts et puissants et en même temps
signifier qu’il est utile important et nécessaire de durer. La pierre dans
toutes ses manifestations apparaît comme le signe d’une espérance et d’une
forme d’immortalité ou comme un gage contre l’oubli, un signe de mémoire, ce
que deviendra ensuite le mémorial. Malgré l’usure ces monuments sont
l’expression d’une volonté d’être là longtemps comme signe et gage de
vérité ; les cathédrales qui deviennent des lieux de visites sont de cet
ordre, un témoignage d’une foi d’une histoire passée et qui viennent à notre
rencontre.
Le peuple d’Israël
est probablement le seul peuple ancien qui n’est pas visible dans ces
constructions et ces monuments. Comme s’il n’avait pas tout misé sur ce genre
d’apparence ! Le mur du temple est particulièrement récent il est surtout
symbolique et n’est pas un vrai monument : il ne se compare pas aux
pyramides d’Egypte. Même si « un jour dans tes parvis en vaut mille
ailleurs » et même si dit le psalmiste déjà : « j’ai choisi
de rester au seuil de la maison de mon
Dieu et de loger sous la tente des infidèles » (Ps. 84,11) Le peuple
d’Israël comme les autres a été fasciné par la capacité constructrice des
hommes : de Salomon en particulier
discutant avec la reine Saba.
Mais la
destruction a été plus forte et a été fondatrice de nouvelle identité de nouvelle manière de vivre
ensemble ; non plus autour ou dans le temple mais autour et dans une
parole à lire à comprendre à prier à vivre.
Le Seigneur lui
seul est mon rocher, ma forteresse, ma citadelle, mon asile protecteur.
On pourrait dire
encore que la captivité égyptienne était celle de l’épreuve de la pierre à
construire à édifier pour la gloire du pharaon ; casser des cailloux a
toujours et partout signe d’humiliation du vaincu pour construire la gloire du
vainqueur. Le peuple d’Israël ne se remettra jamais vraiment du souvenir
reconstitué de cette épreuve de la dureté et il sera sera toujours présent.
De plus et comme
pour renforcer ce souvenir difficile les tables de pierres celle de la loi
divine directement écrite devront être brisées et détruites comme pour dire que
cette loi fondatrice est gravée ailleurs que dans des pierres mais dans des
vies dans des cœurs dans des histoires personnelles et communautaires. Bref,
même les parvis, les degrés, les colonnes, les murs impressionnants, de tout
cela, il ne restera pas pierre sur pierre.
Tu es Petros et
sur cette Pétra, c’est le latin de roc et rocher, j‘édifierai mon église (Matth
16,18) Non pas je pétrifierai mon église, ni sur un trône ni dans un
tombeau ; mais je la rendrai vivante comme le miracle d’une pierre
vivante. Mon Eglise ne sera pas de pierre car elle risquerait de se lézarder
sans cesse.
Etrange aventure
de ce mot et cette réalité de la pierre. Jésus va s’en servir pour dire une
nouvelle loi ou pour renouveler la loi de Dieu ; vous pouviez lapider et
bien désormais c’est fini. Que celui d’entre vous qui est sans pécher lui jette
la première pierre ! et le cercle se brisa et ils partirent les uns après les
autres en commençants par les plus vieux. Et lui écrivait sur le sol (Jean 8,
1-11.) sur la poussière du sol…
Jeter des pierres
non plus du faible vers le fort pour se libérer comme David à l’égard de
Goliath, mais jeter des pierres par les forts vers le faible : jeter des
pierres comme les gardiens du temple de la foi et de l’orthodoxie en jettent
toujours et partout, vers celui et ceux
qui osent dire et faire une réalité, une parole et un geste nouveau. Ce sera
par exemple, le meurtre d’Etienne le premier martyr ; ce sera
l’approbation de ce meurtre par Paul ce sera son écharde à tout jamais au cœur
de sa vie et de son corps.
Toujours une
histoire de pierre. Qui nous ôtera la pierre, non seulement celle du tombeau
qui nous empêche d’approcher du corps mais aussi la pierre qui pèse sur notre
vie. Notre pierre, ce poids qui est là en nous et qui nous plombe disons-nous
parfois. Le Seigneur, le Père, Dieu lui-même, vient ôter la pierre, trop
lourde ; comme si quelqu’un était l à toujours là pour nous aider à
remonter la pierre, pour la porter avec nous, tels de nouveaux Sisyphes ; pour
la supporter, pour la remplacer par une autre peut être moins lourde.
Les pierres
dressées par Josué au début de la conquête à Guilgal et cercle qui deviendra la
Galilée, les 12 pierres dressées sont devenues vivantes ; elles se sont
animées ; on pourrait dire qu’elles sont devenues les 12 fils les 12
tribus, les 12 apôtres, les premiers témoins de la foi à l’œuvre et en marche.
Elles n’ont pas été transportées, adorées, elles n’avaient en elles-mêmes ni
beauté ni prestance pour attirer nos regards ; elles étaient des signes,
des réalités à imiter, des objets inanimés qui soudain avaient une âme, une vie
pour la vie de l’autre et des autres.
L’image est
étonnante : la pierre vivante. Il est plus usuel que les hommes soient
transformés en pierre en statue pour qu’on ne les oublie pas. Ils sont morts et
pétrifier propice parfois à l’adoration des autres.
Pierre et c’est un
comble que ce soit uniquement Pierre l’apôtre ou son Eglise qui nous parle lui,
de tout le contraire : « Approchez-vous de lui la pierre principale
rejetée par les hommes mais choisie par Dieu, elle est précieuse ».
Devenez comme des
pierres vivantes ! Ne devenez pas un poids lourds et morts pour les autres mais soyez bien
vivants !
Vous avez votre
place, quelque soit votre forme voter compétence votre assurance votre foi,
pour être un témoin actif et vivant de la construction commune ; ne
méprisez pas les pierres, vous en êtes une ; observée votre place :
où êtes-vous, du côté de la fondation, dans les murs qui ne se voient guère, du
côté des façades, du côté du sol peut-être bref, il est sans doute possible de
changer de place de faire l’expérience d’une nouvelle fonction d’un nouveau
service.
Non pour la gloire
de l’édifice, non pour la gloire des autres pierres, mais pour la seule gloire
de la vraie pierre celle qui nous fait tenir tous ensemble pour que d’autres se
sentent à leur tour pierres vivantes ; c’est dire témoins qui durent et
s’usent mais attestent que la construction est en nous au service des autres
pour les aider à porter et supporter ; grâce à Celui qui sans cesse est là
pour transformer nos cœurs de pierres en cœurs de chair.
Pour nous aider à
passer de la dureté qui est en nous, celle de notre cœur, de notre foi de notre
regard à la miséricorde et à la compassion. Pierre dira : « vous qui
n’aviez pas obtenu miséricorde mais qui maintenant avez obtenu
miséricorde » ! Vivez de
cela ! L’Eglise de Jésus Christ n’a
besoin d’aucun objet d’adoration d’aucune personne supérieure aux autres
d’aucuns lieux sacrés ou magiques.
L’Eglise de Jésus
Christ a besoin de tous et de chacun c’est une communauté où personne ne peut
dire : on n’a pas besoin de moi ; car nous sommes tous et chacun des pierres
vivantes belles et plaisantes aux yeux de Dieu, qui crient et annoncent
l’espérance et l’amour possible en ce monde.
Nous ne sommes pas
là pour partager des pierres, mais le repas du Seigneur. Souvenez-vous :
« si quelqu’un te demande du pain, quel est celui parmi vous qui lui
donnera une pierre » ? (Matthieu 7,9) Le Christ invitant n’est pas
pétrifié, il devient pour nous une puissance de partage.
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