jeudi 23 octobre 2014

La "pensée" contre le fanatisme religieux c'est possible !

Lecture évangélique du dimanche 26 octobre :
 

Matthieu 22, 34-40

Les pharisiens, ayant appris qu’il avait fermé la bouche aux sadducéens, s’assemblèrent.
35  Et l’un d’eux, docteur de la loi, l’interrogea pour l’éprouver, et lui dit :
36  Maître, quel est le grand commandement de la loi ?
37  Jésus lui dit : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ta pensée.
38  C’est là le premier et le grand commandement.
39  Et voici le second qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi–même.
40  De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes.
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu… de toute ta pensée…et ton prochain comme toi-même ! »
L’amour de Dieu et non la crainte de Dieu, associé à l’amour du prochain sont le résumé, le centre, le moteur et la finalité de la foi chrétienne. Ils sont même une reprise, une suite, une conséquence de l’ancienne foi hébraïque toujours actuelle qui retentit dans la célèbre formule : « ECOUTE Israël le Seigneur est notre Dieu le Seigneur est UN » dont le premier et le dernier mot sont écrits en majuscule -ce sont les seuls- dans toute la Thora ! On peut dire que la foi, l’expression de la foi sa confession privée, personnelle ou publique est suivie de la démonstration de sa pratique de sa mise en forme dans l’expression ou dans le commandement de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain.
Faut-il dire commandement d’amour ? On sait bien que l’on n’aime pas sur commande  et que les sentiments, si aimer est de cet ordre, cela ne se commande pas dit-on encore. Alors si ce n’est pas un commandement cela pourrait être une fin, une finalité, le but ultime de l’existence humaine : au fond, nous sommes là pour ça ! pour aimer quoiqu’il en coûte ; pour aimer ce qui nous dépasse infiniment ; il s’agit alors d’aimer un au-delà de soi-même ; de faire accéder l’amour à un ultime que rien ni personne ne pourrait enfermer ; et en même temps aimer l’autre comme créature et création de cet infini. La vie humaine est alors comprise entre l’amour infini de Dieu et l’amour fini des autres comme de soi -même.
Aujourd’hui je voudrais simplement aborder un aspect très particulier de ce qui est décrit comme l’amour de Dieu. Je voudrais aborder un point de cette dimension verticale qui est la première étape de la relation d’amour qui est la colonne vertébrale de notre vie.
Cet amour de Dieu est repris, on l’aura compris, du premier testament. Il faut s’en persuader toujours mieux : l’amour divin ne caractérise pas le second testament et la venue de Jésus Christ. Il est bien présent et à l’œuvre dans la Bible juive. Il est décrit et énoncé comme suit dans le Deutéronome :
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur de tout ton être, de toute ta force ».
Le cœur est mobilisé non comme dans notre culture comme siège des sentiments mais plutôt comme centre de notre volonté consciente ; pour aimer Dieu encore faut-il le vouloir.
L’être est mobilisé aussi, on traduit parfois « de toute ton âme » (Rabbinat) il s’agit ici de ce qui rend vivant, comme le souffle de vie, comme ce qui me lie comme créature au créateur. Il s’agit de mobiliser toute sa capacité à être ce que l’on est, et qui nous a été donné. Ma réalité : corps et esprit est concernée vers ce retour à Dieu qui lui dit ma reconnaissance, ma confiance, mon espérance.
De tout ton cœur de toute ta vie de tout ton être mais aussi « de toute ta force ». Trad. du Rabbinat : « de tout ton pouvoir » Le troisième aspect de cette mobilisation vers l’amour de Dieu concerne ce que l’on appelle aujourd’hui, les énergies. Nous sommes constitués par des forces et des énergies variables, inégales, étonnantes parfois et que nous ne connaissons pas très bien. On dit aujourd’hui dans le langage courant « il faut mobiliser nos énergies » au sens de nos capacités à faire à produire à créer.
Voilà en quelques mots d’où part notre aptitude à aimer Dieu ; voilà les zones de nos personnalités qui sont mobilisées pour cet amour libre et gratuit qui donne un sens et une valeur à nos existences. Notre volonté, notre esprit et notre énergie.
Ecoutons maintenant le Nouveau testament et en particulier, l’évangile selon Matthieu au ch. 22 et au v. 36 : « un homme de loi lui dit pour lui tendre un piège : Maître quel est le plus grand commandement dans la Thora : Jésus lui déclara : tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée ; c’est la premier le grand commandement ». Jésus fait-il une citation de mémoire ? Il connaît très bien la Thora, la loi. Veut-il dire la même chose que nous avons déjà dite ou veut-il ajouter et préciser un point particulier ?
Avec le Nouveau Testament avec les évangiles, apparaît très curieusement soit une quatrième dimension soit une re-formulation de la troisième. Dans les évangiles est mentionnée ce qui n’était pas dans l’ancien texte : « de toute ta pensée ». Matthieu remplace « de toute ta force » par « de toute ta pensée». Luc ajoute la pensée aux trois dimensions classiques.
Voici donc l’apparition claire et nette de la pensée de la réflexion de l’intelligence au service non pas d’elle-même mais de l’amour de Dieu.
Il n’est pas question de dire que cette intelligence de la foi et de l’amour n’existait pas avant la venue du Christ ; il s’agit de constater qu’avec lui et les nouvelles générations de chrétiens qui vont semer et annoncer qui vont reprendre et diffuser ce qu’ils ont reçu, cette dimension de l’amour à savoir l’intelligence, la pensée, la réflexion,  sera essentielle.
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de toute ta pensée, de toute ton intelligence ». L’amour de Dieu réclame et procure de la pensée et de l’intelligence. Il n’y a pas et ne devrait pas y avoir des chrétiens sans intelligence. Nous opposons bien souvent les gestes, les actes ou les émotions qui seraient plus vrais et plus chaleureux, à une réflexion personnelle ou communautaire qui serait plus distante et plus froide, plus sèche même disons-nous parfois.
Aujourd’hui les groupes chaleureux et émotionnels attirent plus que les groupes de réflexions. Cette opposition a toujours existé et en même temps le christianisme comme le judaïsme a toujours maintenu que la réflexion et la pensée avait une place irremplaçable dans notre relation  aux autres bien sûr, mais aussi dans notre relation à Dieu, dans l’amour même que nous lui portons.
Il vaut mieux que le culte soit chaleureux et vivant, il vaut mieux que nos relations soit fraternelles et  vraies mais la dimension cultuelle requiert réclame aussi la pensée et la réflexion sans quoi notre fidélité et notre amour de Dieu seraient boiteux !
La Réforme a été au 16ième siècle un immense effort jamais terminé, pour donner à croire de façon différente  mais aussi un immense effort pour donner à penser et à comprendre de façon différente. Les Réformateurs vont s’épuiser à écrire et commenter les textes bibliques, ils vont participer à des débats, des disputes théologiques ou sociales où il s’agissait non pas de prouver qu’on était sincère mais de montrer et de démontrer par des arguments qu’on était dans la vérité.
Ce qui compte aujourd’hui essentiellement c’est au fond la sincérité. Si quelqu’un à la télévision, a l’air sincère et vrai on va dire plus facilement, qu’il a raison contre celui qui donne des arguments et qui n’a pas l’air d’y croire. La conviction n’est plus celle de l’argument, mais de l’émotion que cette conviction est susceptible de provoquer.
Retrouver l’intelligence de l’amour de Dieu ; apprendre l’intelligence de la foi en Dieu ; remettre sans cesse sur le métier cet effort de penser et de croire en même temps, dans le même mouvement, voilà me semble t-il une bonne nouvelle pour nous ! Penser par soi-même, ne pas attendre du spécialiste le point ultime et final de la réflexion ; ne pas renoncer à cette intelligence de la foi qui va se transformer en amour de Dieu et des autres voilà me semble t-il un bon et vrai programme pour nos vies.
Nous sommes des êtres fragiles mais des créatures de Dieu avec un cœur un esprit des énergies et une intelligence ; il s’agit bien de mobiliser tout cela ensemble pour que notre service et le sens que nous donnerons à notre vie en soit revivifié. Alors il sera intéressant et utile de nous tourner résolument vers le prochain qui comme nous est pourvu de cette pensée et de cette intelligence qui nous permettra de nous rencontrer en vérité.
Oui c’est bien pour vivre et servir que tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton  cœur de toute ton âme de toute ta force et de toute ton intelligence et ton prochain comme toi même.
 

lundi 8 septembre 2014

L'Assemblée du Désert à Mialet


Cette année le rassemblement de Mialet, présidé par François Clavairoly, en présence du ministre du l'Intérieur et des Larribe ex-otages d'Arlit, avait un superbe slogan : Enfin Libres !
Dans sa prédication qu'on peut lire sur le site de la FPF, le président de la FPF développait superbement l'entre-deux de la position protestante : une société laïque qui oublie la profondeur, la hauteur et  la conviction que l'humain est plus grand que l'humain, n'est pas une situation positive pour l'humanité. Mais une société qui se reconnait dans une seule position religieuse, sectaire, partisane, mortifère, n'est pas digne de l'humanité que nous voulons servir !
La lecture du départ d'Abraham vers un ailleurs vers un au-delà de lui même (Gen. 12) et les exhortations de l'apôtre Paul (Gal. 5) et ses appels à la liberté qui est donnée en Christ, retentissaient fortement dans l'assistance comme dans une actualité du monde meurtri par l'oppression non encore vaincue ; c'est bien à cette liberté que nous sommes appelés !

Des photos de l'Assemblée du désert

samedi 6 septembre 2014

Du côté de Valéry à Sète



Maigre immortalité noire et dorée,
Consolatrice affreusement laurée,
Qui de la mort fais un sein maternel,
Le beau mensonge et la pieuse ruse !
Qui ne connait, et qui ne les refuse,
Ce crâne vide et ce rire éternel !


 


Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes ;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencée !
O récompense après une pensée
Qu'un long regard sur le calme des dieux !

samedi 14 juin 2014

Nicodème, vous connaissez ?

 

Jean 3, 1-17 : Nicodème : le conquérant… le victorieux du peuple (étym.)

 
Chez Jean :  peu de personnages nommés hors disciples : Jean Baptiste, Lazare, Marthe et Marie et Marie de Magdala. Et 3 fois Nicodème ! Un nom, une personnalité, un chef étonnant !
 
La figure de Nicodème est singulière, furtive et dense à la fois. Elle caractérise l’Evangile de Jean qui seul connaît ce personnage que l’on retrouvera en discussion avec les siens pour rappeler la valeur du droit : condamnerait-on quelqu’un sans l’avoir entendu et sans savoir ce qu’il a fait, dira t-il (7,50); il sera aussi celui qui s’occupera du corps de Jésus (19,39). Il disparaîtra ensuite comme un disciple et un témoin efficace et pourtant toujours dans l’ombre. 
Nicodème quelqu’un de bien qui est d’abord intéressé par la personne et le message de Jésus ; il est l’homme qui veut savoir et comprendre, il est le personnage des questions. Comment un homme pourrait-il naître s’il est vieux ? Comment cela peut-il se faire ?
Nous pouvons percevoir ensemble cette dimension essentielle de la foi chrétienne qui est et demeure un immense étonnement, une vaste question, comme une rencontre toujours inattendue avec le Christ lui même. La foi comme une première et ultime question, la foi chrétienne comme un réel étonnement. La foi comme question comme étonnement avant d’être une série de réponses toutes faites, toute prêtes.
Nos communautés, nos traditions ecclésiales ont souvent au cours de l’histoire fait face à cet étonnement et à ces questions, elles ont même souvent donné des réponses, beaucoup de réponses ! Ainsi nos Eglises donnent parfois l’impression d’avoir réponse à tout : sur le mariage, sur la fin de vie, etc... elles donnent parfois le sentiment qu’elles ne sont plus étonnées par l’évangile lui même, qu’elles ont la charge de transmettre. Nos réponses particulières sont encore face à l’Evangile de Jésus-Christ, encore des questions et des étonnements à vivre.
Stimulés par l’Esprit saint, stimulés par les autres, questionnés par les réalités du monde, notre capacité à témoigner à annoncer, passe, je le crois, par l’étonnement de Nicodème. Comment renaître ? Comment cela peut-il se faire ?
 
Cet étonnement rencontre l’étonnement bienveillant du Christ lui-même : tu es maître en Israël et tu ne sais pas ces choses, tu es Eglise de Jésus Christ et tu ne sait pas encore ce qu’il faudrait vivre, savoir et croire ! Deviens et redeviens cette Eglise si jeune encore  qu’elle est capable de s’étonner, non seulement de la grâce qui lui est faite mais aussi de la grâce qui lui permet de proposer au monde un évangile comme un grand étonnement. Le dialogue, la rencontre qui est la première et la marque ultime de la foi c’est la rencontre de deux étonnements : celui de l’homme et celui de Dieu lui-même.
 
Puissions–nous redécouvrir la force et la pertinence de l’étonnement que doit procurer le trésor qui est le nôtre et dont nous n’avons pas encore mesuré toute la grandeur et toute la nouveauté. Au cœur de nos habitudes et de nos traditions bien utiles notre capacité à nous interroger et à être étonner, risque de se perdre et de ne plus être entendue ; les témoins de Jésus Christ sont celles et ceux qui découvrent en permanence l’étonnement de la présence de Dieu, la surprise et le renouveau qu’elle procure au cœur de nos habitudes, la nécessité de naître encore et à nouveau à l’Evangile en répondant d’eux-mêmes et de celui qui vient faire don de sa présence.
Naître de nouveau ce n’est donc pas l’autre face spirituelle d’une face plus concrète plus réaliste ; Naître de nouveau ce ne sera pas seulement l’invasion de Dieu dans la réalité des hommes et des femmes qui entendent l’Evangile ; naître de nouveau ce sera la confiance maintenue dans une question toujours légitime, toujours vivante, ce sera la confiance dans un étonnement toujours nouveau loin de l’artificiel du factice ou du répétitif. Comment cela peut-il se faire ? Cette question celle de l’enfant qui découvre la réalité du monde est l’expression première et ultime de la foi ; elle n’est pas la marque d’une indécision mais d’une confiance que quelqu’un entend nos questions, quelqu’un reçoit notre étonnement. La foi sera ici le choc des étonnements et non la confrontation et l’opposition de réponses dogmatiques ou éthiques.
Nicodème c’est le témoin de l’étonnement et de la question c’est aussi le témoin de la nuit, le témoin dans la nuit. L’évangile de Jean l’associe à la nuit, c’est l’homme qui vint rencontrer Jésus de nuit, c’est le témoin de la nuit du tombeau. C’est le noctambule de l’Evangile. On dit souvent qu’il aurait craint d’être vu en présence de Jésus ; il est le premier personnage dans l’Ev. de Jean à rencontrer Jésus personnellement comme dans l’intimité de façon privée. Cette dimension personnelle et privée sera accentuée par son absence et son silence au sein des disciples et dans tout acte public du ministère de Jésus.
Nous qui savons bien que l’Evangile a une dimension publique, officielle, visible et connue, nous qui croyons que notre espérance est pour le monde entier comme pour la société dans laquelle nous vivons, voici que Nicodème nous dit aujourd’hui que cet évangile étonnant revêt un caractère privé. Qu’il est d’abord et aussi une affaire personnelle et intime ; Voici que cette bonne nouvelle concerne notre vie publique mais aussi personnelle ; cet évangile, cette présence cette rencontre avec le Christ s’effectue aussi dans notre nuit, dans les nuits  de nos existences spécifiques. Directement la rencontre est possible, muni de notre quête de nos étonnements voici le face à face de quelqu’un, avec le Christ. La communauté, l’assemblée, l’action, le témoignage seront le jour. Mais il n’y a pas de jour sans nuit. Même la nuit le Seigneur veille ; tous les grands mystiques de l’histoire ont dit que seule la nuit était le lieu de la rencontre. Absorbés par toutes sortes de tâches, écrasés parfois par nos organisations matérielles et nos gestions complexes, voici que Nicodème nous rappelle la place de la rencontre singulière et personnelle avec le Seigneur du jour et de la nuit. Puissions nous retrouver cette dimension qui ressemble à la prière personnelle comme ressourcement ou personne ne peut agir à notre place et où nous retrouvons la capacité de nous tenir devant Dieu.
Pour nous, Nicodème c’est le témoin de l’étonnement et c’est le témoin dans la nuit. C’est aussi et enfin le témoin de l’écoute de l’essentiel. Comment dirions-nous ensemble le centre de la révélation chrétienne ? Nicodème est le témoin attentif de cette parole centrale au seuil de l’Evangile de Jean. Par ses questions nocturnes, il permet à Jésus des réponses radicales et inouïes.
"Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils son unique, pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle".
 
Le motif la raison d’être la mission de nos communautés comme notre espérance personnelle, se tient ici résumé et récapitulé. A celles et ceux qui doutent et qui cherchent, à celles et ceux qui vont chercher ailleurs ce qui est promis ici simplement à celles et ceux qui s’égarent dans les pseudo-mystères et les paradis éphémères, à nous qui parfois ensommeillés ou découragés ne voyons plus clairement ce qui nous unis et nous rassemble, l’évangile retentit de façon claire et forte.
 
A nous qui portons un regard sceptique parfois désabusé et souvent négatif sur ce monde déboussolé, Dieu vient redire : qu’il l’a tant aimé ; qu’il est bien le seul lieu de notre mission et de notre témoignage ; qu’il est bien, ce monde, celui que Dieu est venu résolument aimer en Jésus-Christ dans sa rencontre étonnante avec celles et ceux qui paraissaient les moins dignes de cette rencontre. Pas du monde, dira Jean, mais dans ce monde afin qu’il croie ; dans ce monde notre manière de vivre les uns avec les autres les uns par les autres ; dans ce monde où doit retentir notre étonnement et nos questions sont promis à la présence qui le rend autre et différent ; dans ce monde aimé par Dieu et non condamné tel est le lieu de notre mission et du chantier que Dieu est venu visité.
 
Dans ce monde où la demande religieuse s’exprime de bien des manières, voici qu’il nous est demandé de l’évangéliser, non de la récupérer mais d’y annoncer sous forme de questions, la seule espérance possible celle de la vie qui dure et qui s’épanouit grâce à la présence du Vivant et du ressuscité.
Ce qui caractérise l’espérance chrétienne c’est bien cette promesse qui ne ressemble pas à un jugement mais à un avenir possible. Dieu est venu aimer ce monde. Nous ne pouvons pas l’abandonner, nous y soustraire, car c’est bien là que nous attendent nos frères et sœurs en humanité promis à la rencontre inattendue, celle de la foi Christ de la vie. Nos communautés sont des langages différents de cette annonce et de cette certitude, puissions nous nous souvenir que nos langages nos histoires sont enracinés et trouvent leur véritable sens dans cette affirmation centrale : afin que nous croyions, Dieu est venu aimer ce monde dans la vie, la mort, les gestes et la parole de Jésus le Christ. Nicodème est le premier témoin de cette promesse.
Nicodème, le conquérant tel Guillaume ! du peuple et pour le peuple de Dieu : il est le vainqueur des tentations de toujours répondre comme de l’extérieur d’un savoir tout prêt à croire car le vent, comme l’esprit souffle dans toutes les directions ; Il est le conquérant qui questionne et vient voir lorsqu’il difficile de voir ; il vient répondre de lui-même et de celui qu’il rencontre.
Témoin questionneur, témoin de l’étonnement nécessaire, témoin dans la nuit, témoin est le premier témoin de la grande nouvelle. Puissions nous nous retrouver en lui, puissions nous avec lui, avec nos communautés, stimulés par lui retrouver l’élan et la dynamique d’un témoignage divers et varié mais enraciné et comme abreuvé par cette seule source, l’amour inconditionnel de Dieu pour nous.