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mardi 11 octobre 2016
Visite aux Pays Bas où l'intelligence de la foi !
Dimanche 9 octobre 2016 à Breda
Lectures : Deutéronome 6, 1-9 puis Matthieu 22, 34-40
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu… de toute ta
pensée…et ton prochain comme toi-même ! »
Le christianisme ne dit pas « Dieu est grand ou le plus grand » !
Il affirme, plus volontiers : « Dieu est Amour » !
L’amour de Dieu et non
la crainte de Dieu, associé à l’amour du prochain sont le résumé, le
centre, le moteur et la finalité de la foi chrétienne. Ils sont même une
reprise, une suite, une conséquence de l’ancienne foi hébraïque toujours
actuelle qui retentit dans la célèbre formule : « ECOUTE Israël le
Seigneur est notre Dieu le Seigneur est UN » dont le premier et le dernier
mot sont écrits en majuscule -ce sont les seuls- dans toute la Thora ! On
peut dire que la foi, l’expression de la foi sa confession privée, personnelle
ou publique est suivie de la démonstration de sa pratique de sa mise en forme
dans l’expression ou dans le commandement de l’amour de Dieu et de l’amour du
prochain.
Faut-il dire commandement d’amour ?
On sait bien que l’on n’aime pas sur commande et que les sentiments, si aimer
est de cet ordre, cela ne se commande pas dit-on encore. Alors si ce n’est pas
un commandement cela pourrait être une fin, une finalité, le but ultime de
l’existence humaine : au fond, nous sommes là pour ça ! pour
aimer quoiqu’il en coûte ; pour aimer ce qui nous dépasse
infiniment ; il s’agit alors d’aimer un au-delà de soi-même ; de
faire accéder l’amour à un ultime que rien ni personne ne pourrait
enfermer ; et en même temps aimer l’autre comme créature et création de
cet infini. La vie humaine est alors comprise entre l’amour infini de Dieu et
l’amour fini des autres comme de soi -même.
Aujourd’hui je voudrais
simplement aborder un aspect très particulier de ce qui est décrit comme
l’amour de Dieu. Je voudrais aborder un point de cette dimension verticale qui
est la première étape de la relation d’amour qui est la colonne vertébrale de
notre vie. Cet amour de Dieu est repris,
on l’aura compris, du premier testament. Il faut s’en persuader toujours
mieux : l’amour divin ne caractérise pas le second testament et la venue
de Jésus Christ. Il est bien présent et à l’œuvre dans la Bible juive. Il est
décrit et énoncé comme suit dans le Deutéronome :
« Tu aimeras le Seigneur
ton Dieu, de tout ton cœur de tout ton être, de toute ta force ».
Le cœur est mobilisé non
comme dans notre culture comme siège des sentiments mais plutôt comme centre de
notre volonté consciente ; pour aimer Dieu encore faut-il le vouloir.
L’être est mobilisé
aussi, on traduit parfois « de toute ton âme » (Rabbinat) il s’agit ici de ce qui rend vivant,
comme le souffle de vie, comme ce qui me lie comme créature au créateur. Il
s’agit de mobiliser toute sa capacité à être ce que l’on est, et qui nous a été
donné. Ma réalité : corps et esprit est concernée vers ce retour à Dieu qui lui
dit ma reconnaissance, ma confiance, mon espérance.
De tout ton cœur de toute ta
vie de tout ton être mais aussi « de toute ta force ». Trad. du Rabbinat : « de tout ton
pouvoir » Le troisième aspect de cette mobilisation vers l’amour de Dieu
concerne ce que l’on appelle aujourd’hui, les énergies. Nous sommes constitués
par des forces et des énergies variables, inégales, étonnantes parfois et que
nous ne connaissons pas très bien. On dit aujourd’hui dans le langage courant
« il faut mobiliser nos énergies » au sens de nos capacités à faire à
produire à créer.
Voilà en quelques mots d’où
part notre aptitude à aimer Dieu ; voilà les zones de nos personnalités
qui sont mobilisées pour cet amour libre et gratuit qui donne un sens et une
valeur à nos existences. Notre volonté, notre esprit et notre énergie.
Ecoutons maintenant le Nouveau
testament et en particulier, l’évangile selon Matthieu
au ch. 22 et au v. 36 : « un homme de loi lui
dit pour lui tendre un piège : Maître quel est le plus grand
commandement dans la Thora : Jésus lui déclara : tu aimeras le
Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée ;
c’est la premier le grand commandement ». Jésus fait-il une citation de
mémoire ? Il connaît très bien la Thora, la loi. Veut-il dire la même
chose que nous avons déjà dite ou veut-il ajouter et préciser un point
particulier ?
Avec le Nouveau Testament avec
les évangiles, apparaît très curieusement soit une quatrième dimension soit une
re-formulation de la troisième. Dans les évangiles est mentionnée ce qui
n’était pas dans l’ancien texte : « de toute ta pensée ».
Matthieu remplace « de toute ta force » par « de toute
ta pensée ». Luc ajoute la pensée aux trois dimensions classiques.
Voici donc l’apparition
claire et nette de la pensée - de la réflexion-
de l’intelligence- au service non pas d’elle-même, mais de l’amour de
Dieu et du prochain.
Il n’est pas question de dire
que cette intelligence de la foi et de l’amour n’existait pas avant la venue du
Christ ; il s’agit de constater qu’avec lui et les nouvelles générations
de chrétiens qui vont semer et annoncer qui vont reprendre et diffuser ce
qu’ils ont reçu, cette dimension de l’amour à savoir l’intelligence, la pensée,
la réflexion, sera essentielle.
« Tu aimeras le Seigneur
ton Dieu de toute ta pensée, de toute ton intelligence ». L’amour de Dieu
réclame et procure de la pensée et de l’intelligence. Il n’y a pas et ne
devrait pas y avoir des chrétiens sans intelligence. Nous opposons bien souvent
les gestes, les actes ou les émotions qui seraient plus vrais et plus
chaleureux, à une réflexion personnelle ou communautaire qui serait plus
distante et plus froide, plus sèche même disons-nous parfois.
Aujourd’hui les groupes
chaleureux et émotionnels attirent plus que les groupes de réflexions. Cette
opposition a toujours existé et en même temps le christianisme comme le
judaïsme a toujours maintenu que la réflexion et la pensée avait une place
irremplaçable dans notre relation aux autres bien sûr, mais aussi dans notre
relation à Dieu, dans l’amour même que nous lui portons.
Il vaut mieux que le culte soit
chaleureux et vivant, il vaut mieux que nos relations soient fraternelles et
vraies mais la dimension cultuelle requiert réclame aussi la pensée et la
réflexion sans quoi notre fidélité et notre amour de Dieu seraient
boiteux !
La Réforme a été au 16ième
siècle un immense effort jamais terminé, pour donner à croire de façon différente,
mais aussi un immense effort pour donner à penser et à comprendre de façon
différente. Les Réformateurs vont s’épuiser à écrire et commenter les textes
bibliques, ils vont participer à des débats, des disputes théologiques ou
sociales où il s’agissait, non pas de prouver qu’on était sincère mais de
montrer et de démontrer par des arguments qu’on était dans la vérité.
Ce qui compte aujourd’hui
essentiellement c’est au fond la sincérité. Si quelqu’un à la télévision, a
l’air sincère et vrai on va dire plus facilement, qu’il a raison contre celui
qui donne des arguments et qui n’a pas l’air d’y croire. La conviction n’est
plus celle de l’argument, mais de l’émotion que cette conviction est
susceptible de provoquer. Aujourd’hui la folie terroriste remplace même
l’émotion et toute pensée rationnelle !
Retrouver l’intelligence de
l’amour de Dieu ; apprendre l’intelligence de la foi en Dieu ;
remettre sans cesse sur le métier cet effort de penser et de croire en même
temps, dans le même mouvement, voilà me semble t-il une bonne nouvelle pour
nous ! Penser par soi-même, ne pas attendre du spécialiste le point ultime
et final de la réflexion ; ne pas renoncer à cette intelligence de la foi
qui va se transformer en amour de Dieu et des autres voilà me semble t-il un
bon et vrai programme pour nos vies.
Nous sommes des êtres fragiles
mais des créatures de Dieu avec un cœur un esprit des énergies et une
intelligence ; il s’agit bien de mobiliser tout cela ensemble pour que
notre service et le sens que nous donnerons à notre vie en soit revivifié.
Alors il sera intéressant et utile de nous tourner résolument vers le prochain
qui comme nous est pourvu de cette pensée et de cette intelligence qui nous
permettra de nous rencontrer en vérité.
Oui c’est bien pour vivre et
servir que tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur de toute ton âme de
toute ta force et de toute ton intelligence et ton prochain comme toi même.
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