mardi 18 février 2014
dimanche 9 février 2014
Vous êtes Lumière et Sel !
Textes à lire et relire : Esaïe 58, 9b-12. « On t’appellera
Réparateur des brèches, restaurateur des ruelles pour qu’on y
habite ".
Matthieu 5,
13-16. " Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde. "
Dans
la genèse la premier de la parole créatrice de Dieu : Il dit :
« Que la lumière soit ! et Dieu vit que la lumière était
bonne ». 1,3.
La lumière et le sel, après les béatitudes dans le sermon
sur la montagne et avant la loi nouvelle radicalisée par le Christ ;
voici une claire affirmation de notre identité de chrétien dans la foi ;
voici une claire indication de ce que nous sommes et de ce que nous sommes
appelés à devenir toujours mieux toujours de façon renouvelée.
Dans la grande série des - je suis- et des
- vous êtes- on aurait pu attendre une inversion des
valeurs : je suis la lumière du monde et vous êtes des reflets bien pâles de ce que
je suis ; je suis le sel de la
terre aurait pu dire Jésus et vous êtes des effets des substituts ou des ersatz
bien fades de ce que je suis. Non
c’est bien vous qui êtes la lumière et qui êtes le sel ; je
suis seulement Celui qui vous le dit et qui vous l’annonce. Le Seigneur dira ou
préfèrera dire dans l’évangile de Jean : je suis le cep, vous êtes les
sarments, la porte, le chemin, la vérité, la vie…. Seul Jean vint en témoin car
il n’était pas la lumière mais il vint pour rendre témoignage à la lumière.
La vie chrétienne sous le signe de la lumière et du
sel ; à une époque non encore inondée nuit et jour, de lumière, de néons de
lampes allogènes, de lumières artificielles, à une époque qui a besoin de
lumière pour vivre et agir et qui ne connaît que celle souvent rude et terrible
du soleil ; dans ce temps sombre et qui voit dans l’astre du jour et de la
nuit des divinités plutôt que de simples étoiles, dans ce cadre là il est relativement osé de dire à
des disciples vous êtes la lumière du monde : ils sont esseulés,
persécutés, on leur promet des réalités difficiles à affronter et on leur
dit : vous êtes lumière pour ce monde ; vous êtes là non pour vous
rassembler dans des catacombes, non pour vous cacher comme une secte bizarre,
vous êtes là, non pour vivre à l’intérieur de vous-mêmes, comme celles et ceux
qui disent moi, j’ai ma religion à moi ! comme je l’entends parfois...
Non vous êtes là pour sortir, non pour vous faire
voir seulement, mais pour dire montrer révéler la manière dont vous vivez et
que, ce que vous croyez donne du sens et de la vigueur à votre vie et peut
être transmis et annoncé à d’autres ; vous êtes là, pour être des exemples, non
pas satisfaits et imbus mais des exemples de vie nouvelle : dans laquelle
sera à l’œuvre, les œuvres que vous entreprenez ; les actions que vous
réalisez, les relations que vous tissez les uns avec les autres ; afin qu'elles
soient vues et crues dans vos existences. Cette nouveauté de vie, aussi
importante que la lumière pour la vie réelle se manifeste, se réalise, elle devient
utile non seulement à nos besoins spirituels mais aussi à la communauté humaine
au sein de laquelle nous sommes placés.
La lumière pour la lumière cela ne sert pas à grand
chose.
La lumière, c’est pour quelque chose d’autre
qu’elle-même ; pour voir, montrer, éclairer, pour faire, pour conduire, et
pour dire aussi et révéler les couleurs et les noirceurs du monde et de la vie
parfois.
La lumière, c’est la première réalité dite et parler
et créer par Dieu comme si c’était la condition initiale et première. Nous
sommes cette condition première et initiale, non en nous même mais en Christ
mais en Dieu. Nous mêmes ou nos contemporains parlent plus volontiers de cette
petite lumière qui brille en nous, par-ci, par-là. Comme si, en nous, était
recueillie ou présente une petite étincelle de vie ou de Dieu, comme si nous
étions réceptacle de la réalité divine qui nous fournirait la vie et
l’espérance nécessaire pour vivre.
Dans l’Antiquité on pensait comme aujourd’hui
d’ailleurs, que les humains étaient des effets, des éclats des poussières de
lumière, des poussières d’étoiles.
Eh bien non ! Dans la foi et dans la radicalité
du sermon sur la montagne ici, il s’agit plus que cela : nous sommes
lumière ou pas d’ailleurs ; nous ne sommes pas réceptacle de quoi que ce
soit ; nous sommes poussières pour attester que nous ne sommes pas
immortels et que notre fondement c’est la terre et nous sommes dans la foi,
lumière pour que d’autres rendent gloire à Dieu à leur tour.
Ici, il s’agit non pas de se montrer pour se faire
connaître comme on le fait bien souvent ; se faire connaître passer à la
télé, être sous les feux des projecteurs ; vous êtes la lumière du monde
signifie vous êtes les projecteurs qui révèlent et disent aux autres ce qu’ils
sont, ce que nous sommes ensemble, pour que la fin de toute chose, le sens de
toute chose, l’objectif essentiel, la visée centrale ce soit un autre que
nous-mêmes, ce soit Dieu lui-même :
Dégagé j’allais dire libéré, de tous les habillages que les traditions
religieuses l’ont revêtu, lui Dieu, au point de le rendre inconnaissable, inaccessible,
incroyable à nos frères et sœurs en humanité.
Si les autres ne sont pas intéressés ce n’est pas
toujours leur faute ; parfois, souvent : nous ne sommes pas assez
lumière, lunimeux, tant nous sommes éteints;
Parfois, souvent même, nous ne sommes pas assez
lumière de vie d’espérance et d’amour pour les autres c’est à dire aussi pour
Dieu.
Parfois aussi et souvent même, les chrétiens certains
chrétiens se sont crus eux-mêmes les dépositaires officiels de la lumière de
Dieu ; l’histoire des Eglises est pleine de ces moments de ces temps de
domination sur les autres : alors on a oppressé, condamné, jugé, annexé,
guerroyé ; nous savons bien que cela existe encore dans toutes les
religions surtout lorsqu'elles ont le vent en poupe ! surtout lorsqu’elles se
sentent affaiblies et fragiles, alors tout devient plus offensif.
Alors il me semble que l’image et la réalité du
sel vient, à point nommé, comme pour corriger ou en tous cas atténuer la
violence et la fulgurance de la réalité de la lumière. C’est sans doute la
raison pour laquelle Matthieu associe si fort les deux réalités : sel et
lumière.
Certes, vous êtes le sel de la terre vient nous dire comme
avec la lumière le caractère indispensable et unique de cette réalité. Sans
sodium pas de vie possible ; sans sel, pas de saveur et c’est moins la
réalité de la saveur du sel qui compte que celle qu’elle révèle ; le sel
est caché en quantité minime il fait l’essentiel, il dit et manifeste le goût
de l' autre, des autres réalités dans lesquelles il est non visible, enfoui. Le
sel peut être aussi important que la lumière mais sa marque propre c’est qu’il
ne se voit pas car même caché, ça marche ! C’est l’antidote de l’excès de
lumière ou d’une lumière au service de soi et non des autres.
Vous êtes le sel de la terre : Etre disciple, ce
n’est pas un acte héroïque et surnaturel ; devenir disciple du Christ
c’est simplement mais fermement redécouvrir la valeur et la saveur du
sel ; Ce n’est pas être sous la lumière mais être lumière. L’évangile de
Jésus Christ ressemble à du sel ; on pourrait dire qu’il n’a en soi de
vraie valeur car on découvre plutôt sa pertinence, son rôle, sa valeur et son
prix au contact d’autre chose que lui-même ; le parfait disciple qui ne
rencontrerait jamais la réalité la banalité, l’ordinaire de la vie serait un
parfait disciple à qui il manquerait une bonne dose de sel et de lumière.
Le Sel de l’évangile c’est du sel en bon état capable de
donner du piquant et de rendre le reste et les autres meilleurs. Le disciple
n’est pas meilleur, il rend les autres meilleurs ; il donne de la saveur à
autre chose que lui-même : en cela il renonce à sa propre valeur, qui est
enfoui pour révéler le goût des autres.
L’évangile de ce jour nous invite à redécouvrir en nous, ce
qui donne du goût à notre existence et à celles des autres ; il nous
invite à trouver pour nous, le chemin d’un renoncement dans nos vies à tout
vouloir, tout dans l’extériorité ou tout dans l’intériorité ; il nous invite à construire dans la durée et
à découvrir le chemin de la vie à l’extérieur comme à l’intérieur de
nous-mêmes.
Finalement avec ces réalités sel et lumière les disciples
du Christ sont équipés, sont munis de ce qui les rend utiles et bienveillants
pour les autres pour indiquer sans ostentation, un chemin, un chemin de vie et
de vérité. L’Eglise du Christ est celle qui comme l’affirmait bien des siècles
avant Jésus, le prophète Esaïe : l’Eglise du Christ est appelée avec son
sel et sa lumière comme outils vivants à devenir « réparatrice de brèches,
restauratrice de ruelles pour qu’on y habite ».
Des brèches à restaurer, des ruelles à éclairer il en
existence partout en nous et autour de nous. Nous sommes invités à entrer dans
le chantier ou chacune et chacun a une place.
Permettre la vie en société, y être visible, et y être
humble et modeste c’est la condition paradoxale d’une vie d’Eglise, sans cesse
alimentée en lumière et en sel.
Vous êtes le sel de la terre ; oui, le sel c’est une
bonne chose ; que le Seigneur nous donne l’énergie suffisante pour
découvrir en nous le prix du sel de l’évangile ! Vous êtes la lumière du monde,
oui la lumière comme au commencement du monde Dieu vit que cela était bon.
Qu’il nous donne la joie de vivre dans cette espérance à
commencer par le partage du pain et du vin de la lumière et du sel, pour
aujourd’hui et les jours qui viennent.
dimanche 2 février 2014
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