Les Soli de la Réforme : sola gratia, sola
fide, sola scriptura, solo christo ou solus christus, soli deo gloria. L'ordre
que l'on choisit n’est pas anodin ni neutre : il indique un cheminement, une
manière de croire, des priorités, une insistance !
Les soli ce sont des principes pas des
dogmes, pas des vérités toutes faites, pas des formules magiques ; ce sont
des principes qui signifient : en tête, mis au début comme un commencement
exigeant orienté, qui donne le cap. Les soli sont des boussoles. Ce que nous devons
avoir en-tête lorsque nous résumons la foi renouvelée par les Réformateurs.
Gracia : Nous sommes chacune, chacun à égale
distance du Seigneur. Il n'y a pas des proches et des lointains, nous tous
chacun chacune en sa présence. Il est Dieu Seigneur est Sauveur pour Nous, pour
toi, pour moi. Sa grâce suffisante c’est son Amour inconditionnel manifestée
dans la personne du Christ. Nous sommes
rendus capables sans aucun mérite de recevoir d’entendre de vivre de
transmettre sa Parole. Dieu vient à nous avant que nous allions à lui. Il vient
prononcer non un jugement mais un oui sur toute existence. Il vient dire un Oui
sur nos faiblesses et nos espérances, alors que nous aimons discuter,
argumenter, préciser. Sa grâce se manifeste lorsqu’il présent là où cela est
étonnant parmi les démunis, il se fait Dieu des sans-Dieu et proches des
lointains. Sa grâce sa bienveillance à l'égard des humains est suffisante ;
elle est sola - seule - elle ne réclame
rien si ce n'est de l'accepter de la recevoir elle est inconditionnelle elle
vient de lui radicalement sans préalable ; elle est exigeante, elle coûte
la radicalité de sa vie de son Amour et de sa mort. Elle retentit pour nous dans
nos lieux les plus fermés les plus enfouis ou secret. Elle s’annonce aussi en
plein jour dans la banalité de nos vies comme au cœur de la vie du monde :
il faut peut-être apprendre à la voir l'entendre, la porter et la discerner ici
et là, dans nos communautés, dans la vie de l'église pour qu'elle en soit
changée et réformée.
Fide : c'est une confiance, un élan qui me
conduit vers une rencontre, une personne, une découverte. C'est l'ancienne
mention hébraïque de l’amen / l'Emouna qui dit une solidité, fidélité, l’assurance.
Il faudra toujours distinguer entre une foi qui est de l’ordre de la démarche
(Fides qua creditur) de la mise en toute à la suite d’un appel, celui du
disciple celui d'Abraham par ex. Et la foi comme contenu comme doctrine (fides
quae creditur) qui qui se croit elle-même celle des dogmes et des doctrines.Croire en Dieu, comme un dogme extérieur à
moi et Croire que Dieu existe pour moi par exemple, implique chez moi un
mouvement… je peux être critique sur le contenu d’une croyance sans l’être sur
la réalité du mouvement de la foi…Suis-je sommes nous en route avec
confiance ? Avec d'autres à d’autres à l'écoute d’une parole de confiance…suis-je
et sommes-nous dans la répétition la vaine redite de règles de dogmes qui me
rassurent et qui me privent de la joie de la découverte de la foi de la
confiance nouvelle et renouvelée.
Nous croyons en lui en sa Parole, il croit
en nous, en notre Église et cela nous renouvelle et nous invite à la confiance apaisée. Rien ne remplace cette foi comme démarche et
contenu : aucun rite ou rituel, aucun personnage, la démarche de la foi
est élevée ici au niveau du salut d'un moyen efficace. De l’unique possibilité
de recevoir cette grâce comme une bonne nouvelle du don du salut gratuit. Être accordé,
en relation avec Dieu, être rendu juste, justifié devant lui c’est vivre de cet
élan de la foi : le juste par la foi vivra. La foi est ici un moyen unique
par ou ma vie doit passer, le carrefour unique et essentiel. La foi nous pousse à l’action envers les
autres par exemple comme une conséquence comme une suite à donner et à vivre de
la confiance que j’ai reçue et que je fais dans la Parole de Celui qui m’aime
en Jésus Christ.
Scriptura : Les protestants, les suiveurs de
Luther et Calvin sont devenu célèbres avec cette réalité-là : la
matérialité, l’objectivité, la chosification d’un don d’une promesse. C’est le
seul « objet » parmi les Soli. Avec l’intérêt de le voir de le
prendre en main au point de le manipuler ! Dans la réalité des Ecritures
dans sa méditation, son étude, sa lecture, sa traduction, les Réformateurs vont
faire entendre le message central. Dans les Ecritures faire entendre la Parole.
L’étude va remplacer le magique, l’étude pour et par tous va suppléer aux
savoirs réservés à quelques-uns. Les croyants vont devenir des lecteurs :
ils vont apprendre à lire et à relire, seul et en communauté. C’est un acte
révolutionnaire et inacceptable pour une institution qui veut contrôler et
maîtriser. Apprendre à lire c’est devenir croyant, citoyen et libre. La
pluralité la diversité des Ecritures va stimuler la vie chrétienne et lui
apporter des exigences nouvelles : dans l’ordre de la louange (Psaumes) de
la vie communautaire, la vie ecclésiale, la découverte de Jésus comme le
Christ.
Les Ecritures sont un motif de
louange et d’exigence. Les Réformateurs vont traduire avec les outils de
leur temps les textes les livres : il nous appartient de nous mettre à
leur suite afin de ne pas figer et ne pas solidifier ou enfermer les textes
dans nos seules mentalités, nos seules compréhensions. Sola Scriptura invite au
dialogue, suscite la communauté et ne l’enferme pas. Le retour aux Ecritures
anciennes établit un lien avec les anciennes communautés de croyants et nous enracine
dans une tradition vivante de celles et ceux qui ont cru qui ont lu avant nous. Les Ecritures selon les Réformateurs ne
sont pas là pour approuver ce que nous disons ou faisons mais pour questionner
et interpeller nos vies nos actions et nos Eglises. Elles ne sont pas là pour
nous faire valoir mais pour le reconnaître Lui comme Seigneur et Serviteur dans
notre vie et dans le monde.
Christus : Après une idée une compréhension
après une réalité concrète, voici une fonction que l’on dit -christique- à
partir d’une personne, celle de Jésus compris, aimé, regardé, prié comme
Christ, envoyé, oint, reconnu dans sa proximité avec Dieu.
Concentration de notre foi et de notre
espérance sur la personne de Celui qui est raconté dans les Evangiles : il
est pour nous interpellation permanente pour notre vie et notre foi.
Christ : on pourrait comprendre tous
les soli à partir de cette réalité personnelle ; on peut aussi lire les
Ecritures et les comprendre même en regardant vers Lui ; faire finalement
une lecture christologique du corpus biblique.
Solus Christus : nous oblige à une
concentration sur l’essentiel et nous aide à ne pas nous éparpiller vers d’autres
personnages, d’autres réalités qui resteront mineures, non essentielles, non
sacrées. Christ : il est l’image, la présence, l’incarnation du Dieu
souverain et invisible. Il faudra recevoir de sa part son
originalité, sa spécificité, Lui « qui ne s’est pas prévalu de son égalité
avec Dieu » (Phil 2) et nous mettre à nous dessaisir de nos images de Dieu
à les convertir par le prisme de sa personne, de son histoire, de ses paroles
et de son action.
Solus Christus nous dit à la fois la
présence divine en lui, nous dit notre possibilité de nous tenir « devant
Dieu » coram deo, en sa présence et aussi de ressentir sa proximité comme
si nous n’étions pas loin et comme proche. Par Lui Dieu est pour nous afin que
nous soyons pour Lui.
Source inépuisable de vie et d’espérance,
il nous conduit et nous accompagne vers les autres et vers Dieu. Sa naissance,
sa vie et sa mort, nous parle de nous en relation avec le monde qu’il est venu
aimer, par-delà son temps, par-delà les systèmes politiques, les religions.