vendredi 26 janvier 2018
mercredi 17 janvier 2018
Visite à Berlin
Berlin le 14 janvier 2018. Lecture : Matthieu
2, 13-18
Installation Martine Matthey
Qu’est ce qui a motivé, décidé Matthieu à décrire
brièvement "la fuite en Egypte" après avoir raconté la naissance de Jésus ?
On peut penser à plusieurs raisons que je veux parcourir devant vous
maintenant !
La première
raison
relève de l’évidence : partir ou quitter c’est vivre ! Le déplacement
le mouvement c’est bien la vie elle-même.
Partir, commencer une nouvelle vie cela peut être
agréable si c’est l’expression d’un libre choix et ressemble finalement à un
voyage plus ou moins organisé ; c’est la version positive agréable d’un
départ qui sait que, finalement un retour est toujours possible. Aujourd’hui, ici nous accueillons Martine qui elle aussi est partie sereinement et
résolument !
Partir, aller vers une destination peu claire ;
quitter son pays parce que la vie y est devenue impossible : voici que ce
mouvement, ces départs sont aujourd’hui le sort de centaines de milliers
d’êtres humains dans notre monde. Ces migrations humaines sont sans doute l’un
des grands défis de nos sociétés. Et même si elles toujours existé- et les
protestants français du 17° siècle ont connu cela et ici à Berlin en
particulier - elles sont devenues
aujourd’hui plus visibles, elles sont devenues les causes ou les prétextes à
bien des enfermements, à l’élévation de toutes sortes de barrières, comme à la
manifestation de tous les replis identitaires et sécuritaires.
La deuxième
raison :
Partir ou quitter est une réalité biblique décisive et sans doute Matthieu
s’adresse à des gens qui connaissent bien ce critère biblique.
Partir, quitter, aller vers, se mettre en route,
cheminer sont des verbes de mouvement au cœur des traditions bibliques ;
tout le monde bouge dans un monde qui finalement n’était si éloigné du nôtre.
En fait tout le monde ne bouge pas, seuls bougent ceux qui y sont contraints et
se déplacent celles et ceux qui vendent ou achètent ou visitent, ou qui ont
quelque chose à dire à faire connaître à faire savoir. La migration est au
centre de la révélation biblique. Adam et Eve vivent l’exil du royaume, Caïn la
honte comme une fuite, Noé l’errance nautique, les gens de Babel la dispersion
et l’éclatement dans la diversité des langues. Vous connaissez tout cela et
même la suite avec Abraham, Isaac, Jacob et Joseph.
Et voici un nouveau Joseph ! « Lève-toi, prends avec toi l’enfant et sa
mère, fuis- en Egypte et restes y, jusqu’à je te le dise … »
Troisième
raison :
La confiance en Dieu, la foi, ce qui nous attend dans la vie croyante n’est
jamais hors de l’histoire mais dans l’histoire. Dans le concret d’une histoire
tragique, violente et éprouvante… La foi n’est jamais idyllique comme pour nous
faire rêver et pour échapper à la vie incarnée réelle des humains. Dieu vient
en Jésus Christ au cœur d’une histoire chahutée, bouleversante et
mortelle.
On pourrait dire ici que la Bonne Nouvelle de Noël
est inséparable de la fin et de la croix du Golgotha !
Nous avons parfois l’impression ou même nous
ressentons parfois que la foi, la vie en Christ, notre relation avec Dieu,
serait comme un îlot de stabilité au cœur des agitations, des mouvements et des
secousses du monde.
Oui
notre foi personnelle et notre vie d’Eglise se situe dans l’histoire du monde
et en même temps cette histoire n’est jamais un destin, n’est jamais fermée à
l’espérance. Dans la vie du monde mais nous sommes conduits et guidés comme va
l’être Joseph lui-même : « Pars mais je te dirai la suite et les
signes qui te permettront de revenir ! Tu n’es pas seul, tu es malgré tout
accompagné ! »
Matthieu
a bien fait de nous décrire sobrement cet élément tragique, il nous apporte
beaucoup, nous interpelle et nous réconforte au cœur même de notre vie et de
notre foi. Il accompagnera Martine et cette communauté non pas tragiquement
mais avec la confiance que le Seigneur nous conduit et conduit notre histoire.
Je
vous laisse 2 images : l’une tranquille celle du tableau de Rembrandt
« la fuite en Egypte » dans l’obscurité la famille s’avance entre
ombre et lumière, elle avance au pas de la monture, résolument. L’autre image
plus dure : celles des hommes et des femmes dans nos villes sur nos écrans
qui franchissent pays et mers pour trouver chez nous et ailleurs une espérance
pour vivre. Notre foi est concernée par leurs départs et leurs arrivées !
Oui Dieu nous conduit et conduit notre histoire.
mardi 2 janvier 2018
jeudi 28 décembre 2017
samedi 16 décembre 2017
mardi 14 novembre 2017
A Casablanca : Sola GRACIA, Sola FIDE, Sola SCRIPTURA, Solus CHRISTUS, Soli Deo Gloria
Les Soli de la Réforme : sola gratia, sola
fide, sola scriptura, solo christo ou solus christus, soli deo gloria. L'ordre
que l'on choisit n’est pas anodin ni neutre : il indique un cheminement, une
manière de croire, des priorités, une insistance !
Les soli ce sont des principes pas des
dogmes, pas des vérités toutes faites, pas des formules magiques ; ce sont
des principes qui signifient : en tête, mis au début comme un commencement
exigeant orienté, qui donne le cap. Les soli sont des boussoles. Ce que nous devons
avoir en-tête lorsque nous résumons la foi renouvelée par les Réformateurs.
Gracia : Nous sommes chacune, chacun à égale
distance du Seigneur. Il n'y a pas des proches et des lointains, nous tous
chacun chacune en sa présence. Il est Dieu Seigneur est Sauveur pour Nous, pour
toi, pour moi. Sa grâce suffisante c’est son Amour inconditionnel manifestée
dans la personne du Christ. Nous sommes
rendus capables sans aucun mérite de recevoir d’entendre de vivre de
transmettre sa Parole. Dieu vient à nous avant que nous allions à lui. Il vient
prononcer non un jugement mais un oui sur toute existence. Il vient dire un Oui
sur nos faiblesses et nos espérances, alors que nous aimons discuter,
argumenter, préciser. Sa grâce se manifeste lorsqu’il présent là où cela est
étonnant parmi les démunis, il se fait Dieu des sans-Dieu et proches des
lointains. Sa grâce sa bienveillance à l'égard des humains est suffisante ;
elle est sola - seule - elle ne réclame
rien si ce n'est de l'accepter de la recevoir elle est inconditionnelle elle
vient de lui radicalement sans préalable ; elle est exigeante, elle coûte
la radicalité de sa vie de son Amour et de sa mort. Elle retentit pour nous dans
nos lieux les plus fermés les plus enfouis ou secret. Elle s’annonce aussi en
plein jour dans la banalité de nos vies comme au cœur de la vie du monde :
il faut peut-être apprendre à la voir l'entendre, la porter et la discerner ici
et là, dans nos communautés, dans la vie de l'église pour qu'elle en soit
changée et réformée.
Fide : c'est une confiance, un élan qui me
conduit vers une rencontre, une personne, une découverte. C'est l'ancienne
mention hébraïque de l’amen / l'Emouna qui dit une solidité, fidélité, l’assurance.
Il faudra toujours distinguer entre une foi qui est de l’ordre de la démarche
(Fides qua creditur) de la mise en toute à la suite d’un appel, celui du
disciple celui d'Abraham par ex. Et la foi comme contenu comme doctrine (fides
quae creditur) qui qui se croit elle-même celle des dogmes et des doctrines.Croire en Dieu, comme un dogme extérieur à
moi et Croire que Dieu existe pour moi par exemple, implique chez moi un
mouvement… je peux être critique sur le contenu d’une croyance sans l’être sur
la réalité du mouvement de la foi…Suis-je sommes nous en route avec
confiance ? Avec d'autres à d’autres à l'écoute d’une parole de confiance…suis-je
et sommes-nous dans la répétition la vaine redite de règles de dogmes qui me
rassurent et qui me privent de la joie de la découverte de la foi de la
confiance nouvelle et renouvelée.
Nous croyons en lui en sa Parole, il croit
en nous, en notre Église et cela nous renouvelle et nous invite à la confiance apaisée. Rien ne remplace cette foi comme démarche et
contenu : aucun rite ou rituel, aucun personnage, la démarche de la foi
est élevée ici au niveau du salut d'un moyen efficace. De l’unique possibilité
de recevoir cette grâce comme une bonne nouvelle du don du salut gratuit. Être accordé,
en relation avec Dieu, être rendu juste, justifié devant lui c’est vivre de cet
élan de la foi : le juste par la foi vivra. La foi est ici un moyen unique
par ou ma vie doit passer, le carrefour unique et essentiel. La foi nous pousse à l’action envers les
autres par exemple comme une conséquence comme une suite à donner et à vivre de
la confiance que j’ai reçue et que je fais dans la Parole de Celui qui m’aime
en Jésus Christ.
Scriptura : Les protestants, les suiveurs de
Luther et Calvin sont devenu célèbres avec cette réalité-là : la
matérialité, l’objectivité, la chosification d’un don d’une promesse. C’est le
seul « objet » parmi les Soli. Avec l’intérêt de le voir de le
prendre en main au point de le manipuler ! Dans la réalité des Ecritures
dans sa méditation, son étude, sa lecture, sa traduction, les Réformateurs vont
faire entendre le message central. Dans les Ecritures faire entendre la Parole.
L’étude va remplacer le magique, l’étude pour et par tous va suppléer aux
savoirs réservés à quelques-uns. Les croyants vont devenir des lecteurs :
ils vont apprendre à lire et à relire, seul et en communauté. C’est un acte
révolutionnaire et inacceptable pour une institution qui veut contrôler et
maîtriser. Apprendre à lire c’est devenir croyant, citoyen et libre. La
pluralité la diversité des Ecritures va stimuler la vie chrétienne et lui
apporter des exigences nouvelles : dans l’ordre de la louange (Psaumes) de
la vie communautaire, la vie ecclésiale, la découverte de Jésus comme le
Christ.
Les Ecritures sont un motif de
louange et d’exigence. Les Réformateurs vont traduire avec les outils de
leur temps les textes les livres : il nous appartient de nous mettre à
leur suite afin de ne pas figer et ne pas solidifier ou enfermer les textes
dans nos seules mentalités, nos seules compréhensions. Sola Scriptura invite au
dialogue, suscite la communauté et ne l’enferme pas. Le retour aux Ecritures
anciennes établit un lien avec les anciennes communautés de croyants et nous enracine
dans une tradition vivante de celles et ceux qui ont cru qui ont lu avant nous. Les Ecritures selon les Réformateurs ne
sont pas là pour approuver ce que nous disons ou faisons mais pour questionner
et interpeller nos vies nos actions et nos Eglises. Elles ne sont pas là pour
nous faire valoir mais pour le reconnaître Lui comme Seigneur et Serviteur dans
notre vie et dans le monde.
Christus : Après une idée une compréhension
après une réalité concrète, voici une fonction que l’on dit -christique- à
partir d’une personne, celle de Jésus compris, aimé, regardé, prié comme
Christ, envoyé, oint, reconnu dans sa proximité avec Dieu.
Concentration de notre foi et de notre
espérance sur la personne de Celui qui est raconté dans les Evangiles : il
est pour nous interpellation permanente pour notre vie et notre foi.
Christ : on pourrait comprendre tous
les soli à partir de cette réalité personnelle ; on peut aussi lire les
Ecritures et les comprendre même en regardant vers Lui ; faire finalement
une lecture christologique du corpus biblique.
Solus Christus : nous oblige à une
concentration sur l’essentiel et nous aide à ne pas nous éparpiller vers d’autres
personnages, d’autres réalités qui resteront mineures, non essentielles, non
sacrées. Christ : il est l’image, la présence, l’incarnation du Dieu
souverain et invisible. Il faudra recevoir de sa part son
originalité, sa spécificité, Lui « qui ne s’est pas prévalu de son égalité
avec Dieu » (Phil 2) et nous mettre à nous dessaisir de nos images de Dieu
à les convertir par le prisme de sa personne, de son histoire, de ses paroles
et de son action.
Solus Christus nous dit à la fois la
présence divine en lui, nous dit notre possibilité de nous tenir « devant
Dieu » coram deo, en sa présence et aussi de ressentir sa proximité comme
si nous n’étions pas loin et comme proche. Par Lui Dieu est pour nous afin que
nous soyons pour Lui.
Source inépuisable de vie et d’espérance,
il nous conduit et nous accompagne vers les autres et vers Dieu. Sa naissance,
sa vie et sa mort, nous parle de nous en relation avec le monde qu’il est venu
aimer, par-delà son temps, par-delà les systèmes politiques, les religions.
jeudi 9 novembre 2017
Inscription à :
Articles (Atom)